Le Val-de-Marne a été meurtri par l’attentat de l’Hyper Cacher, en janvier 2015. Et notamment à Saint-Mandé, ville à quelques encablures de la Porte de Vincennes.
Le 9 janvier 2015, le temps s’est arrêté à Saint-Mandé (Val-de-Marne). Ce jour-là, Amedy Coulibaly, après avoir tué la veille Clarissa Jean-Philippe, policière municipale de Montrouge (Hauts-de-Seine), entre dans l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, à quelques encablures seulement de la ville du Val-de-Marne.
C’est là qu’il poursuit un périple meurtrier entamé quelques jours plus tôt par l’attentat de Charlie Hebdo perpétré par les frères Kouachi, dont le procès s’est ouvert ce mercredi 2 septembre 2020 à Paris.
« On a vécu un climat de guerre »
Cinq ans plus tard, peu sont ceux à vouloir évoquer l’attentat à l’Hyper Cacher. L’un des salariés, qui n’y travaillait pas au moment des faits, lance : On y pense tous, forcément. Plusieurs salariés ont quitté le magasin après l’attentat.
Michel, riverain de Saint-Mandé, qui habite à quelques centaines de mètre de l’Hyper Cacher, se souvient d’une « ville morte, animée seulement par les allées et venues des policiers ». Et de poursuivre : On a vécu un climat de guerre. Cela faisait peur.
« Il y a eu un effet ville morte »
Dans sa folie meurtrière, Amedy Coulibaly fait quatre victimes au sein de l’Hyper Cacher ce jour-là : Yoan Cohen, Philippe Braham, François-Michel Saada et Yoav Hattab. Il garde pendant plusieurs heures plusieurs dizaines d’otages avec lui dans le magasin.
« Chacun garde en mémoire ces trois jours où se sont mêlés stupéfaction, inquiétude et incompréhension », estime Laurent Lafon, actuel sénateur du Val-de-Marne [et maire de Vincennes en 2015, ndlr.].
Outre l’attentat de l’Hyper Cacher, le parlementaire a gardé le souvenir d’une des victimes de Charlie Hebdo, Elsa Cayat. « Ses parents étaient Vincennois, elle-même y avait passé toute son enfance et réalisé sa scolarité notamment à Hector-Berlioz », souligne-t-il.
Patrick Beaudoin, qui était maire de Saint-Mandé en 2015, se souvient lui d’une journée « surréaliste et violente » : Dès 13 heures, nous avons complètement fermé la ville pour que les forces de sécurité puissent intervenir. Les écoles ont été confinées, les crèches et l’Institut Val Mandé également… La ville se vide, un jour de shabbat. Il y a eu un effet ville morte.
Des otages « ont émis le souhait d’avoir une autre vie »
Avec le préfet, l’édile de Saint-Mandé est sur place et tente de rassurer la population, les commerçants… « Nous avons fait le tour des commerces, nous sommes allés à la rencontre de la communauté juive de la ville », se souvient Patrick Beaudoin. Le lendemain les vœux de la municipalité devaient avoir lieu. Nous les avons annulés.
Le vendredi, quelques heures après l’attentat, « un hommage improvisé aux victimes s’est fait devant l’Hôtel-de-Ville, avec 1 500 personnes présentes. Parmi elles, le président du Sénat [Gérard Larcher, ndlr.], la présidente de la Région [Valérie Pécresse, ndlr]… C’était un moment de cohésion », poursuit-il. Il se souvient également de sa rencontre avec les otages. Une petite quinzaine d’entre eux est originaire de Saint-Mandé : Plusieurs d’entre eux sont restés à Saint-Mandé, d’autres ont fait le choix de quitter la ville, ont émis le souhait d’avoir une autre vie, ailleurs. Je les comprends. Nous avons eu beaucoup de temps d’échange avec eux, mais aussi avec les soignants, qui ont eu besoin d’écoute après cette journée. On a tenté de faire en sorte que ce drame ne s’oublie pas, mais que la vie reprenne.
En 2016, à Saint-Mandé, cinq oliviers ont été plantés : en mémoire des quatre victimes de l’Hyper Cacher, mais aussi pour celles des attentats commis sur le sol français. Tous les ans, une cérémonie du souvenir est organisée dans la ville du Val-de-Marne, chaque 9 janvier.
Alors que le procès des attentats de janvier 2015 a débuté ce mercredi, l’ancien maire de Saint-Mandé espère que « les racines de cette acte barbare soient bien dévoilées » : Je souhaite que ces gens qui refusent les valeurs de la République, la liberté, l’égalité, la fraternité, auxquelles j’ajoute la laïcité et la démocratie, comprennent que lorsque l’on vit en France, on se doit d’en adopter ces valeurs.
Source: Actu.fr 2 septembre 2020
Est-ce que les gens auraient manifesté en janvier 2015 s’il n’y avait eu « » »que » » » l’attentat à l’hyper casher ? Je crois que tout le monde connaît la réponse.