Michèle Chabelski. Les « boites plastique »de fin de repas, ce rite juif essentiellement féminin

Bon
 Mercredi

   Mes amis sont aimés en fonction de cet immatériel élan qui choisit à ma place et me plonge dans un bain irrationnel où l’émotion guide mes pas vers telle ou telle autre personne…

 C’est dire s’ils sont différents en termes d ethnie, de couleur, de religion…

  Mais je dois avouer qu’ils sont majoritairement juifs .

  Repli communautaire, hasard, longue route parcourue ensemble depuis de nombreuses années, il m’arrive souvent de partager des moments de convivialité dans des milieux juifs.

Et aussi bien évidemment dans des cercles non juifs.

 Eh bien, je suis capable aujourd’hui d’affirmer la différence majeure entre les deux univers.

Les « boites plastique » qui signent … le départ

  C’est « la boite plastique » de départ.

   Explication :

     On a partagé un dîner fin, chaleureux, une conversation brillante, parfois houleuse, des fous rires libérateurs, des anecdotes savoureuses, tragiques parfois, refait le monde, yaka, zonka,  Qui mérite cette folle de mairesse, les élections à la française, ça va encore être un match Macron/ Le Pen, les élections américaines, Trump est foutu, le masque m’étouffe, le vaccin arrive, Pasteur et rien d’autre, on fait comment pour Noël…

  Du classique
  Du tout – venant

    Et puis quelqu’un regarde l’heure- Ouhhh, il est tard, au revoir, merci, j’appelle un Uber, je vous raccompagne?

On se presse à la porte, Je vais descendre à pied, Salut, A bientôt, Je t’appelle, Va voir Truc, Je t’assure il est génial… Encore merci, c’était délicieux et ton cousin un amour…
On ne s’embrasse pas, on échange des sourires radieux, quelle belle soirée…


   Dîner dans un cercle majoritairement juif…

   Les mets sont nombreux, parfumés, épicés, un peu gras, roboratifs, ils électrisent les papilles et réjouissent le coeur et la mémoire, Ma mère faisait les mêmes, Moi c’est ma belle mère, c’est normal elle est séfarade, J’ai gardé le palestiner top de ma grand mère, Ce foie haché est une tuerie, Ah! Ça s’appelle un nikitouche? C’est délicieux !, Mon grand père était de Tlemcen, Le mien d’un petit village près de Lodz, mais je ne l’ai pas connu, Trump est pas mal pour Israël, et Biden, t’en penses quoi? Hein? T’as acheté un vélo?
J’étouffe sous le masque, on va assister à un nouveau duel Le Pen/ Macron, Je n’ai pas vu mon  fils qui vit en Israël depuis plus de six mois

Oupsss
 Il est tard

    On va prendre congé…

Attendez!!!!

   Vous avez vu tout ce qui reste?

      Je ne vais pas garder tout ça! Vous allez en emporter un peu chez vous!!

  Et là…
   Là…

La valse des « boites plastique » dans … la cuisine

    Commence la valse des « boites plastique » dans la cuisine, on vide des marmites, on remplit des boîtes, on enveloppe des morceaux de gâteau, on saisit des fruits, on se sert de pain, les quantités préparées avaient été répertoriées dans «  La cuisine facile pour une tribu dénutrie »..

  Qui peut m’expliquer l’origine de cette névrose juive de la bouffe surnuméraire  et de ces fins de dîner dans la cuisine de la  puissance invitante où on emporte joyeusement de quoi faire plaisir aux enfants et aux petits-enfants qui n’ont pas connu le bonheur de participer à ces agapes festives mais pourront néanmoins se régaler le lendemain…

La « boite plastique » de fin de repas est un rite juif essentiellement  féminin

  La « boite plastique » de fin de repas est un rite juif essentiellement  féminin, qui prolonge la soirée dans la cuisine où on  débriefe à mi voix, T’as vu Eric, Il supporte mal la chimio, Le fils de Pierre divorce, On vend la maison, On part, Clodomir m’a rappelée Je ne sais pas quoi faire, Ma fille travaille beaucoup, Mon fils déménage, sous entendu ils n’appellent pas beaucoup, Léon a le Covid, La viande cacher est hors de prix, Le prochain dîner c’est chez moi, T’as des « boites plastique » à nous refiler?

  La vie, quoi…

    Mais peut-être que dans certains dîners non juifs on termine aussi la soirée à la cuisine, finalement, la peur névrotique de manquer n’est peut-être pas une spécificité communautaire qui conduit les femmes à partager à mi- voix les doutes, les craintes, les découragements, les lassitudes, les espérances aussi, les fiertés parfois, les recettes et le lieu secret où on trouve des pompes géniales pas trop coûteuses…

   L’égalité sera effective le jour où les mecs partageront dans la cuisine le remplissage des … « boites plastique »…

  Mais qui a envie de cette égalité ??

 Que cette journée signe la nouvelle résolution de ne plus considérer un dîner comme l’occasion de sustenter un commando de jeunes  troufions de retour de l’opération «  Une journée dans le désert sans boire ni manger »..

   Je vous embrasse

TJ: Michèle Chabelski ayant, « l’impudente, l’imprudente, la naïve », usé de « métonymie », nous nous servirons désormais tous de « boites plastiques ». Elles se valent toutes.

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