J’ai eu besoin de rouler, rouler. J’ai roulé 3 heures. J’ai arpenté Paris… Et j’avais en tête cette phrase « Rallumez rallumez les lumières de ma France… » Quand je ne vais pas bien, tout me ramène à la Seine. J’ai pensé à cette femme à Nice, agonisant dans son sang, dont les derniers mots étaient « Dites à mes enfants que je les aime. »
Au nom de quel Dieu, de quel diable peut-on tuer ? Je suis arrivée sur mon Pont des Arts et mes larmes ont rejoint l’eau de la Seine. Je crois que j’avais besoin de craquer… Pour plein de raisons…
Une femme très élégante s’est arrêtée. Elle était avec son fils. Elle m’a demandé pourquoi je pleurais autant…
J’ai essayé de lui expliquer ma colère, ma tristesse, mon incompréhension également. Elle m’a raconté son grand frère, son père exécutés pendant la Shoah Elle m’a tendu un mouchoir et m’a dit: « Faut avoir la beauté insolente face à tout ça mon petit « Essuyez vos yeux. » Vivez. C’est le meilleur pied de nez que vous puissiez leur faire... »
Elle a continué en ajoutant des phrases comme « Sortez, aimez Paris, aimez des hommes, faites la fête… Moi, ça m’a pris des années… Ils ne m’ont pas eue »
Son fils a immortalisé ce moment. Elle n’a pas accepté que je la prenne en photo…
Elle s’appelle Esther et ça me rappelle une discussion avec mon amie Clyde. Et on s’est dit au revoir…
Et elle a disparu dans Paris.
En rentrant, je pensais aux rencontres que je faisais, aux événements que je vivais et je me disais que c’était presque surréaliste. Je préfère croire en ces rencontres fugaces mais terriblement puissantes. Dignes d’un roman.
Je préfère croire en la Vie
Je préfère croire en l’Amour
Je préfère croire en l’Instant.
Ils ne gagneront pas… Nous sommes la France des terrasses, la France des concerts, la France de Jean Moulin, La France de Doisneau et celle de Cabu.
Le Haïm!
A la vie!
© Stéphanie Zitoune Isidor
