15 septembre. Ils sont signés, à Washington, Les Accords Abraham, du nom du Père des religions monothéistes et du prénom de Lincoln, Président adulé par Donald Trump.
Ils consacrent, Les Accords Abraham, le traité de normalisation des relations entre Israël et les Emirats arabes unis et celui dévoilé vendredi entre Israël et Bahreïn, indiscutable percée géopolitique israélo-arabe qui débouche sur une nouvelle donne au Moyen Orient et sur une large reconnaissance d’Israël.
On nous promet qu’une poignée de main historique entre le dirigeant israélien et les ministres des Affaires étrangères des Émirats et de Bahreïn n’est pas exclue : tous les participants ont auparavant été testés au Covid-19.
Au-delà de la paix et des aspects géopolitiques, Boursorama revient sur le potentiel commercial et économique très important, tablé sur 4 milliards de dollars d’échanges d’ici cinq ans, soit dix fois plus qu’aujourd’hui.
« Quel que soit votre bord politique, c’est un jour historique que tout le monde devrait célébrer, a déclaré l’ancienne ambassadrice auprès des Nations Unies, Nikki Haley. C’est un grand pas en avant vers la paix au Moyen-Orient.
Voilà Donald Trump Faiseur de paix à sept semaines de la présidentielle.
Les documents signés à la Maison Blanche durant une cérémonie en grande pompe sont historiques.
Un journal émirati a titré en Une : La Paix et Le Futur.T
Tous les quotidiens israéliens, dans un enthousiasme unanime, ont consacré leur Une à l’événement insigne, et parlent d’accords historiques qui vont changer la face du Moyen-Orient et contribuer à la paix et à la prospérité dans la région.
On fait la paix, titre Maariv, Le Yediot Aharonot titrant sobrement Paix en hébreu, en arabe et en anglais, le Jerusalem Post évoquant un traité de paix complet et Israel Hayom souhaitant Hatima tova.
De nombreux quotidiens des Emirats ont font également leurs gros titres du jour sur Les Accords Abraham, célébrant le prince héritier des Émirats arabes unis qualifié de véritable chef qui mène son peuple à la prospérité et au succès.
Dans une interview, le chef de la diplomatie de l’Etat hébreu appelle les Palestiniens à tirer les leçons de l’exemple des Émirats, mais ce soir encore, les roquettes étaient tirées depuis Gaza. Telles un rituel.
Quelque 1.000 personnes assistent à la signature des Accords Abraham lors d’une cérémonie qui se tient en extérieur en raison de la pandémie de coronavirus.
Sarah Cattan. Accords de paix signés aujourd’hui à la Maison-Blanche
Un nouveau chapitre de l’histoire du Moyen-Orient s’ouvre: Le monde aujourd’hui regarde Israël. Le monde aujourd’hui regarde les Emirats arabes unis et le Bahreïn. Le monde aujourd’hui regarde l’Amérique. La Maison-Blanche. Son Président. Tous artisans d’un accord inattendu et duquel rien n’a filtré dans la presse. Il en aura fallu, pourtant, des rencontres. Yossi Cohen, Anwar Gargash, le ministre émirien des Affaires étrangères, et quelques autres ont œuvré des mois durant. Ils ont réussi. C’est aujourd’hui que sont signés les accords historiques qui bousculent les équilibres au Moyen-Orient.
Aujourd’hui, alors même que le deal du siècle paraissait irréalisable et alors même qu’en effet on est loin du Plan de paix entre Israéliens et Palestiniens, Israël se voit reconnu par un troisième pays arabe, après l’Égypte en 1979 et la Jordanie en 1994.
Ça s’appelle un pas énorme en diplomatie. Un pas qui semble reléguer au second plan la question palestinienne. Peut-être le pas par lequel il fallait passer pour enfin avancer, faisant voler en éclats sur les liens avec l’Etat hébreu. Et sans doute faut-il encore dire merci à la République islamique d’Iran, cet ennemi commun aux acteurs dudit accord.
Anwar Gargash, ministre d’État aux Affaires étrangères des Émirats arabes unis, dans une interview par visioconférence, a été très clair en évoquant combien avait joué dans cet accord la suspension par Israël de son annexion de parties de la Cisjordanie: Nous avons considéré cette intention de la coalition au pouvoir en Israël comme une menace majeure à la solution à deux États dans le conflit israélo-arabe. Nous avons donc entrepris des discussions au cours des trois derniers mois, principalement par le biais des États-Unis, visant à normaliser nos relations avec Israël et à suspendre cette annexion.
Anwar Gargash va plus loin : Le gouvernement en Israël a déclaré qu’il n’allait pas annexer, et Benjamin Netanyahu n’en parle plus. La question de l’annexion n’est plus sur la table dans un futur proche, tout comme la menace de la fin de la solution à deux États. Il existe maintenant de l’espace et du temps pour des négociations menant à une solution à deux États, pour laquelle ce n’est pas à nous de décider mais aux deux parties. D’ailleurs, beaucoup de capitales européennes nous ont appelés pour nous faire part de leur satisfaction.
Evoquant la volonté des Émirats arabes unis de devenir un acteur global, il parle de rupture stratégique nécessaire pour que les choses avancent : Tout ce qui a été fait par les pays arabes vis-à-vis d’Israël au cours des dernières années n’a pas produit de résultats. […] La politique de la chaise vide, pas constructive, n’a pas fonctionné.
Anwar Gargash parle encore de normalisation qui devait arriver tôt ou tard, répète combien a pesé la suspension de l’annexion, va jusqu’à dire que la partie la plus dure a été faite, évoque même un modèle pour encourager le monde arabe à cesser de diaboliser Israël, et vice-versa, parle encore d’une paix chaude entre les deux pays.
Cela n’étonnera personne : le ministre raconte comment, depuis l’annonce de l’accord, les Emirats sont inondés d’appels d’investisseurs, d’entreprises et de diplomates, tous très excités, et des bénéfices réciproques attendus dans des secteurs comme le tourisme, l’agriculture, la technologie et la santé.
Anwar Gargash parle encore d’erreur de la part des Palestiniens : Lorsque le plan Trump a été dévoilé, nous avons remarqué que ce n’était pas ce que les Palestiniens souhaitaient, mais nous leur avons conseillé d’y participer et de ne pas perdre une opportunité alors que les faits sur le terrain réduisent la possibilité d’une solution à deux États. Mais il s’agit cependant d’une question israélo-palestinienne. Ce n’est pas à nous de décider.
Franc du collier, le ministre ajoute : ils ne proposent pas d’alternative. Il gage qu’après la colère, viendra la contribution.
S’il convient que les déclarations belliqueuses de l’Iran ont créé un environnement qui a facilité ce qui arrive aujourd’hui, il répète la volonté des Emirats de résoudre les désaccords par la voie de la désescalade et de la diplomatie : Nous n’avons aucun intérêt à voir le Golfe devenir une zone de confrontation.
Il fustige le discours hypocrite d’une Turquie qui crie au loup tout en maintenant une relation économique étroite avec Israël et en accueille chaque année 600 000 touristes israéliens.
The last but non the least: Anwar Gargash concède combien la cause palestinienne a été exploitée à l’abus au cours des dernières décennies et évoque la responsabilité des manuels scolaires dans la colère des opposants à tout accord.
Denis Bauchard, conseiller à L’Institut français des relations internationales, voit dans cette normalisation la confirmation d’une situation de fait, engagée depuis les années 1990, et guidée par les motivations mentionnées plus haut, avec, insiste-t-il, la volonté de renforcer la relation avec les Etats-Unis : cet accord est d’abord une question de sécurité au moment où l’on parle du lâchage des Américains, de leur retrait au Moyen-Orient, poursuit Denis Bauchard, qui évoque une brèche dans laquelle vont s’engouffrer d’autres Etats du Golfe.
Si tout n’est pas dit ici… La diplomatie et la guerre ne visent-elles pas également à garantir les intérêts d’un pays donné : la première par la négociation, la seconde par la violence. Le ton est donné : ce sera par la négociation.
Source: visioconférence donnée ce 15 septembre au Point, au Figaro, aux Échos et à Radio France
Incroyable ! Regardez bien.
Sur le dessin qui represente Donald Trump et Benyamin Netanyahu j’ai l’impression de voir : ESSAV et YAACOV
yael