Il est toujours un instant qui restera, pour nombre de procès auxquels vous avez assisté, gravé à jamais : lorsque la parole fut donnée, le 25 janvier, vers 1 heure du matin, après 11 heures d’audience, à l’accusé Georges Bensoussan, comment oublier un jour ces mots qui furent les derniers prononcés avec un calme fracassant en cette XVIIème Chambre : Ce soir, Madame la présidente, pour la première fois de ma vie, j’ai eu la tentation de l’exil.
Le 19 décembre 2019, dans un registre autre, alors que nous attendions, peu nombreux, mais confiants, plaisantant quelque peu, peut-être pour conjurer le sort, que s’ouvrît la porte de la Chambre de l’Instruction et que fût rendue la décision de renvoyer aux Assises l’individu qui défenestra Sarah Halimi, Comment oublier ces Robes noires entrées avec la foi et qui soudain, à l’énoncé de la décision d’Irresponsabilité qui allait exonérer le tueur d’un procès, Comment oublier jamais ce presque affaissement qu’ »ils » marquèrent tous, debout sur un même rang, stupéfaits, abasourdis par ladite décision.
Au procès dit des Attentats de janvier 2015. Acte I
Au procès dit des Attentats de janvier 2015, ces premiers jours, eux, ont fait aller l’assistance de larmes difficilement contenues à quelques sourires, voire francs éclats de rire. Oui. Tout ça.
Des quatorze poursuivis devant la Cour d’Assises pour soutien logistique à des degrés divers, aux auteurs des attentats, 14 du réseau Coulibaly, Nezar, Amar, Saïd, Mohamed, Michel, Miguel et consorts de leurs prénoms, l’un se détachait, faisant son show, un peu à la Jawad Bendaoud, Ali Riza Polat, délinquant radicalisé, soupçonné d’être la cheville ouvrière du dossier, le bras droit de Coulibaly, un des deux à être jugé pour « complicité » d’actes terroristes, et qui, ne doutant de rien, déposa une demande de remise en liberté ( le gus est emprisonné depuis 5 ans et demi ) : Je ne comprends pas ce que je fais dans le box des accusés. Je suis innocent, je le dis depuis le début. Je suis innocent, je veux sortir, c’est tout ce que j’ai à dire.
Ali. Ali Riza Polat. Un Jawad Bendaoud
Ils sont là, dans les deux box vitrés de la salle 2.02. Ali Riza Polat, entre inconscience, inconséquence et bêtise incontestables, arrivera à faire rire la salle, lui qui n’a qu’un but dans la vie : faire de l’argent : Je veux mourir riche, avoir la belle vie. Ce n’est pas pour moi le travail. Moi, je fais des magouilles. Je me faisais jusqu’à 100.000 euros par convoi, dit-il les bras croisés sur une chemise blanche impeccable. Je fais mes prières et je fais mes conneries à coté mais je ne mélange pas les deux choses. Son avenir après la prison, l’homme de 35 ans le voit « radieux dans le grand banditisme », avec des filles à foison, des belles bagnoles mais aussi des Xbox. Le benêt a perdu de vue qu’il risquait la perpétuité.
La gravité du Président de Jorna
J’entends rappeler les noms de ces 17 personnes qui ont perdu la vie au cours de ces 3 journées, lance d’emblée le Président Régis de Jorna, égrenant les noms des victimes des attentats de janvier 2015 : Jean Cabut, Georges Wolinski, Bernard Verlhac, Philippe Honoré, Bernard Maris, Stéphane Charbonnier, Mustapha Ourrad, Elsa Cayat, Franck Brinsolaro, Michel Renaud, Frédéric Boisseau, Ahmed Merabet, Clarissa Jean-Philippe, Yoav Hattab, François-Michel Saada, Yohan Cohen, Philippe Braham.
Nous savons les noms des victimes du désinguage de Charlie-Hebdo. Mais il sied d’entendre ce que d’eux dirent à la barre leurs proches.
Témoignages. Images. Video
Ainsi il y eut ces témoignages. Poignants toujours. Hautement politiques souvent. Et puis, il y eut, sur écran géant, les images glaçantes des locaux de Charlie Hebdo pendant et après la tuerie, laquelle n’a pas été filmée : seules des images montrent les locaux du journal juste après l’attaque.
Des traces de sang au sol. Les corps des victimes, dans la salle de rédaction. Là, c’est Charb, lequel prit 7 tirs de kalachnikov. Le tout entrecoupé d’autres vidéos, notamment une sur laquelle on voit et entend les frères Kouachi crier : « On a vengé le prophète Mohammed!«
Et puis des video : Sur la première photographie, c’est Simon Fieschi. Une mare de sang. Il survivra, lourdement handicapé. La deuxième photo, c’est le corps de Mustapha Ourrad. Là, juste plus loin, voilà le corps de Franck Brinsolaro, le policier en charge de la protection de Charb.
La majorité des victimes gisent, enchevêtrées, dans la salle où se déroulait la conférence de rédaction. Le corps marqué d’un C, c’est le corps de M. Wolinski, avec trois passages de projectile d’avant en arrière. Ce pull rouge, c’est Monsieur Charbonnier, avec 7 tirs au total, dont 3 au niveau du crâne.
Le carnage aura duré une minute et quarante-neuf secondes.
Hommage aux victimes
Cabu : Sa femme, Véronique, est la première à témoigner. Un ami l’appelle : Il se passe quelque chose à Charlie. Cabu est mort pour ses idées. On ne se remet jamais d’un tel drame. On m’a dit qu’une balle de kalachnikov c’est 850 km/h. Elle souligne son amour de la liberté et son pacifisme viscéral. On ne se remet jamais d’un tel drame : perdre l’homme de sa vie dans des conditions aussi affreuses… », raconte-t-elle : Quand je suis rentrée le soir à la maison, j’ai retrouvé sa table de dessin inerte. Sa phrase fétiche Elle dit qu’il lui reste ses dessins mais que jamais l’horreur ne la quitte. Elle ajoute : il commençait toujours ses personnages par les yeux. « Il savait capter le regard comme personne, confirme son épouse, très émue à la barre. Il était très admirateur des grands maîtres de la peinture, notamment Rembrandt. Je crois qu’on a vu tous les Rembrandt d’Europe et des Etats-Unis. Je ne veux pas que les terroristes et leurs complices gagnent. Ils ont perdu : CharlieHebdo est là. Elle finit en citant Robert Badinter qui avait écrit cette phrase en évoquant la déportation de son père : On cicatrise de l’extérieur mais de l’intérieur jamais.
Bernard Maris. Sa compagne Hélène, Gabrielle et Raphaël, ses enfant, son ami, Marc, ont dessiné le portrait de l’économiste : sa capacité à aimer, cette phrase dite un jour à sa fille : J’adore voir les gens sourire dans la rue.
Tignous. Chloé, sa compagne, avant de montrer ses dessins, a raconté leur couple : l’union d’une petite-fille de déportés juifs polonais et d’un enfant des cités : Quand on connaissait Tignous, son sourire, il était impossible qu’il meure, il était trop vivant pour mourir.
Frédéric Boisseau. L’agent de maintenance intervenait au rez-de-chaussée et ne savait rien de la localisation du journal. Il est la première victime. Son collègue, Jérémy, se souvient de l’odeur de poudre mêlée à l’odeur du sang et puis aussi des mots de Frédéric : Jérémy, je suis touché, appelle Catherine. Dis aux enfants que je les aime. Il parle de son grand frère : Quand je l’ai pris dans mes bras, mon doigt est entré dans le trou de la balle, c’est là que j’ai compris qu’il s’était fait perforer. J’en ai voulu aux médias d’avoir minimisé la mort de Fredo, qui n’a même pas été cité au début, ajoute-t-il : Fredo, ça a été le premier tué, le dernier enterré. Son épouse raconte, elle, un papa formidable, un homme toujours heureux, apprécié de tous : Je voulais venir pour dire que c’était quelqu’un de très bien, qui s’est retrouvé au mauvais moment au mauvais endroit. Il ne méritait pas d’être passé sous silence. On s’est rencontré dans le train entre Paris et Fontainebleau qu’on prenait chaque jour : Il m’a demandé si la place en face de moi était libre, je lui ai dit oui, il a sorti un paquet de Mars et m’en a proposé. On a discuté pendant tout le trajet et à la fin, on a oublié d’échanger nos numéros de téléphone. On a mis des semaines à se retrouver. Lui, il parcourait le train dans tous les sens, moi, je l’attendais sur le quai. Et un jour, on s’est enfin revus, à la même place que la première fois. Et on ne s’est plus jamais quittés. Trois semaines après, on faisait les agences immobilières pour trouver une maison.
Mustapha Ourrad. Louisa, la fille du correcteur de Charlie Hebdo, a parlé de ce père qui, à peine arrivé de Kabylie à Paris, en 1980, est allé déposer sur la tombe de Baudelaire deux gitanes, les cigarettes qu’aurait fumées le poète, disait-il, s’il avait vécu à notre époque.
Elsa Cayat : La psychanalyste fut évoquée par Antonio Fischetti, qui parla de Liberté : Aller vers ce qui nous échappe, pas vers ce qu’on a.
Charb. C’était un être généreux, humain, toujours prêt à aider tout le monde, se souvient sa mère. On nous l’a arraché. On nous l’a tué. On l’aimait et on était fiers de lui. « Pourquoi on l’a appelé Charb ? C’est au collège, la documentaliste a dit j’en ai assez de t’appeler Charbonnier c’est trop long, je t’appellerai Charb« . Il était très joyeux. On était très unis tous les quatre avec son papa et son frère. Et elle demanda que fût projetée une sélection de ses dessins. Surgirent alors pléthore de curés. Rabbins. Imams. Des croix. Des croissants. Des étoiles. Et puis l’image d’une toute petite fille portant un cartable et un ours en peluche. En légende : Ces juifs qui menacent le monde.
Michel Renaud. Sa compagne rapporte avoir reçu un coup de fil : Gala courage ! Michel a été assassiné. J’ai récupéré ma fille à l’école, à midi. Je lui ai préparé son repas. Je n’ai pas allumé la télévision. Michel aimait la vie, était un homme heureux, était tout pour moi, mon amour, mon mari, le papa de notre fille. Il était aussi l’homme avec qui je pouvais aller au bout du monde, nous partagions tout, nous voyagions partout, j’avais une confiance absolue en lui.
Honoré. Sa fille, Hélène, parle de sidération, d’un blanc dans la tête, ce jour-là, lorsque sa mère l’appelle. Souvent elle rêve qu’il revient : Ce qui est arrivé est tellement à l’opposé de mon père, sa douceur, il était extrêmement joyeux, intéressé aussi par le monde de l’enfance. Sa valeur fondamentale, celle qui constituait sa colonne vertébrale, c’était le droit pour tous à une vie digne. C’était le sommet de sa conscience politique. Elle imagine ce qu’il aurait pu dire aux frères Kouachi s’ils lui en avaient donné l’occasion : Il leur aurait souri, leur aurait expliqué qu’on peut rire et critiquer les dogmes mais qu’on ne se moque jamais des individus.
Wolinski. Maryse dit qu’il n’y a pas de résilience
La parole digne. Poignante. Les survivants
Coco. Elle est la première survivante des attaques de Charlie Hebdo à livrer son témoignage : Ce mercredi 7 janvier, j’ai déposé ma petite fille à la crèche à 9 heures, je me suis arrêtée à un Franprix acheter un paquet de galettes car il y avait beaucoup de gens gourmands autour de la table. C’est la Conférence de rédaction. Elle descend soudain fumer une cigarette. Prise au collet par lesterroristes, elle est sommée, kalach sur la tempe, de les conduire Chez Charlie : On veut Charb, on veut Charb, répètent-ils de façon obsédante. Le 7 janvier 2015, c’est elle qui a composé le code de la porte d’entrée, sous la menace d’une Kalachnikov. J’étais dévastée, j’ai eu une pensée fulgurante pour ma petite fille, j’étais comme dépossédée de moi, j’arrivais plus à rien. J’ai avancé vers le code et je l’ai tapé. Coco, elle sait qu’elle vivra avec ça jusqu’à la fin de ses jours : C’est l’impuissance qui est le plus dur à porter dans ce qui s’est passé. Je me suis sentie emplie de culpabilité. Mais les seuls coupables, ce sont les terroristes islamistes. Les frères Kouachi et ceux qui les ont aidés: C’est le talent qu’on a tué ce jour là, c’étaient des modèles pour moi, C’étaient des gens d’une extrême gentillesse qui avaient une manière d’être drôles … C’est pas facile d’être drôles, mais ils y arrivaient très bien. Cinq ans et demi après la tuerie, la dessinatrice explique se battre encore avec les souvenirs terribles de l’attaque qui « tournent énormément » dans sa tête. Je ne suis pas blessée, je n’ai pas été tuée. Mais cette chose absolument effroyable, je la vivrai jusqu’à la fin de mes jours, a-t-elle conclu.
Simon Fieschi, le webmaster du journal, se dit être un survivant et pas un rescapé : Un survivant, ça a des devoirs.
Marika à présent. Marika Bret. Qui évoqua les menaces permanentes : Il faut que soit terminé le travail de frères Kouachi. Elle raconte comment il avait été difficile de monter un spectacle à partir du livre posthume de Charb, Lettre ouverte aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes. Elle aussi dénonce la trahison de ces gens de gauche qui participèrent en 2019 à la honteuse marche contre l’islamophobie.
Patrick Pelloux, lui qui fut le premier arrivé après le massacre, confia pleurer ses amis tous les jours. Il se souvient de ça : les téléphones, dans les poches de ces déjà cadavres, ne cessaient de sonner.
Après les rescapés comme la dessinatrice Coco, c’était au tour des blessés de l’attentat de Charlie Hebdo de témoigner mercredi, lors du sixième jour du procès des attentats de janvier 2015. Parmi eux, Riss, caricaturiste blessé à l’épaule droite lors de la fusillade au siège du journal à Paris le 7 janvier 2015, depuis devenu directeur de la publication de l’hebdomadaire après le meurtre de Charb. À la barre, c’est un homme à la voix posée mais empreinte d’une profonde tristesse qui s’est exprimé. Un homme dont la vie se résume à celle d’un assigné à résidence, en permanence sous protection policière, qui s’autorise de temps à autre à marcher dans la rue en compagnie de sa femme en se demandant « si cela est bien raisonnable ».
Luz. Sigolène Vinson raconte ce matin froid et gris. C’était l’anniversaire de Luz. Elle était allée lui acheter un marbré. Coco, elle, était allée conduire sa fille à la crèche. Et puis, comme elle avait comme d’habitude, oublié son badge, elle a appelé Charb, le matinal, qui dessinait déjà à son bureau. C’était un matin si banal. Sauf que ce matin-là, les gens les plus gentils de la Terre, ce journal de patachons, de joyeux drilles et d’insoumis, allaient être assassinés, comme le rappellera Riss.
Fabrice Nicolino refusa de se poser en victime : « Victime » est un faux ami qui ne vous sauve pas mais qui, au contraire, vous met la tête sous l’eau et vous noie. Nous sommes «Combattants de la liberté» et à ce titre ne passons rien à ceux qui, par crainte de trahir les quartiers populaires, nous ont manqué, aux Charlie : les Emmanuel Todd. Edwy Plenel. Virginie Despentes. Rokhaya Diallo. Jean-Luc Mélenchon. Qui prirent leurs distances. Le dernier cité ayant montré qu’il pouvait, après avoir rendu hommage à Charb, défiler contre l’islamophobie avec des gens criant «Allah akbar».
Fabrice Nicolino dénonça ceux qui avaient préparé le terrain aux attentats contre Charlie. Aux journalistes apostrophés, il raconta ce qu’était devenu le journal : une prison. Bardée de badges, caméras et autres rayons X . Une succession de sas. On arrive, on s’assoit, et là on doit rigoler parce que Charlie est un journal rigolo. Il nous fit remarquer, Nicolino, que nous ne nous étions guère intéressés à ce que Charlie vivait ces dernières années, à la façon dont la liberté de la presse était entravée dans le Paris de 2020. Il parla des grands esprits qui défendent la liberté à Pétaouchnok ou en Biélorussie mais ne regardent pas ce qu’ils ont sous les yeux. Il tacla Edwy Plenel au premier chef, Plenel, la conscience morale de cette société, et aussi tous ces complices intellectuels qui avaient du sang sur les mains : Où sont les combattants de la liberté ? Les journalistes français s’en foutent.Il conclut : L’indignation ne suffit pas. Nom de Dieu, il faut se battre. La liberté, ça ne se discute pas, ça se défend.
Riss admit n’avoir jamais, malgré les alertes antérieures, imaginé un acte aussi barbare. Il raconta avoir demandé à Charb en 2014 … pourquoi il conservait sa protection policière… Si on ne se bat pas pour sa liberté, on vit comme un esclave, enchaîna-t-il, disant avoir ressenti, immédiatement après l’attentat, la sensation d’avoir été tronçonné en deux.
Il est sidérant qu’une partie de la gauche, traditionnellement attachée à la République et à la laïcité, trouve des excuses politiques à ce genre d’agissements, accusa le patron de Charlie, faisant à son tour le parallèle avec le stalinisme plusieurs décennies plus tôt, et fustigeant de plus belle cette frange de la gauche qui avait osé assimiler Charlie à un journal raciste et islamophobe : Les attentats de 2015 ont poussé sur un compost, dénonça-t-il. Il fallait qu’il y ait un climat […] Certes, je ne les accuse pas d’être les responsables directs de cette horreur, mais ils ont participé à sa préparation psychologique. Jamais, jamais, jamais on leur pardonnera. Citant Zineb El Rhazoui à la barre, il répéta : Comment faire notre deuil dans un pays où il existe une association comme le CCIF qui milite pour faire de l’imposture intellectuelle appellée « islamophobie » un délit, alors que c’est parce qu’ils ont été accusés d’islamophobie que mes collègues ont été tués.
L’islamisme est un fascisme car il en présente toutes les caractéristiques. Je vois le niveau d’infiltration de cette idéologie partout dans la société. Les seuls coupables sont ceux qui ont tiré et l’idéologie qui les a armés.
Richard Malka revint sur les menaces, certes attendues, tombées brutalement. Via l’organe de presse d’ Al-Qaïda. Menaces à comprendre comme visant tout ce qui en France bougeait. Eux, Toi, Lui, Moi, nous tous, les 66 millions, jusqu’au PR, supposé soutenir la liberté de conscience : Il ne faudrait pas que l’histoire se répète. Il ne faut pas laisser cette équipe seule au front à porter ce combat. Le meilleur bouclier, c’est qu’il y ait cinq, dix, 50 Charlie Hebdo pour qu’ils n’aient plus une cible sur le dos« , déclara l’avocat : C’est que Charlie venait de rééditer, avant l’ouverture du procès, les caricatures du prophète, et que Caroline Alamachère avait dit haut et fort à Monsieur Moussaoui, le Président du CFCM, que Non, il n’était pas inacceptable de blasphémer, mais qu’Interdire le Divorce, autoriser la Polygamie, considérer que la Femme est inférieure à l’homme, l’enfermer sous des Linceuls noirs, décréter des Fatwas, ça, c’était inacceptable : En France, il est permis de brûler un Coran si on le souhaite, et de Caricaturer et de se moquer d’un Prophète, fût-il le vôtre.
Il fut dit et dit encore que les dessinateurs de Charlie étaient morts parce qu’ils étaient seuls : Si tous les journaux français avaient à l’époque rappelé qu’on a le droit de rire de tout et que Mahomet, pour un non-croyant, n’est rien d’autre qu’un personnage plus ou moins historique, les frères Kouachi et tous les intégristes de la Terre n’auraient pas pu nous tuer tous. Aussi, nous reproduisons ici la Une de Charlie et le ferons chaque fois qu’il faudra affirmer qu’ils ne seront plus jamais seuls.
Furent conspués ces intellectuels qui s’érigeaient en défenseurs des musulmans et dénonçaient une guerre contre eux, comme si la laïcité avait un jour tué qui que ce fût.
Furent montrés moult dessins. A quoi les accusés, interrogés, se dirent tous … émus. « Wallah on ne tue pas des gens pour un dessin« , entendit-on, venu des box vitrés. « Je ne sais pas quoi vous dire. Je connais pas tous ces trucs-là, la politique, le fascisme, le nazisme. Je connais que le jeu« . Ça fait grave fait mal au cœur, ça m’a grave touché. Personne ne mérite ça. » « Je connaissais pas Charlie avant. C’est ici que j’ai appris comment ils rigolaient. Les témoignages des familles, ça m’a touché au plus profond de moi-même : Coco, Simon, Jérémy de la maintenance. Eux, ils disent que c’est des survivants, moi je dis que c’est de bons vivants.
Les voilà qui condamnaient attentats et terrorisme. Ils crachaient, disaient-ils élégamment, sur les frères Kouachi qu’ils ne con-nais-saient pas. Même le showman déclara qu’il … n’avait rien à voir avec ça : Je suis dans une cour d’assises pour complicité pour deux enculés que je ne connais même pas, lança-t-il en référence aux frères Kouachi. Des grosses merdes.
Il nous reste ça. Une peine inextinguible. A propos de laquelle Stig Dagerman publia un essai de 10 page, qualifié par François Boucq de livre fondamental: Notre besoin de consolation est impossible à rassasier.
Des pistes de réflexion : relire « Quelle civilisation ? Quelle identité ? Le procès de “Charlie Hebdo” et de l’Hyper Cacher cristallise le fossé s’étant ouvert dans la société française » dans Der Spiegel du 13 septembre Nils Minkmar, pessimiste quant au chemin que le pays prend.
Une détermination sans faille pour se tenir aux premiers rangs dans 2 combats liés, la liberté d’expression non négociable. La Laïcité, valeur première.
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