BioNtech, la start-up devenue l’espoir de la lutte contre le Covid-19

À l’image de ses fondateurs, deux médecins, enfants d’immigrés turcs, l’entreprise de biotechnologie BioNtech a connu un parcours exceptionnel. Elle pourrait livrer les premiers vaccins contre le Covid-19.

Qui ne connaît pas encore BioNtech ? Depuis l’annonce lundi de « l’efficacité à 90 % » de son candidat-vaccin contre le Covid-19, développé en collaboration avec le géant américain Pfizer, cette entreprise allemande de biotechnologie basée à Mayence est l’objet de tous les regards.

Photo: Armin Kübelbeck, CC-BY-SA, Wikimedia Commons

Son cofondateur et directeur général, Ugur Sahin, a choisi un ton retenu pour confirmer les résultats très encourageants des recherches en cours. « La première analyse intermédiaire de notre étude mondiale de phase 3 fournit la preuve qu’un vaccin peut prévenir efficacement le Covid-19, a-t-il expliqué sobrement. (…) C’est une victoire pour l’innovation, la science et l’effort de collaboration mondiale ».

Des parcours exceptionnels

Cette retenue est habituelle chez Ugur Sahin, médecin chercheur de 54 ans, au physique mince et à la voix posée. Son parcours et celui de sa compagne – tous deux enfants d’immigrés turcs – sont exceptionnels. Ugur Sahin avait 4 ans lorsqu’il a rejoint l’Allemagne et son père, ouvrier chez Ford. Son baccalauréat en poche, il devient oncologue et se passionne pour l’immunothérapie qui consiste à stimuler les défenses immunitaires.

En 2001, avec son épouse, Özlem Tureci – elle aussi médecin et fille d’un stambouliote immigré à Osnabrück – ils créent leur première entreprise de biotechnologie, Ganymed. Ils la revendront en 2016 pour 422 millions d’euros. Entre-temps, en 2008, ils fondent BioNtech avec le but de « révolutionner les thérapies contre le cancer » comme l’expliquait fin octobre Ugur Sahin, à une chaîne de télévision régionale.

Si les résultats en la matière se font attendre, BioNtech est bel et bien passée du statut de start-up à celui de société cotée au Nasdaq, l’indice technologique de la Bourse de New York. Lundi, sa valeur boursière dépassait 25 milliards de dollars, soit trois fois plus que le groupe aérien Lufthansa.

Le projet « vitesse de la lumière »

Avec la pandémie de coronavirus, BioNtech a pris un risque. À la mi-janvier, alors même que la Chine n’avait pas encore officialisé l’existence de l’épidémie, Ugur Sahin lance un projet appelé « vitesse de la lumière », destiné à développer le plus rapidement possible un vaccin contre le Covid-19. Conscient de ne pas avoir les reins assez solides, il s’associe en mars au chinois Fosun et à l’Américain Pfizer.

« Nous avons la technologie mais nous avions besoin de partenaires pour effectuer l’étude clinique de grande ampleur et pour assurer la distribution du futur vaccin », rappelle Ugur Sahin. « Depuis le départ, il était clair que ce projet était le nôtre, mais que nous le développerions avec Pfizer. »

50 millions de doses d’ici à la fin de l’année

L’annonce lundi de l’efficacité du candidat vaccin ouvre de nouvelles perspectives. BioNtech et Pfizer comptent demander d’ici à la fin novembre une autorisation d’utilisation d’urgence de leur produit, aux États-Unis et se disent capables de produire 50 millions de doses d’ici à la fin de l’année. Lundi 9 novembre, la Commission européenne a par ailleurs confirmé un accord avec ces deux entreprises pour l’achat de 200 millions de doses du nouveau vaccin. Les États-Unis en ont déjà réservé 100 millions.

Quid en revanche de la recherche contre le cancer, à la base du travail de BioNtech ? En octobre, Ugur Sahin reconnaissait avoir « perdu du temps » en la matière par manque de candidats pouvant participer à des études pendant la pandémie. « Mais si nous réussissons à développer un vaccin (contre le Covid), cela accéléra notre travail pour le cancer » estimait-il, optimiste.

Source La Croix

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