Un sondage Odexa, publié vendredi dans le Figaro, indique que 70% des personnes interrogées sont satisfaites du « reconfinement ». A la lecture de cette enquête, la première image qui vient à l’esprit est celle d’un troupeau servile, acéphale, bêlant de lâcheté, prêt à renoncer à sa liberté et à son honneur, à sa dignité la plus élémentaire, se soumettre à n’importe quel ordre bureaucratique, privé de discernement et du moindre esprit critique face aux mensonges avérés et aux manipulations les plus flagrantes et les plus évidentes, indifférent à la destruction de son économie, du tissu de ses entreprises, de ses librairies, ses restaurants, de ses emplois et de ceux de ses enfants. Il n’est pas le seul d’ailleurs: l’immense majorité des maîtres penseurs et des commentateurs de la radio et de la télévision marchent au pas, petits soldats de la pensée unique alignés sur la tyrannie de la peur. Le climat général est à la soumission, la servilité, une lâcheté telle qu’on ne pouvait même pas la soupçonner.
Et puis on se rassure. Le même pourcentage, voire mieux, ou pire, aurait sans aucun doute approuvé les accords de Munich du 30 septembre 1938 qui ouvrent la voie de la seconde guerre mondiale ou l’armistice du 21 juin 1940, ces deux fautes gigantesques que l’histoire s’est chargée de châtier. Rien n’est plus versatile, instable et imprévisible qu’une opinion publique. Le 26 avril 1944 une foule gigantesque, des centaines de milliers de Parisiens- les historiens ne le disent pas assez mais les photos et films en témoignent – acclamait Pétain à Paris sur le parvis de l’hôtel de ville et dans les rues tout autour avant de lui faire un triomphe dans les avenues de la capitale. Puis, le 25 août 1944, la foule, sans doute la même en grande partie, se retrouvait sur les Champs Elysées pour acclamer de Gaulle et la Libération et un an plus tard, Pétain était condamné à mort à la satisfaction générale. L’opinion est une foule virtuelle, mesurée par les sondages. Elle est prête à basculer, s’enflammer à la première étincelle. Voilà pourquoi les sondages réalisés à chaud n’augurent absolument rien de l’avenir.
© Maxime Tandonnet
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