La France célèbre ce mois de novembre 2020 le Général De Gaulle
Militaire ou politique, il a formé la France de la guerre et celle de l’après-guerre.
1- De Gaulle avant-guerre
Militaire visionnaire et réaliste
Militaire, De Gaulle est sous-secrétaire d’Etat à la guerre et à la Défense nationale dans le cabinet de Paul Raynaud, dernier gouvernement de la III ème république.
Il tente tout ce qu’il peut pour convaincre de l’utilité de l’armement mécanique par l’emploi généralisé des chars dans la préparation au conflit.
Le succès de De Gaulle est relativisé par l’opposition idéologique et défaitiste de Pétain, vice président du conseil dans le même cabinet Raynaud.
Créateur de la France libre
La France vaincue par l’Allemagne nazie, De Gaulle rejoint Londres pour y représenter la coquille alors vide de la France libre.
Il est hostile à l’armistice avec l’Allemagne, à la rupture des accords de défense franco-britanniques, au régime de collaboration avec l’occupant dirigé par Philippe Pétain et à la suppression du régime républicain.
Négociateur au service d’une France libérée
De Gaulle tente auprès des Alliés, principalement le premier ministre britannique Churchill et le président américain Roosevelt, de présenter à Londres la France libre comme la seule France légitime. Il la distingue de celle de Vichy, vouée à la traîtrise et à la collaboration.
La difficulté réside dans le nombre faible des moyens politiques et militaires de la France libre.
Les minimes moyens politiques sont à Londres réunis autour de De Gaulle et en France par les FFI (forces françaises de l’intérieur). Les FFI sont une coalition politique désunie et martyrisée par le régime de Pétain et l’occupant nazi.
Les moyens militaires de De Gaulle sont quasi-nuls. Ils sont pourvus par le commandement militaire britannique.
C’est dans ces piètres circonstances matérielles, politiques et militaires que De Gaulle doit convaincre les anglo-américains de l’exclusivité française qu’il représente.
De Gaulle doit lutter en petit nombre et sans influence contre les options de Roosevelt. Celui-ci et Churchill négocient avec Vichy l’établissement d’une France sous administration américano-vichyste.
CFLN
De Gaulle accepte finalement, provisoirement et à contre cœur la solution imposée par les alliés.
Il crée en 1943 à Londres et en Alger le CFLN (comité français de libération nationale). Ce CFLN réunit la France libre (général De Gaulle) et celle de la collaboration (général Giraud).
De Gaulle abhorre l’association avec Giraud. Il l’accepte comme fruit inévitable de sa négociation avec les alliés.
Le CFLN permet la poursuite des lois vichystes sur les territoires d’Afrique française du Nord (AFN) libérés par l’armée américaine, le statut des Juifs etc.. de 1942 à 1943.
Le coup de maître de De Gaulle
En un an, De Gaulle débarrasse l’Afrique du Nord française du général Giraud, représentant vichyste de Pétain en Alger et en AFN.
De Gaulle opère en trois points successifs entre 1942 et 1943.
Premier point annoncé par De Gaulle à Giraud : vous êtes le général Giraud, je suis le général De Gaulle. Vous représentez le pouvoir militaire, je représente le pouvoir civil.
Deuxième point annoncé par De Gaulle à Giraud: vous, Général Giraud, détenteur du pouvoir militaire, devez obéir au général De Gaulle, détenteur du pouvoir civil.
Troisième point imposé à Giraud: moi, général De Gaulle, dépositaire du pouvoir civil en AFN, je révoque le général Giraud, dépositaire du pouvoir militaire.
Le glissement progressif s’est opéré avec l’accord tacite des alliés, la modification des rapports de force et la perspective de la chute des nazis en Europe.
GPRF
S’ensuit la formation du GPRF (gouvernement de la république française). Ce gouvernement d’union nationale et sociale rassemble les ministres chargés de la libération nationale, de l’arrestation des traitres, de la reconstruction du pays et de la rédaction de la nouvelle constitution (IVeme république).
2- De Gaulle après-guerre
Mécontent de la réapparition du régime des partis, De Gaulle se retire de la scène nationale et politique.
Son génie stratégique lui a permis de hisser la France au rang des vainqueurs de la guerre à égalité avec les Alliés.
La France participe à la fondation de l’ONU.
Elle siège avec les puissances victorieuse (Chine, URSS, USA, Royaume-uni) au conseil de sécurité de l’ONU.
Il y revient sur la scène publique à la défaveur de la guerre d’Algérie qui pointe en opposant les Français d’Algérie à son indépendance.
Leurre
Il utilise ses réseaux politiques pour leurrer les français d’Algérie. Il leur promet ce qu’ils souhaitent entendre et qu’il ne tiendra pas. La guerre des civils se termine par leur exode en métropole.
Chef de l’Etat
De Gaulle fait voter la constitution de 1958 (Veme république). Il est élu président de la république par les parlementaires puis par le peuple.
En Afrique
Il concède les indépendances africaines dans le cadre temporaire de l’Union française et en utilisant la loi cadre de Gaston Deferre.
Au Moyen-Orient
Après avoir soutenu Israël dans son combat pour la survie, De Gaulle rompt avec l’Etat hébreu à l’occasion de son initiative de défense nationale de 1967.
De Gaulle reproche essentiellement à Israël de ne pas l’avoir consulté!
Il se permet un jugement public antisémite sur les juifs.
Malgré la virulence de ses vues, De Gaulle ne rompt pas ses relations avec Israël.
Il isole Israël à l’ONU et sur la scène internationale. Il presse avec succès l’Afrique de rompre les relations diplomatiques avec Israël. Il associe la France aux initiatives diplomatiques hostiles à Israël quand il ne les conduit pas lui-même. Il crée une situation dont les effets lui ont perduré.
Les stabilités progressives d’Israël ont contourné puis dominé cet isolement.
La politique d’isolement, d’hostilité, de soutien aux adversaires de l’Etat hébreu s’est révélée au fil des ans inaffectives envers Israël et inefficaces envers la France.
Grand écart
Ce survol sommaire de la vie politique et militaire de De Gaulle est incomplet. Il permet de distinguer deux personnages.
D’une part, le De Gaulle visionnaire, stratège, vainqueur, restaurateur des libertés et de la souveraineté.
D’autre part, le De Gaulle intrigant, démocrate autoritaire, idéologue et finalement réaliste jusqu’au cynisme.
Pierre Saba
Grand stratège plus théorique que pratique, ambition démesurée, ego surdimensionné, opportunisme de bon aloi. On aurait pu citer aussi l’affaire Ben Barka qui l’a pris de court alors qu’il était déjà président de la Ve république et qui n’est pas étrangère à sa rupture avec Israël, ou l’affaire des vedettes de Cherbourg qui a mis sa fierté à rude épreuve. Cela dit, c’était un personnage historique, façonné par son époque, un de ceux que l’histoire nous offre de temps en temps. A quand le prochain ?