Nicolas Poinacaré. Attentat de la Rue des Rosiers. Le deal passé par la France avec les terroristes

“Expliquez-nous”: qui est le Palestinien suspecté d’avoir commis l’attentat de la rue des rosiers arrêté en Norvège 38 ans après ?

Comment est-il possible qu’un terroriste soit arrêté 38 ans après les faits qu’on lui reproche?

La Norvège a arrêté mercredi un Palestinien suspecté d’avoir commis l’attentat de la rue des Rosiers à Paris en 1982. Alors pourquoi cet homme n’a pas été arrêté avant?

Peut-être parce que pendant des années, on n’a pas cherché à l’identifier. Des documents et des témoignages récents indiquent que la France avait passé un deal avec les terroristes. On passait l’éponge sur un attentat, et même sur deux. En contrepartie les Palestiniens promettaient de ne plus s’en prendre à notre pays. 

Pour comprendre cette incroyable affaire, il faut revenir à l’attentat de la rue des Rosiers. Nous sommes le 9 août 1982 à la mi-journée, au coeur du quartier juif de Paris. Rue des Rosiers Joe Goldenberg. Trois hommes, deux grenades et une fusillade à la kalachnikov. Encore deux grenades puis fuite en tirant encore sur les passants. Cet attentat fait six morts 22 blessés graves. L’émotion est immense, c’est l’attentat antisémite le plus grave depuis la dernière guerre.

L’enquête va vite s’orienter vers le groupe palestinien d’Abou Nidal, adversaire du leader historique des Palestiniens Yasser Arafat. Abou Nidal dirige le Fatah CR et commet des attentats dans toute l’Europe, soit pour son compte soit comme mercenaire pour le plus offrant. Mais l’enquête va somnoler plus de 20 ans. 

Puis Jean-Marc Trévidic en 2007 reprend tout. La balistique parle et il va interroger un homme en prison. Il fait ensuite parler deux témoins anonymes qui lui donnent les noms de trois terroristes qui sont le chef et les deux exécutants. L’un d’entre eux s’est réfugié en Norvège avec sa femme et ses quatre enfants, il s’agit de Walid Abdul Rahman. Il est reconnu sur des photos par des témoins. Le juge Trevidic lance un mandat d’arrêt contre lui. Il est arrêté et il reconnaît qu’il faisait parti des mouvements palestiniens, mais n’a jamais mis les pieds en France.

Les Norvégiens ont étudié le dossier pendant cinq ans puis l’ont arrêté mercredi. On peut espérer une extradition et un procès. Il reste des parties civiles qui l’attendent.

Est ce que l’on sait qui avait commandité cet attentat? 

Le coupable s’appelle Hafez el-Assad, père de Bachar actuel président Syrien. Il voulait punir la France qui intervenait au Liban. Pour Arafat. La France n’a pas cédé immédiatement. Mais ensuite pour calmer le jeu est intervenu le fameux deal. 

On a promis que les auteurs de l’attentat de serait pas activement recherché, et que deux palestiniens detenu en france pour un assassinat seraient liberé Ce qui a été le cas un peu plus tard. En échange, la France devenait un sanctuaire. Plus aucun attentat plus aucun assassinat de la part du groupe Abou Nidal. Et les documents rendu public ont rouvert cet accord. Yves Bonnet, l’ancien patron de la DST, a raconté tout cela devant une commission d’enquête parlementaire l’an dernier. 

En plein procès des attentats de Charlie hebdo, c’est intéressant de noter que la France a de la mémoire puisqu’un homme a été arrêté en Norvège à la demande de la France 38 ans après les faits. Un autre Georges Ibrahim Abdallah, Libanais, condamné pour un double assassinat terroriste, est en prison en France depuis 36 ans, depuis 1984. C’est le deuxième plus vieux prisonnier en France. 

En matière de terrorisme, il n’y a pas d’oubli.

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