Tribune Juive

Michèle Chabelski. Samuel Paty

Samuel Paty

Bon Samedi

On pleure les restaurants et les cinémas perdus… Pour une durée limitée, dit on.

On devrait sangloter, hurler sa révolte et sa douleur sur la liberté perdue… Un professeur d’histoire géographie a été décapité parce qu’il enseignait la liberté d’expression à ses élèves en décodant les images des caricatures de Mahomet.

On croit toucher le fond. Le fond est toujours plus bas qu’on l’imagine en fait… Mais la noblesse de l’enseignement, la grandeur de son essence qui est de faire de nos enfants des citoyens libres capables de réfléchir et de débusquer la vérité derrière les apparences vient d’être torpillée par l’obscurantisme, l’arriération mentale, la béance cérébrale d’une bestiole immonde à visage humain…

Ce que la religion a de plus primitif dans la haine de l’autre s’incarne avec éclat dans cette abjection sans nom. L’assassin a été tué par les forces de l’ordre qu’il menaçait…

Dans certains quartiers, les professeurs d’histoire se sont vu interdire l’enseignement de la Shoah qui provoquait des convulsions dans les classes aux élèves biberonnés d’antisémitisme…

Ces caricatures coûtent la vie. C’est la liberté de pensée et d’expression qui est froidement assassinée, incarnée par un enseignant qui croyait naïvement en sa mission de transmettre la nécessité de réfléchir et de vivre debout, les yeux ouverts. Sur la terre française.

On a fermé les siens au nom … Au nom de quoi d’ailleurs… L’adoration vénéneuse d’une prétendue force suprême pousse des calebasses vides à tuer. On est en plein cauchemar… Assassiner la liberté d’expression est le propre de créatures lobotomisées asservies au culte d’une prétendue religion d’amour…

Guy Konopniki proposait à tous les rédac-chefs de publier en Une les caricatures incriminées au nom de la liberté d’expression… Il a raison. La guerre doit être clairement déclarée à ceux dont la tête encagoulée vibre au rythme de l’endoctrinement meurtrier…

On ne peut demander de sanction exemplaire pour l’assassin. Les policiers l’ont jugé. Il rendra des comptes à son dieu miséricordieux. Ou pas.

On ne peut plus trembler d’imposer cette dystopie à nos enfants qui devraient choisir entre la vie et la liberté … Il est déjà bien tard…

L’humour m’a désertée ce matin. Ne restent que l’écœurement et l’effroi … Le professeur sacrifié s’appelle Samuel Paty…

Que cette journée signe un peu de gaité dans la grisaille qui ombre notre quotidien en ce moment.

Je vous embrasse

© Michèle Chabelski

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