Chers amis auditeurs. C’est un très grand plaisir de vous retrouver après cette longue période pendant laquelle nous vous avons proposé des émissions en réécoute.
Il existe une tradition qui enseigne que lorsque l’on rencontre un ami que l’on n’a pas vu depuis trente jours, on récite une bénédiction qui dit la joie de ces retrouvailles. Baroukh ata Adonaï élohénou mélèkh ha’olam, chééhiyanou vequiyémanou vehiguiyanou lazeman hazé. « Tu es une source de bénédiction Maître du monde qui nous a fait vivre, et qui nous a maintenu en vie et qui nous a permis d’atteindre ce moment-là.
Bénédiction forte qui dit beaucoup de l’amitié mais aussi de la relation qui existe entre la vie et l’amitié, c’est-à-dire l’importance des relations entre les êtres humains pour donner sens à la vie.
Le mot « ami », havèr en hébreu, signifie d’ailleurs le lien, le fait de mettre ensemble, des personnes mais aussi des idées, en témoigne le mot hibour qui signifie à la fois le lien et le traité de philosophie ou tout ouvrage qui propose une réflexion articulée, l’intelligence d’un propos, qui pose le sens des choses et du monde.
L’« ami », havèr, un mot dont l’un des anagrammes est riche d’enseignements car il signifie le « choix », le fait de « choisir », bahar.
Amitié, vie, choix et temps, quatre mots qui rencontrent à leurs façon notre époque et la situation dans laquelle nous nous trouvons plongée maintenant depuis six mois, depuis le début de ce qui s’est révélée être une pandémie qui a littéralement bouleversée notre monde dans son ensemble.
Époque qui plus qu’aucune autre, en dehors des guerres et des attentats, nous a placé collectivement devant la question de la maladie et de la bonne santé, du soin et de la guérison, et de manière essentielle devant les questions des relations sociales, de nos choix d’existence, de la proximité et de la distance, de l’amitié précisément, de l’attention particulière aux autres, de la responsabilité de nos gestes, de nos choix éthiques et de façon radicale devant la question de la vie et de la mort.
Et dès lors comment ne pas penser à ce verset 19 du chapitre 30 du Deutéronome [1] :
« Je prends aujourd’hui à témoin le ciel et la terre, que je vous ai proposé la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Tu choisiras la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité »
Les commentaires, nombreux, s’interrogent sur le sens de ce verset. Pourquoi énoncer ce qui semble une évidence ! Que signifie choisir ? Pourquoi parler de la vie et de vivre ? Qu’appelle-t-on la vie ? Qu’est-ce que vivre ? Pourquoi ajouter « toi et ta descendance » ? les mots « afin que tu vives » n’auraient-t-ils pas suffi à la compréhension de cette injonction !?
Époque qui plus qu’aucune autre, en dehors des guerres et des attentats, nous a placé collectivement devant la question de la maladie et de la bonne santé, du soin et de la guérison, et de manière essentielle devant les questions des relations sociales, de nos choix d’existence, de la proximité et de la distance, de l’amitié précisément, de l’attention particulière aux autres, de la responsabilité de nos gestes, de nos choix éthiques et de façon radicale devant la question de la vie et de la mort.
L’invité
Michel Gad Wolkowicz est psychiatre et psychanalyste, Il est fondateur et directeur d’un Institut de recherches interdisciplinaires et d’une collection d’ouvrages qui permettent d’en faire connaître les travaux, Institut et collection qui portent le nom de « Shibboleth », avec le sous-titre Actualité de Freud.
Source: France Culture. Talmudiques. Par Marc-Alain Ouaknin. 6 septembre 2020
Philosophe et rabbin français, Marc-Alain Ouakin est producteur de “Talmudiques” sur France Culture. Professeur à l’université Bar-Ilan à Tel-Aviv, Marc-Alain Ouakin est spécialiste d’Emmmanuel Lévinas.
Et si l’on proposait aux …Nations-Unis, d’adopter comme devise ce fameux verset 19 du chapitre 3O du Deutéronome ?
Cela, au moins, conforterait les objecteurs de conscience ne souhaitant pas participer à des combats guerriers.
Bougez un peu, administrateurs des Nations-Unis !! Essayez de participer à la lutte intellectuelle et spirituelle de la Planète Terre, contre les violences de toutes sortes qui empêchent l’Humanité d’évoluer dans le bon sens, c’est-à-dire vers “l’Utopie” – dans l’absolu -, comme l’imaginait mon maître à penser, l’auteur Thomas More, cet humaniste anglais (1478-1535) qui occupa le poste de chancelier du royaume en 1529 mais qui malheureusement fut décapité pour n’avoir pas voulu reconnaître la puissance spirituelle du roi, ce prétentieux.