Antoine Desjardins. Onfray, ou le mépris justifié des convenances de la Caste qui nous contrôle

Michel Onfray

« Si on a un cancer, on appelle ça un cancer. J’ai vu des débats d’une heure sur le mot #ensauvagement. Il y a des tournantes, des assassinats, des viols, des passages à tabac. Pourquoi ne pas traiter de sauvages ceux qui tabassent à vingt contre un ? »
Onfray. Sud Radio. Ce matin.

Étant lecteur de philosophie de longue date j’ai pu émettre des réserves sur Onfray comme philosophe au sens strict.
Pour autant, dans toutes les polémiques actuelles, je le soutiens pour sa libre pensée, son refus de la bienpensance, sa colère, au fond, devant la médiocrité de l’époque.

Il est une bouffée d’oxygène dans un monde étouffant, d’une pauvreté intellectuelle sidérante. La machine de guerre rhétorique redoutable qu’il met en branle pour fissurer notre béton, je l’ai trouvée parfois trop lourde ou vulgaire ou excessive.

Je trouve désormais que cette « vulgarité », cette violence verbale (qui fait par exemple traiter Joffrin de zélateur de la coprophagie ( « manger de la merde et sodomiser les chiens : les nouveaux droits défendus par Libération« ) a sa raison d’être dans le climat actuel de concours de Beauté morale d’un cynisme absolument obscène, pour le coup.

Il est évident, en outre, que sa culture le place à des années de lumière d’un Macron et de la plupart de nos politiques, de nos experts de plateaux-télé qui sont des nullités en matière d’histoire, de philosophie, de culture humaniste.

Il débloque parfois ? Il est dogmatique ? Peu me chaut. Ses excès sont ceux d’une liberté de parole articulée et drue, imagée, instruite, qui a décidé d’humilier le mensonge permanent d’une oligarchie qui a fini par nous dégoûter, de démasquer les Tartuffe et souvent ce qu’il dit est jubilatoire tant y transparaît le mépris justifié des convenances de la Caste qui nous contrôle.

Il est celui qui défend, avec beaucoup d’autres certes, mais il fait figure de proue et de preux, la liberté absolue et totale  d’expression.

Onfray aime Rabelais, il aime la France. Obono et tous ses copains la détestent.

Qu’on prétende qu’il est passé du côté obscur de la force, qu’il est d’extrême-droite, qu’il incarne la fachosphère, me confirme dans l’idée qu’il faut le soutenir.

J’espère que son entreprise de débouchage de notre horizon par une parole française en liberté ira jusqu’à son terme.

Antoine Desjardins

Professeur de Littérature Antoine Desjardins est co-auteur de “Sauver les lettres – Des professeurs accusent” (Editions Textuel). Membre du Comité Les Orwelliens, il écrit dans le Figaro Vox, Marianne, Causeur.

© Antoine Desjardins

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3 Comments

  1. Onfray c’est la vraie gauche, attaquée à la fois par les ultralibéraux (la macronie) et par la nouvelle extrême droite (les indigénistes et accessoirement les dieudonnistes). Mes rares désaccords avec lui : sa bienveillance envers le régime nazi turc et son adhésion à la théorie du choc des civilisations (une ineptie). Je conseille à toutes et à tous son excellent livre « Théorie de la dictature » dans la lignée de Orwell mais aussi de La Boétie, Voltaire, Flaubert et Nietzsche. C’est percutant et accessible à tous les publics (sauf les journalistes de Libé et Le Monde qui n’ont pas dépassé le stade des mangas et du club des cinq).

  2. Balivernes.
    Onfray n’a jamais rien fait d’autre que de noircir du papier et de postillonner dans des micros.
    Il est hors sol, à l’abri du réel ; ce qui lui permet le luxe de n’en tenir aucun compte.
    Expert en tout et en rien, ça distribue des avis sur n’importe quoi qui feraient s’écrouler de rire un analyste digne de ce nom.
    Il n’a jamais connu, encore moins pratiqué, aucune responsabilité ; n’a jamais été élu ; le comparer à un Macron est donc une aberration à laquelle Desjardins se livre sans vergogne.
    Prétendre avoir écrit cent livres est une boursouflure ; qui en a écrit cent n’en a écrit aucun qui vaille.

    MAIS tout ça n’a aucune importance si on le classe dans la bonne catégorie : celle des amuseurs publics.
    On n’espère pas de la part d’un saltimbanque une feuille de route politique.
    MAIS, dans ce cas, je préfère Blanche Gardin. A la limite, même Jamel Debbouze. Pas vous ?

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