Le procès des dix accusés des massacres perpétrés en janvier 2015 dans les locaux du magazine Charlie-Hebdo et du magasin Hyper Casher s’est ouvert à Paris ce début de septembre 2020.
Le début de ce procès et la publication nouvelle par Charlie-Hebdo des desseins de 2015 donnent lieu à certaines réactions et réflexions.
Le blasphème
Sur un plan formel, le blasphème consiste à critiquer, discuter, moquer, combattre un dogme philosophique ou confessionnel. Il ne s’apparente pas au racisme, au sectarisme, à l’antisémitisme ni à une stigmatisation. Il ne constitue ni une infraction, ni un délit ni un crime prévus aux codes en ce qu’il concerne les idées et non les personnes.
Sur un plan fondamental, le blasphème est pratiqué en France surtout depuis la proclamation de la première république et les lois de 1905 séparant les confessions de l’Etat.
La peur
Certaines personnes publiques rédigent et proclament leur désaveu de la publication nouvelle dans Charlie-Hebdo des desseins « blasphématoires » publiés dans le journal en 2015.
Ils condamnent ce qu’ils considèrent comme une nouvelle « provocation » de Charlie-Hebdo. Ils arguent de la peur de prochains attentats en France ou à l’Etranger sur des soldats français comme conséquence de ces nouvelles publications.
Ces arguments sont illégitimes. Ils sont contraires aux principes constitutionnels, législatifs & juridiques en vigueur en France. Ils ignorent les affres qu’ils ont causés avec la culpabilité dans la chute de la république lors de la défaite de 1940 contre l’Allemagne nazie. Ils n’en tirent aucune leçon.
Ces arguments sont illégitimes dans la mesure où la peur ne saurait constituer une matrice de pensées ni encore moins d’actions qui prévaudraient sur le Droit général & les libertés publiques.
Ces arguments sont contraires aux principes constitutionnels puisqu’ils ne respectent ni la liberté dévolue à la Liberté d’expression en général ni celle de la Presse en particulier.
Ces arguments sont contraires à la législation qui ne prévoit aucune limitation au blasphème.
Ces arguments contraires au Droit général. Ils procèdent de façon autoritaire à la limitation de la liberté d’expression prévue par la Loi.
Ils permettent à une minorité d’imposer son illégitime autorité sur la majorité.
Ces arguments sont insensibles à l’Histoire.
Ils ignorent les désastres qu’ils ont causés lors de la défaite de 1940 contre l’Allemagne nazie & qui ont conduit à la chute de la république. La culpabilité du vaincu (la France), sa peur du vainqueur (l’Allemagne nazie), ont servi de justificatif à la trahison, à la collaboration et à la soumission à l’Ennemi.
Ce sont des sentiments et des arguments identiques que défendent ceux qui ont peur et qui préfèrent se soumettre aux djihadisme, à la haine, à l’antisémitisme, plutôt que les combattre.
La solidarité avec les victimes des attentats
Les victimes des attentats islamistes ont payé d’avoir exercé pour Charlie-Hebdo leur profession de journalistes & pour HyperKasher d’être nés juifs, d’acheter ou de travailler dans un magasin juif, que l’on soit juif ou non.
La solidarité nationale, celle de l’Etat, celle des publics, celle de l’Etranger s’est en 2015 agglomérée autour des victimes et des principes. Elle est toujours actuelle en 2020.
Pour autant, aucun journal français n’a publié les desseins de Charlie-Hebdo republiés par le périodique en 2020. La reprise de ces desseins eut constitué un faisceau de solidarités professionnelles, éthiques, républicaines et humaines avec les victimes. Elle aurait renforcé les victimes.
Mise en garde
L’autocensure, la peur, les absences, les « fuites en avant » contrarient le Droit général, les Libertés publiques, le respect des idées et des personnes.
Le blasphème concerne les dogmes de toutes natures et non les personnes.
Ceux qui, choqués par les blasphèmes, bénéficient de la liberté de choix de leurs idées, de leurs media, de leurs options.
Nul n’a le droit d’interdire ce que la Liberté autorise dans le cadre de la Loi.
Les tentatives terroristes d’interdire les blasphèmes sont une atteinte aux droits des gens. Les attaques djihadistes contre les personnes en raison de leurs professions, de leurs naissances ou de leurs présences visent l’explosion de la démocratie et l’instauration d’un régime de terreur à enrobage théocratique. Les assassinats, les meurtres, les massacres de personnes en raison de leurs confessions ou de leurs exercices professionnels sont une abomination que le Droit permet de punir. Il convient d’exercer ce droit dans le cadre des procédures judiciaires avec la plus nette acuité.
L’élimination de la terreur est possible. Les conditions sont l’application des peines prévues par la Loi & l’exécution des peines.
En revanche, l’abandon, la fébrilité, la soumission à la haine et à la terreur légitimise le régime de la Force et de l’Injustice.
Pierre Saba
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