Un hachoir, un couteau de cuisine feront l’affaire. Ça n’arrête pas. Ça devient d’un banal indicible. Ça leur prend soudain. Pour un mauvais regard. Une jupe trop courte.
Je ne vous parle même pas de l’insolence d’une Mila.
Ou de ce collègue qui, comme nous tous aurions dû faire, a parlé de blasphème. Etudiait-il Dom Juan. Faisait-il un cours sur Diderot. Était-il prof d’histoire. A-t-il seulement, abordant la liberté d’expression, voulu faire réfléchir ses élèves sur le sujet tabou. Les Caricatures.
Ce sont les vacances ce soir.
Un autre, comme dans un mauvais film, quelque paumé, illuminé, a dû oh non pas avoir en mains la Gazette qui distille les consignes d’AQMI: il a dû juste en entendre parler. Mais où donc a-t-il pu entendre tout ça. Qu’il fallait tuer les infidèles. Là. De suite. Peu importait le lieu.
Les a-t-il seulement vues, lesdites caricatures ? Les accusés du procès en cours ni ne lisaient Charlie, ni n’avaient jamais eu en mains quelque dessin. C’est peut-être ça le pire pour ceux qui restent: avoir devant soi une bande d’incultes qui a suivi l’ami de l’ami de l’ami de l’ami, la chose conduisant à se retrouver devant la Cour d’Assises, l’air ahuri : Ils savent pas. Ils comprennent pas pourquoi ils sont là.
Ainsi, il suffit qu’au sein d’une phrase soit inséré le mot « prophète« .
La suite, concernant le Professeur majuscule assassiné ce soir, on la sait déjà :
Les chaines télé en continu vont devoir lâcher le couvre-feu pour trouver la petite amie, le père ou le voisin du barbare. Les experts vont nous gaver à coups de lumpen et low-cost terrorisme.
Ce soir un Enseignant égorgé. Un barbare abattu. Le Parquet antiterroriste saisi.
C’est qu’à force on a pris le pli.
Pour info, ce même jour, au sein de la Cour d’Assises, le principal accusé du procès dit des attentats de janvier 2015 a bien menacé, en plein tribunal, une enquêtrice: « Tu vas le payer! », a crié celui qui fit le show depuis le début mais qui ne fait décidément plus rire personne.
Et lorsqu’ils quittèrent le Tribunal, tous auront appris la nouvelle. La barbarie qui a tué un de nos professeurs. Tué pour avoir parlé avec ses élèves de ce qui devrait être au coeur de « tous » nos cours: mort pour avoir voulu éduquer ses élèves sur ce qui fait la France.
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