Le « Journal de guerre » de Paul Morand, un témoignage capital sur le rôle de Vichy dans l’extermination des juifs

A qui douterait de l’inanité historique de la théorie du « moindre mal » (en vertu de laquelle le gouvernement de Vichy n’aurait livré les juifs apatrides aux nazis à l’été 1942 que pour sauver les juifs français exigés par l’occupant et en ignorant le sort fatal qui attendait les déportés), on ne pourrait que conseiller de se reporter aux pages du Journal de guerre de Paul Morand (Tome I. Londres, Paris, Vichy.1939-1943, Gallimard, « Les cahiers de la NRF », 1028 p., 27 €) consacrées au « problème juif ». D’une authenticité incontestable, ces notations de première main révèlent un état d’esprit accablant, mêlant cynisme hâbleur, mauvaise conscience agressive et humour poisseux. Le vase clos de Vichy dans ce qu’il avait de pire.

Antisémite chevronné

C’est Laval défendant froidement sa politique en petit comité le 15 août 1942 : « L’alignement du problème juif français sur le problème juif allemand (…) ne nous coûte rien et n’a pour nous que des avantages. Le sol seul compte. »

C’est Bousquet, le chef de la police de Vichy, pérorant à la « popote » de l’Hôtel du Parc, le 31 août 1942 : « Je ne les poursuis [les juifs] que comme antigouvernementaux. Je les sonne dur pour qu’ils comprennent. J’en ai liquidé treize mille et continuerai jusqu’à ce qu’ils se calment. » Puis, réagissant à la remarque d’un collaborateur de Laval au sujet des exemptions pour certains juifs, de s’exclamer : « Dès qu’on fait une exception, tous y passent. »

Morand, antisémite chevronné (son roman de 1934, France la Doulce, a eu l’honneur d’une traduction dans l’Allemagne d’Hitler dès 1936), suggère alors qu’il faudrait empêcher toute exemption en faveur des soldats juifs de la guerre 1939-1940, car, dans ces combats contre l’Allemagne nazie, « leur intérêt s’est conjugué avec l’intérêt national » (son tour d’esprit pervers considère qu’ils n’ont aucun mérite à avoir porté les armes face à Hitler). Et la conversation de rouler sur la protestation des évêques (une demi-douzaine de prélats ont condamné publiquement les rafles de juifs) : Bousquet et Morand, indignés, égrènent les mesures de rétorsion envisageables contre l’Eglise.

Avec hargne

Le « chef de l’Etat français », Philippe Pétain, Pierre Laval (à sa droite) et le premier gouvernement du régime de Vichy, juillet 1940. arodowe Archiwum Cyfrowe/Domaine public

La popote encore, le 30 octobre 1942. Entouré de collaborateurs et de quelques ministres, Laval résume les propos qu’il a tenus au cardinal Gerlier, primat des Gaules, qu’il vient de recevoir en audience : « Vous faites votre métier en défendant les juifs et le point de vue humain ? C’est tout. Moi, je fais le mien en les chassant. »

Tel était, véritablement, l’état d’esprit à Vichy, en 1942. Il n’est alors nullement question d’une pression allemande insoutenable à laquelle il faudrait parer en désignant certaines victimes pour en sauver d’autres. Seuls sont invoqués des motifs sécuritaires, antisémites et xénophobes, avec une hargne qu’on ne soupçonnait guère, mais qui, tout compte fait, est terriblement logique. Dans le fond, Laval et Bousquet savent qu’ils prennent part à un crime : « Quant aux juifs il n’en reste presque plus. On dit à Vichy couramment qu’ils ont été gazés dans leurs baraquements », note Paul Morand, le 23 octobre 1942. Pour que leur conscience ne leur reproche rien, tout doit être de la faute des victimes, qu’il faut donc « sonner dur », « chasser »… L’antisémitisme le plus débridé était la conséquence fatale du choix de la collaboration d’Etat.

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4 Comments

    • A Gil: tout a fait de votre avis. Et c’est la deuxieme fois que je note de sa part une defense de Petain. Passons sur le fait qu’hier, il ait prononce que l’armistice etait preferable a la ruine du pays qu’aurait apportee une continuation des combats: mais il n’est pas possible d’admettre qu’il ait defini cette position sans ajouter aussitot que Petain et sa clique n’ont pas seulement choisi de cesser le combat (« le coeur serre » ?), mais ont choisi la collaboration la plus vile.

  1. Pétain ou la Putain de France
    Un gouvernement de gauche radicaux et socialistes et extrême droite pourrie
    Pétain ou l’image de la France: un pays lâche ´, pleutre, cupide et assassin
    La France aurait dû être jugé à Nuremberg pour crimes contre l’humanité et collaboration avec les nazis ayant participé ouvertement à collaborer avec les allemands y ompris par les milices en France et la division Charlemagne aux côtés des boches durant la guère de Russie
    La France est responsable de la Shoah et elle a tenté d’étouffer son rôle
    Son crime est imprescriptible et je m’étonne qu’Israël ne lui rappelle pas la mort des 75000 français juifs sans oublier les enfants disait Brasillach
    Aujourd’hui cette France anti israélienne et donc anti juive est le fer de lance de l’UE pour voter conte Israel et financer ses ennemis pour essayer de détruire Israël
    C’est toujours cette France soumise cette fois aux arabes qui ont remplacé les allemands qu’ils avaient aussi aidés avec les régiments bosniaques et albanais
    France pourrie jusqu’à la moelle et qui a été gouverné par le socialiste pétainiste Mitterand durant 14 ans comme si rien ne s’était passé : pas de regrets , ni scrupules , la page sanglante est tournée
    L’histoire de France est une histoire de meurtres permanents et ça se dit pays des droits de l’homme : quelle farce

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