Cette année, c’est la célébration du 10ème anniversaire -le 14 octobre 2010- de la disparition du penseur, intellectuel, le professeur et le visionnaire algérien Mohammed Arkoun. Une sommité internationalement reconnue. Ce réformateur de la pensée islamique enseigna à la Sorbonne Paris-III et développa une discipline “L’islamologie appliquée“. Mohammed Arkoun est considéré comme l’islamologue contemporain le plus important et éclairé. Il prônait une refondation humaniste et scientifique de l’islam.
Les idées novatrices, avant-gardistes et visionnaires de Mohammed Arkoun dérangeaient. Ce qui engendrera des inimités et férocité à son endroit parmi les détracteurs, alors qu’il a révolutionné la pensée islamique mondiale.
Pour exemple, l’incident qui émailla le séminaire portant sur la pensée islamique et s’étant tenu en 1985 à Béjaïa: L’imam égyptien Mohammed Ghazali, alors prédicateur officiel et cathodique chargé de l’islamisation, le prosélytisme et de la propagande islamisante par le pouvoir en place (sous le régime de Chadli, peut-être pour un éventuel scénario, une alliance militaro-islamiste), avait rudoyé publiquement l’invité et conférencier Mohammed Arkoun. Ce qui poussa l’islamologue à quitter la salle non sans lâcher ceci à l’assistance, selon Mme Touria Yacoubi Arkoun (in El Watan du 2 février 2014): “En islam, nul n’a le droit ni la légitimité d’exiger d’un autre musulman de prononcer la chahada, pas plus de l’excommunier.” (en arabe châtié).
Mohammed Arkoun continuera à participer à ces rencontres jusqu’en 1988. Il a su répondre à des détracteurs par des arguments scientifiquement fondés. Mohammed Arkoun s’exilera par la suite au Maroc, à Casablanca où il fut célébré et très respecté. Si vous allez visiter les librairies de Rabat et Casablanca, vous découvrirez que le best-seller indéboulonnable, c’est le philosophe Mohammed Arkoun.
Il était convié de partout dans le monde pour donner des communications à Fès, Tanger, Marrakech, Carthage, Doha, New Delhi, Milan, Venise, Oxford, New York, Washington, Denver, Moscou, Oslo, Aman, Mossoul…
A sa disparition, son épouse, Mme Touria Yacoubi Arkoun, indiquera dans El Watan du 2 février 2014 : “Le souhait d’être enterré au Maroc était absolument le sien, je le répète encore une fois”.
Funérailles grandioses
Le Maroc organisera des funérailles grandioses en son honneur. L’auteur de Histoire de l’islam et des musulmans en France, La Construction humaine de l’islam, Lectures du Coran, Humanisme et islam, Penser l’islam aujourd’hui (Alger, 1993), ou encore The Unthought in Contemporary Islamic Thought ou encore Quand l’islam se réveillera, Mohammed Arkoun, a été le récipiendaire de nombreux prix et décorations : Palmes académiques, Chevalier de la légion d’honneur, Officier de la légion d’honneur, Docteur Honoris Causa à Exeter, Prix Giorgio Della Vida, à Los Angeles, Prix Doha pour la culture ou à tire posthume, Prix Al Idrissi à Palerme, Prix Izefran, trophée pour la promotion des droits de l’homme, à Rabat (Maroc, le 18 juin 2012).
Bref, le grand Mohammed Arkoun, le chantre du dialogue interreligieux avec les peuples, celui qui œuvrait pour la tolérance, la paix et surtout pour un islam véhiculant des valeurs universelles de paix et non obscurantistes et jurassiques, est encensé ailleurs mais ostracisé en son pays.
Il ne mérite pas cela. A méditer. Pour ceux qui voudraient plonger dans l’univers du penseur Mohammed Arkoun, une mine d’or se trouve au site officiel de la Fondation Arkoun(www.fondation-arkoun.org) tenu par sa veuve Mme Touria Yacoubi Arkoun qui met à la disposition du grand public le précieux héritage, et ce, gratuitement.
La Fondation Mohammed Arkoun pour la paix entre les cultures résume le but suprême du regretté Mohammed Arkoun.
Source: El Watan. 20 octobre 2020
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