Bonjour mes frères! Je suis Tunisienne comme vous, mais Musulmane par accident; un peu comme toute l’humanité, nous ne choisissons pas, ni le lieu de naissance, ni la confession des parents!
Toute petite mon père m’emmenait tous les jeudis prendre un croissant dans son Café ( à la rue de Rome; il n’était pas cafetier, mais ingénieur, je dis « son café » parce qu ‘il le nommait ainsi).
Donc nous habitions la médina; il faisait un crochet, me faisait traverser la HARA, et me disait: « Tant que nos frères de confession Juive vivront ici, tant qu’il y aura des ghetto de par le monde, il faudra avoir honte ! Nous naissons libres et égaux! Il n’y a aucune différence entre les êtres humains!«
Mon père comme moi était musulman par « accident ». Il était DEISTE à la manière de Voltaire. Les Musulmans que nous connaissions c’étaient nos voisins ou la famille. Nos amis et connaissances étaient Juifs.
Moi j’étais à l’Ecole des Soeurs, ma petite soeur était à l’école de la rue El Méchenka, dans l’ancien palais du caïd NESSIM.
Mes copains et copines étaient Juifs. J’allais goûter chez Omi Rahil, la grand-mère de mon frère et ami Samuel Tubiana (que Dieu ait son âme).
Quand on sortait du Lycée, elle nous guettait du balcon du premier étage de leur immeuble de l’avenue de Madrid, et quand je ne voulais pas monter, elle me disait: Monte « yarrani kobbara alik » (ce qui rendait Sam fou furieux), Je t’ai fait des you-you, ou des fricassés, ou un couscous boulettes. (Manger un couscous boulette à 17h il fallait le faire!)
Qui a dit que les Juifs étaient »radins », racistes? FAUX FAUX! Je suis là pour témoigner!
Omi Rahil voulait mourir en Israël. Moi, du haut de mes 15 ans, je lui disais: « Je te promets omi Rahil, dès que je travaillerai, je t’achèterai le billet« , alors elle m’embrassait.
Elle sentait le henné, le clou de girofle, l’ambre et le musc, elle sentait fort la TENDRESSE!
Elle est morte avant d’aller en Israël. Je l’ai pleurée et j’ai « porté « son deuil 40 jours ö ya mimti Rahil comme tu me manques!
Je sais que de ton Paradis tu veilles sur moi! Les jours où je sens la déprime me grignoter le coeur, je pense très fort à toi: Tu me disais « idhak li dounia didhaklik » « Voilà ma Rahil d’AMOUR« . J’essuie mes larmes et NIDHAK!
Je sais qu’on ne peut pas arrêter le temps, mais je sais que vous manquez à la Tunisie! Oh! Mes TUNES! je vous aime!
Ô mes amis, si vous saviez le déchirement quand vous êtes partis. Je pleurais dans les bras de « BABA SIDI« , le grand-père de Samuel mon frère, je ne voulais pas qu’il parte, c’était un peu égoïste de ma part, car j’ai fait un transfert quand omi Rahil est morte: la maman de Sam avait pris la relève pour les gâteries, mais l’empreinte d’Omi Rahile était indélébile!
Comme la vie est drôle parfois! Je me retrouve avec plein de frères et soeurs sur HARISSA!
Il y a une chose qui me vient en mémoire, un jour, en passant par l’avenue de Madrid; je passais mon chemin, ne voulant pas monter; Omi Rahil m’appelle: Monte!
Devant mon refus, elle descend, m’attrape par le col de mon manteau, m’oblige à monter (je ne sais où elle à trouvé la force de me traîner), me »jette« dans le hall et me dit: « Tu es fâchée avec cette bourrique de Sam. Quel que soit le motif des choses, Ne prend jamais de décision en colère, et ne dis pas un mot en colère! En plus, si tu as partagé l’eau et le sel, c’est à la vie, à la mort !«
Et j’applique ces deux règles!
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