La République trébuche dans l’élastique de l’islamisme modéré et la modération est un réglage.
Je ne partage pas l’enthousiasme qui accompagne les doubles discours jupiteriens.
Car l’expérience en la matière nous a appris à attendre quelques jours, afin que la pluie de « en même temps » et de réajustements d’EDL finisse de s’abattre sur le cadavre encore chaud de la cohérence.
En l’occurence, on pourra relever que si les plus excités des islamistes gigotent dans tous les sens depuis ce discours, cela fait bien le jeu de ceux qui, aux côtés du chef de l’Etat, participent dangereusement et « à bas bruit » à la normalisation de l’islam politique et tiennent à l’image de tous les Tariq Ramadan depuis des décennies, un double discours pervers et lâche.
A l’instar de Ghaleb Bencheikh qui normalise l’islamisme très tranquillement.
Et je pèse mes mots. 10 millions d’euros pour l’introducteur de la Ligue islamique mondiale et le bienfaiteur du centre des Lumières où l’ensemble de la sphère de prédicateurs FM se rend à longueur d’année, c’est déjà bien de trop.
Ce discours, ferme sur la forme, recèle une cohorte d’incohérences qu’il faut pourvoir nommer:
1. Je combats les influences étrangères mais je travaille avec des islamistes qui prennent leurs instructions à Doha. Un peu comme si Bajrafil et le CFCM avaient besoin d’ imams étrangers pour diffuser les préceptes de Qaradawi ou du Conseil européen de la Fatwa sur notre sol. Franchement c’est assez ridicule, cette manière de penser qui semble être en vogue depuis des années dans les ministères.
2. Je combats les associations non républicaines mais je travaille avec des associations qui promeuvent l’islamisme et je continue de les labelliser à limage de Coexister.
3. Je dénonce l’islamisme radical mais je tolère l’islamisme du CFCM. Jongler avec le bien et le mieux, on sait où cela mène.
4. Je refuse le concordat mais je m’engouffre dans les abîmes de la « formation » des imams et de la supercherie des enseignements de la « science islamique » ( what else??) et je demande tranquillement au nom de la République à Monsieur El Kharoui de s’occuper du halal et des pèlerinages…
5. Je met fin aux ELCO mais je pense que l’apprentissage à l’école de l’arabe permet de lutter contre l’islamisme.
6. Je dénonce les Frères musulmans et je travaille avec les Frères musulmans.
On est sur du vent. Il faudra juste attendre de voir de quel côté frémit la girouette. Ce que j’observe en attendant, c’est que les mesures qui pourraient aller dans le bon sens ne sont pas prêtes et que ce ne sont pas des Lois. Alors que les hold up de l’Amif et de la FIF sont, eux, tout à fait réglés. Et ce n’est pas un détail.
Le plus inquiétant étant ceux des ministres à l’instar de celui qui déclare ci-dessous après ce discours présidentiel que le salafisme ne lui pose « aucun problème » et l’assimile même à une « partie de la jeunesse » (!!).
On croit rêver. Comment voulez vous partir à la guerre avec une armée pareille, si tant est que vous le vouliez vraiment ? On ne voit pas…
Enfin, plusieurs choses sur l’application des dispositifs décrits hier. J’aimerais bien savoir sur quelle base concrète la Loi définira les critères de basculement des associations 1901 vers 1905 et l’application concrète de cette mesure. Parce que la constitutionnalité et la conventionnalité de la chose ne me paraissent pas évidentes.
J’aimerais également connaître les modalités selon lesquelles l’AMIF pourra réguler un marché qui n’est pas réglementé. Parce qu’une association Loi 1901 comme l’AMIF est une personne de droit privé qui n’a pas plus de prérogative que vous et moi. Et que si Paul se lève un matin et décide à 8h30 de réguler dans son coin le marché des tomates vertes ou des pizzas à l’ananas, je doute qu’on le laisse gentiment faire. Et cela aussi, ce n’est pas un détail.
Le trouillomètre
Alors, on verra bien. Ce qui est sûr, c’est que la seule chose qui semble marcher est le trouillomètre. Et que le contexte de ce discours, comme le récent attentat, n’est à mon humble avis pas étranger au durcissement de ton.
Un coup en-avant, un coup en arrière.
20 ans de gesticulations, cela rend toujours sceptique. Et notre rôle est d’être vigilants. Pas de nous auto-satisfaire. Ce serait trop facile de crier victoire parce que les plus excités de la frange islamiste s’égosillent devant les discours de Macron.
Partant, il est permis de se poser quelques questions simples :
La Ligue islamique mondiale continuera-t- elle d’être accueillie en France ? De financer un diplôme de laïcité et un institut à Lyon ?
Les mosquées comme le « Centre des lumières » continueront-elles de bénéficier de la complaisance des autorités préfectorales et des politiques ?
Les associations qui les encouragent continueront-elles d’être labellisées par un Observatoire de la laïcité et des administrations ?
Les Frères musulmans comme Mohamed Bajrafil continueront-ils d’être associés à lislam « de France »?
Le président va-t-il virer ceux de ses ministres qui assimilent le salafisme à une partie de la jeunesse ?
Et l’AMIF ? Faut il rappeler de qui et de quoi elle se compose ? Bajrafil, frère musulman, islamiste jusqu’au bout des ongles, Tarek Oubrou, frère musulman, quoi qu’il en raconte. Et Hosni Moaati qui seconde El Kharoui, pas copain de Maboula Soumahoro et de toute la clique indigéniste, peut-être ? Et Hayette Hamidi, jamais été UOIF aussi ?
Les amis, on se fout de vous. Sachez-le pour les plus légitimistes d’entre-vous, il n’est pas question de satisfaire « tout le monde », mais la République et ses valeurs.
Excellent crash test, sauf que nous sommes déjà à l’intérieur. Alors pas en mon nom.
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