Ils sont formidables….
Ils ont donc, après trois nuits de consultations tendues et l’interrogation d’experts convoqués en urgence découvert qu’il était rare de pouvoir acheter chez Leclerc son N°5 de chez Chanel, son rouge à lèvres Givenchy, son fond de teint Lancôme.…
En revanche pour le petit carré Hermès et le sac à main Longchamp, ils ne sont pas encore certains: il se pourrait bien qu’on pût acheter cela chez Casino ou à Monop à Pantin entre les raviolis au boeuf hallal, la bolognaise cachère et le jambon de Parme sous cellophane….
Et puis pour la cuisinière Miele dernier cri, la chaîne Bang & Olufsen, le réfrigérateur Vzug Suprême, ils ont l’air d’être persuadés qu’on peut trouver ça au Prisu sans problème au rayon à droite en entrant entre la Javel, le savon noir à récurer le sol et les serpillières.
Pour la collection Harlequin, après consultation de quelques énarques il fut évident qu’on devait en interdire une vente qui ferait concurrence à Tschann, à la Librairie Lamartine et aux Presses Universitaires de France.
Et puis pour les chocolats à trois balles venus de Chine, les poupées en plastoc, les Père Noël en chocolat, les fruits confits Auchan pour madame Irma, l’avion merveilleux Morocco Air Lines, le Lego qu’est pas du Lego, la trottinette qui se dévisse, le ballon de rugby en mousse, la dînette en plastique moulé, et la déco de noël made in India, ben là, ils n’ont eu aucune hésitation: pas question de laisser les pauvres acheter comme d’hab les joujoux de leurs gosses au Leclerc, on va pas faire concurrence à l’Ourson bleu, au Paquebot Normandie, ni au Bon Marché – enfin!
Pour les petites culottes Dim à cinq pour trois balles, le tampon périodique et le préservatif quotidien, ils ne sont pas non plus parvenus à déterminer si les femmes de ménage , les chauffeurs livreurs chez fibrociment, ou les caissières de supermarché achetaient cela normalement au Prisu ou chez Hermès.
© Jacques Neuburger
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