Rémi Richelet. La laïcité est anticléricale. Elle est le but et le moyen. Elle est le droit et la liberté. Elle est l’arme et le bouclier

Comme c’est dimanche, et qu’on est encore confinés, confiné light mais confinés quand même, je vais en profiter pour faire la lumière sur un glissement dangereux.

Déjà au préalable il faut expliquer quelques petites choses.

La France est une république laïque. Elle refus(ait)e que dieu et ses représentants ne gèrent des pans publics de la société, de la politique, du droit. La laïcité c’est la stricte séparation entre le pouvoir public de l’État et le pouvoir privé qu’est le culte. La République ne s’occupe que des individus, et ne doit pas reconnaître le culte comme une entité publique. La foi, la croyance, la pratique cultuelle, ne sont pas des opinion publiques. Ce sont des opinions privées qui peuvent être exprimées publiquement dans le cadre de la loi à la condition qu’elles revêtent un caractère individuel. Dès lors que cette opinion privée est organisée, et dirigée par et vers un groupe spécifique, elle revêt un caractère cultuel et sort du champ de la croyance individuelle, ou de la foi.

Au moment où cette organisation collective vise à parler à la société, à la politique, au droit, elle outrepasse son droit.

Le citoyen français, en matière de culte, n’est représenté que par les élus de la République, et uniquement par eux. Absolument pas par des évêques, des imams, des pasteurs ou des rabbins, qui eux représentent dieu et sont éventuellement des psychopompes auprès de leurs ouailles et fidèles.

D’un point de vue strictement laïque, il n’y a pas de syndicalistes des âmes

D’un point de vue strictement laïque, il n’y a pas de syndicalistes des âmes qui puissent parler en lieu et place des citoyens croyants auprès des instances républicaines. La parole du bigot en matière de bigoterie ne regarde pas la République. Elle n’a pas vocation à être représentée par un  »chef » religieux qui viendrait demander une modification du droit, de la société, via la politique.

Ce n’est pas parce que ça se fait régulièrement depuis des années que c’est philosophiquement acceptable.

Pire, j’affirme, moi, que cette déviance républicaine est la cause de tous les maux dont nous subissons les symptômes.

Entretenue de longue date par l' »observatoire de la laïcité », la représentation des cultes par des objets cléricaux, et la possibilité de dialoguer, de négocier, de peser, sur les élus représentants des citoyens, sous l’appellation « vivre ensemble » est le danger à courte échéance maintenant. Si il a été prévu, en 1905, par la représentation nationale, une stricte séparation entre l’État et le culte, et par des élus majoritairement croyants, c’est justement pour qu’il ne reste que la liberté du citoyen, et non un droit collectif lié à l’organisation du culte.

Clairement, la laïcité est le renvoi ferme des clergés et de la forme collective de l’expression du culte à une opinion privée délimitée par le livre de police de la loi de 1905.

« L’église chez elle, et l’État chez lui » « le cléricalisme, voilà l’ennemi! »

En 1850, Hugo disait « L’église chez elle, et l’État chez lui ». C’est cette maxime qui a permis la séparation de l’état d’avec les clergés, mais permis aussi de décréter la liberté individuelle du citoyen croyant.

De la même façon, Gambetta disait en 1877, « le cléricalisme voilà l’ennemi! », nommant la plaie qui réduisait le croyant à une sous-catégorie de citoyen sous la coupe de représentants du culte.

Ces deux sentences doivent être remise au goût du jour. Non pas que la laïcité ait changé, ni que la vision républicaine ait été modifiée, ni que le texte de la loi de 1905 soit dénaturé par l’âge. Au contraire même. La laïcité redevient, particulièrement en 2020, la solution. Le président Macron a souhaité renouer les liens avec les cultes dans une logique concordataire, au nom d’un respect qu’il faut bien qualifier d’anti-républicain, d’une pseudo neutralité de l’État en lieu et place de la séparation.

Sous la direction technique de l’observatoire de la laïcité, la séparation est en train de mourir, non pas dans le texte et la philosophie de la loi, mais dans les faits! Les cultes sont convoqués régulièrement par l’État, en matière de bioéthique, de Covid, de gestion cultuelle, et les cultes s’invitent régulièrement dans les débats publics, via des associations douteuses, chargées de contourner le principe de séparation entre l’État et le culte.

Le danger est là, surtout lorsque que l’État s’ingère dans l’organisation des cultes comme il l’a fait avec le CFCM, l’AMIF.

Le strict rôle de l’État est de contrôler l’organisation cultuelle, les paroles, les actions, afin qu’elles s’inscrivent dans une logique privée, tout en conservant la citoyenneté à tous les individus affiliés aux cultes et en respectant leurs droits à la pratique cultuelle.

Or, depuis de nombreuses années et particulièrement depuis l’élection du président Macron, les cultes sortent dans le débat public sans être renvoyés à leurs églises.

Exemple intenable à Conflant ste Honorine, où le climat de permissivité a permis à un représentant auto-proclamé de la  »communaute musulmane » de discuter d’égal à égal avec l’État, en la personne de la proviseur de l’établissement. Au nom sûrement du  »vivre ensemble », du mythe de la  » neutralité de l’État », et de la perception que l’expression de la croyance est une opinion publique. Elle ne l’est pas !

La reconquête républicaine doit passer par la laïcité et la réaffirmation de la séparation entre l’État et l’opinion privée cultuelle! Partout et en toutes heures, dans toutes les actions publiques, et jusqu’au dernier fonctionnaire du plus petit village.

La reconquête républicaine doit passer par la remise en cause de tous les partenariats publics, avec les clergés, les communautés, les clercs en tout genre, les associations convictionelles planquées sous le statut  »loi 1901 ».

La reconquête républicaine doit passer par le renvoi de toutes actions des cultes à visée publique aux endroits dédiés que sont les églises de chacun des cultes: il faut contrôler fermement que la politique ne s’invite pas dans ces lieux de prières. Y compris dans les instances cléricales de chacun des cultes, et dans les instances  »pseudo représentatives » qui ont pris leurs quartiers dans les médias et dans les formations politiques.

Oui en 2020, le texte de 1905, rehaussé de celui de 2004, est la solution rapide de contrôle de la parole politique religieuse.

Replaçons l’État et le droit public en majesté

Il convient de rénover les termes du livre de police de la loi de séparation entre les églises et l’État, d’ajuster les peines encourues et les sommes pénales à 2020, et d’appliquer aveuglément les règles plus que centenaires d’une loi qui confère au citoyen une liberté de conscience individuelle intégrale, contre l’organisation collective de la croyance, et qui place l’État et le droit public en majesté face à l’embrigadement, au prosélytisme, aux déviances radicales, et aux alliances cléricalistes qui sont à l’œuvre dans ce pays.

Il faut l’admettre, il y a une alliance objective des cultes pour peser sur la liberté en 2020.

Pour faire cesser cela, il faut que les clergés rejoignent les églises, que l’État défende les citoyens au titre de la liberté de conscience en séparant clairement et fièrement l’action publique d’avec les lobbys religieux où qu’ils se cachent.

C’est le seul moyen légal. La laïcité est anticléricale. Elle est le but et le moyen. Elle est le droit et la liberté. Elle est l’arme et le bouclier. Elle est! Maintenant!

© Rémi Richelet

Rémi Richelet est Président de l’association Esprit Laïque, association de défense de la loi 1905. Esprit Laïque soutient toutes actions visant à défendre la laïcité et la liberté de conscience.

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1 Comment

  1. Le cléricalisme est évidemment l’ennemi de la République; l’anticléricalisme était l’ennemi du cléricalisme, il ne fut jamais l’ennemi de la foi catholique, corrompue par les soutiens croisés du pouvoir politique et de l’Eglise.
    Le pape François a condamné le cléricalisme comme une HERESIE. Il reste malheureusement des extrémistes politiques qui n’hésitent pas à travestir la foi pour servir leurs passions politiques et servent ainsi d’autres extrémismes religieux fondés sur le cléricalisme.
    Le Judaïsme sert le Catholicisme en lui faisant retrouver ses racines, en l’aidant à lutter contre le paganisme. Il devrait servir les Juifs en les écartant d’un intégrisme sioniste qui ne sert pas l’héritage sioniste mais s’est transformé en haine stérile anti-musulmane.

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