Depuis 200 ans, ce concours sélectionne la crème des orateurs du Barreau de Paris. Parmi les plus célèbres: Arnaud Montebourg, Jules Ferry ou Jacques Vergès.
La Conférence des avocats du barreau de Paris est un concours d’avocats fondé en 1818. Elle rassemble chaque année douze jeunes avocats élus par leurs pairs à l’issue d’un concours d’éloquence pour assurer la défense pénale d’urgence dans des affaires particulièrement sensibles.
Anciennement appelée « Conférence du stage[1] », elle est devenue la Conférence des Avocats du Barreau de Paris. Les douze membres qui la composent sont appelés Secrétaires de la conférence.
La loi du 31 décembre 1991 rendant obligatoire l’existence d’une Conférence dans tous les Barreaux de France, la Conférence sera dénommée Conférence des Avocats du Barreau de…, en fonction du Barreau concerné.
A noter : Il existe depuis 1958 la Conférence du Stage des Avocats au Conseil d’État et à la Cour de Cassation, organisée quant à elle sous l’égide de l’ordre des avocats au Conseil d’État et à la Cour de cassation.
Dès leur élection, les secrétaires de la conférence reçoivent une formation théorique et pratique relative à la procédure pénale. Ils s’entraident et bénéficient du soutien des anciens secrétaires.
Durant un an, la conférence est chargée par le Bâtonnier du barreau de Paris de la défense des plus démunis en matière criminelle, au stade de la garde à vue, de l’instruction puis du procès devant la Cour d’Assises ; en matière correctionnelle, au pôle financier et devant la chambre des comparutions immédiates.
Les secrétaires de la Conférence sont donc présents tous les jours de l’année aux côtés des personnes mises en cause, dans les commissariats, les cabinets d’instruction du Palais de Justice et du Pôle financier, ainsi que devant les Cours et Tribunaux : ce sont ainsi plus de 500 dossiers criminels et correctionnels dont la défense est assurée tous les ans par les secrétaires de la Conférence, qui se veut un observateur privilégié du système judiciaire français, des droits de la défense et des libertés fondamentales. Pour exemple, la Conférence a contribué en 2011 à l’adoption de la loi du 14 avril autorisant la présence de l’avocat en Garde à Vue : la Conférence fait appel aux anciens secrétaires pour former la Conférence de renfort, laquelle réunit des avocats disponibles à tout moment pour défendre les personnes gardées à vue.
Représentation du jeune barreau parisien
Aux côtés du bâtonnier, la Conférence représente le jeune Barreau en France et à l’étranger, notamment auprès des Barreaux francophones. La conférence est aussi présente lors de procès sensibles à l’étranger pour rendre compte de leur déroulement et alerter lorsque les droits de l’homme sont menacés.
Concours de la Conférence
Les douze secrétaires en fonction désignent leurs successeurs au terme d’un Concours d’Eloquence au cours duquel les candidats sont amenés à répondre, par un discours d’une dizaine de minutes, à des sujets non juridiques et parfois déroutants : ils doivent ainsi démontrer, par leurs qualités de conviction et d’adaptation, qu’ils seront à même de préparer, dans l’urgence, la défense de clients dans des dossiers criminels complexes.
Le premier tour est ouvert à tous les jeunes avocats du Barreau de Paris. Chaque semaine, de janvier à juillet, deux sujets sont proposés aux candidats, qui choisissent d’y répondre par l’affirmative ou la négative. Un invité prestigieux, souvent issu des milieux juridique, politique ou artistique, est convié à siéger à la table du jury aux côtés des secrétaires et du bâtonnier.
Les candidats sont reçus par le Bâtonnier et l’invité pour discuter de leur prestation.
À l’issue du premier tour, trente-six candidats sont admis au deuxième tour, appelé Tour d’improvisation : les candidats en effet n’auront connaissance de leur sujet que cinq heures à l’avance.
Un troisième tour permettra de sélectionner, parmi les vingt-quatre candidats finalistes, les douze Secrétaires de la promotion suivante : la chose se fera avec un sujet là encore imposé, les candidats bénéficiant toutefois de cinq jours de préparation.
Conférence Berryer et la Petite Conférence
Les secrétaires organisent également deux autres conférences : la Petite Conférence, Concours d’Eloquence destiné aux élèves de l’École de formation du barreau, et la Conférence Berryer, parodie du Concours de la Conférence, joute oratoire humoristique dont les candidats ne sont pas nécessairement avocats et qui réunit chaque mois un public important en présence d’une personnalité.
Rôles des douze secrétaires
Les douze Secrétaires de la Conférence sont désignés par un numéro de 1 à 12. Celui-ci correspond à une fonction :
Le premier Secrétaire, représentant la Conférence des Avocats du Barreau de Paris, prononce l’éloge d’un juriste lors de la rentrée solennelle du Barreau de Paris.
Le deuxième Secrétaire, électron libre, sorte de fou du roi, prononcera un discours en forme de procès d’une personne ou d’un évènement lors de la rentrée solennelle du Barreau de Paris.
Le troisième Secrétaire est responsable des relations avec la presse et les magistrats, alors que le quatrième organisera les conférences Berryer et que le cinquième sera responsable de la défense des mineurs et du contrôle des lieux de privation de liberté.
Le sixième Secrétaire est responsable des relations internationales, le septième des relations avec les barreaux francophones, le huitième du savoir-faire interne et de la communication électronique de la conférence, le neuvième organisera le Concours de la Petite Conférence ainsi que la joute des Conférences et le Concours Taittinger, au cours duquel se confronteront avocats et magistrats.
Un dixième Secrétaire veillera à la défense pénale, le onzième, dit Gardien des Traditions de la Conférence, organisera le Concours de la Conférence, à l’issue duquel la promotion suivante sera élue. Le douzième secrétaire gère les finances de la Conférence.
Pour info : Parmi les anciens Secrétaires de la Conférence figurent trois Présidents de la République : Jules Grévy, Raymond Poincaré et Alexandre Millerand, mais encore plusieurs dizaines de ministres et de parlementaires, des pénalistes de renom, des Conseillers d’État, des magistrats, des membres de l’Académie française et de l’Institut de France.
Pour rappel : C’est la défense pénale d’urgence qui demeure la mission principale de la Conférence et la justification de son existence.
[1] Le stage obligatoire pour l’accès à la profession d’avocat a disparu avec la création du CAPA, certificat d’aptitude à la profession d’avocat.
David-Olivier Kaminski
Avocat pénaliste, David-Olivier Kamonski a créé le Prix Mémoire qui porte le nom de son père Bruno Durocher – Kaminski pour le Mémorial de la Shoah
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