Sarah Cattan. Exécutés. Pour blasphème et autres fadaises

Navid Afkari

Alors que le Pakistan a condamné ce 8 septembre à la peine capitale un chrétien qui aurait blasphémé par SMS, l’Iran exécute, sous nos yeux,

Asif Pervaiz, 37 ans, est en détention depuis 2013 :  le superviseur d’une entreprise qu’Asif a fini par quitter, n’ayant pas réussi à le convertir à l’islam, l’a accusé de blasphème, question brûlante s’il en est dans un pays où même des allégations d’offense à l’islam non prouvées peuvent entraîner assassinats et lynchages. Le 29 juillet, l’assassinat par balles, dans l’enceinte-même du tribunal de Peshawar, d’un citoyen américain accusé de blasphème, a provoqué si peu d’indignation. Si peu … d’écho médiatique. De même, l’acquittement fin octobre 2018 de la chrétienne Asia Bibi, après plus de huit ans dans les couloirs de la mort pour blasphème, avait provoqué moult manifestations violentes au Pakistan. Et peu de bruit … chez nous.

Asif Pervaiz, à droite

Asif, qui a déjà passé sept ans à attendre la décision du tribunal, défendu par Maître Saif-ul-Malook, l’ex-défenseur d’Asia Bibi, continue de nier toutes les accusations portées contre lui : il se serait contenté de transférer les SMS en question.

L’affaire, qui eût dû être rejetée par le juge, est en appel, dans un pays où les appels prennent des années à être traités, faute d’un système judiciaire dépassé.

Ils sont aujourd’hui 80. Emprisonnés pour blasphème. Condamnés pour la moitié à la prison à perpétuité ou à la peine de mort.

Le blasphème est une question brûlante au Pakistan, où même des allégations non prouvées d’offense à l’islam peuvent entraîner assassinats et lynchages. Les musulmans en seraient les principales victimes, selon la fondation Engage.

En Iran, ils passent à l’acte. Assassinent. Sous le regard d’un monde silencieux.

Nous, le reste du monde, nous continuons à … dénoncer.

Ainsi, l’exécution secrète du lutteur Navid Afkari, condamné sur la base d’aveux extorqués sous la torture pour le meurtre d’un fonctionnaire lors de manifestations contre le gouvernement en 2018, est pointée par Amnesty International a été qualifiée une fois de plus de parodie de justice après un procès manifestement inéquitable.

Certes, le CIO, Comité international olympique s’est déclaré choqué par ladite exécution, orchestrée en dépit de demandes d’athlètes et d’organisations[1] à travers le monde.

Certes, Emaddein Baghi, militant iranien des droits humains, a qualifié cette exécution de grand péché.

Certes, nombreux ont fustigé la hâte de l’Autorité judiciaire à exécuter la sentence.

Il reste qu’avec près de 250 exécutions en 2019, l’Iran est, après la Chine, le pays qui a le plus recours à la peine capitale.

Il reste que Nasrin Sotoudeh y entame sa quatrième semaine de grève de la faim.

Nasrin Sotoudeh

Il reste qu’en Turquie, Ebru Timtik, avocate, est morte ce 27 août en prison après 238 jours de grève de la faim. Elle réclamait un procès équitable après avoir été emprisonnée simplement du fait de sa fonction, elle qui était spécialisée dans la défense de cas politiquement sensibles.

Ebru Timtik

[1] World Players United, association mondiale représentant 85.000 athlètes, avait appelé l’Iran à épargner le sportif.

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