Bon
Vendredi
Chabbat
Chabes
Inutile de faire un résumé des épisodes précédents.
Vous avez tous suivi.
Après la soirée ratée du Don Camillo, je poursuis ma petite vie, lycée Montaigne et ses fils de célébrités, cinémas, je découvre Godard, Polanski, Kubrick, Antonioni, Verneuil, Dennis Hopper, Melville, Visconti, Billy Wilder, l’effervescence créatrice donne le vertige, boums, discussions sans fin dans les cafés de Saint Michel, Steinbeck, Faulkner, Roth, Bellow, Malamud dévorés avec goinfrerie, le bon Dieu a fait des journées de 24 h, où avait-il la tête?
Je conduis ma petite Fiat verte à fond la caisse dans un assourdissant raffut, je porte des pantalons et des mini robes, je fume, sans avaler la fumée qui me fait tousser, je parle, je ris, je séduis, je tombe, je me relève, je tourbillonne, je virevolte, je voltige…
Sonnerie du téléphone.
Le frère de ma collègue Renée, celui du Pimm’s et du Don Camillo, fête son anniversaire et aimerait bien que…
Quand ?
Samedi.
Bah… Pourquoi pas ?
Mes parents ont gardé un silence discret après la soirée, et Renée a fait comme si elle n’avait pas existé.
Un anniversaire ?
Bon.
Et comme je suis futée et drôle je lui offre un 33 tours de Leonard Cohen.
Leonard Cohen !
Vous avez compris l’astuce ?
Pas lui.
Il sait même pas qui c’est.
Mais il remercie, me présente son patron, ses potes, m’invite à danser, la la laire, m’invite à dîner le samedi suivant, l’affaire est pliée.
Pas vraiment.
Le restaurant est élégant, je sors mon paquet de clopes et au moment où j’approche le briquet, il pose la main sur mon bras.
Non.
Quoi ?
Non. On ne fume pas le Chabbat.
Il n’est pas très tard en cette douce soirée de juin, un doux soleil de fin de journée lèche la vitre près de laquelle nous sommes assis…
Chabbat finira avec l’arrivée de la première étoile.
C’est le début d’une longue initiation théologique, Papa a rayé la religion de ses préoccupations essentielles, Dieu tricotait pendant que sa famille brûlait à Auschwitz, je découvre Baroukh Hachem et Oh !! Non ! C’est péché !
Bon.
Je repose la cigarette, un sourire dévastateur me remercie, il choisit un poisson, Je mange cacher, pas de viande à l’extérieur, c’est quoi cacher ?
C’est plus un dîner galant, c’est un cours de catéchisme.
Enfin …juif, quoi…
La suite est un peu personnelle mais n’ouvrira pas le livre de contes ils furent heureux bla bla…
Enfin…
Pas tout de suite…
Car l’affrontement de deux cultures, deux mentalités, deux origines, deux histoires – la grande et la petite- deux visions du monde, deux projets, deux modèles, deux approches d’un féminisme proclamé pour l’une, inintelligible pour l’autre, lacèrera le lien en germe et retardera la réalisation de la maquette planifiée du frère qui en concevra quelque amertume et incompréhension quand je prendrai mes jambes à mon cou pour me tirer en Angleterre en lieu et place des vacances programmées ensemble. Quand il m’annonce que son copain Jo nous accompagnera.
E basta cosi.
Pour me venger et l’encourager à regarder ailleurs, je ferai épouser à Jo une de mes copines, dont j’ignorais le talent de docteur es enfer conjugal. Une experte…
Enfin…
Paul ne s’avouera pas vaincu, ce qui est une de ses marques de fabrique.
Paul c’est le frère…
Moi j’accompagne des élèves français à Brighton, et comme un berger éperdu, je cours récupérer mon morceau de cheptel égaré éparpillé dans la ville pour cause de conduite à gauche.
Ils prennent l’autobus dans la mauvaise direction, malgré mes explications claires et réitérées, et peinent à valider cette spécificité…
Bon. Il y a une suite à cette histoire accidentée, car le frère est très pressé ou très amoureux, en tout cas il n’a pas de temps à perdre avec les palinodies d’une ashkénaze sujette aux vapeurs…
Vous dites si vous voulez la suite…
Que cette journée de Chabbat solitaire apporte au moins la réponse à une de nos interrogations :
C’est plié pour Trump ?
A git chabes
Chabbat Chalom
Je vous embrasse
© Michèle Chabelski
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