Françoise Giroud (1916-2003) est née Lea France Gourdji le 21 septembre 1916, à Lausanne, en Suisse.
La célèbre journaliste, co-fondatrice de « L’Express », directrice de la rédaction jusqu’en 1974, deviendra secrétaire d’Etat à la condition féminine (1974-1976) puis à la Culture (1976-1977).
Son père, Salih Gourdji, dirigeait l’Agence télégraphique ottomane à Constantinople, en Turquie, sa ville natale. Elda Faraggi, sa mère, était originaire de Thessalonique, en Grèce.
Lea France n’a que onze ans lorsque son père meurt. A 14 ans, elle quitte l’école pour travailler et aider sa mère financièrement, avec un unique diplôme de dactylo, qui se révélera bien utile dans sa carrière journalistique.
Employée de librairie boulevard Raspail à Paris, elle devient secrétaire d’André Gide, puis scripte de Marc Allégret, ami de la famille. Assistante de Jean Renoir en 1937 – son nom apparaît dans le générique de La Grande Illusion – elle sera scénariste pour Jacques Becker en 1938, travaille pour la radio où elle prend le nom de Françoise Giroud.
Lors de l’exode de 1940, la famille rejoint Clermont-Ferrand où vit sa sœur Djénane.
Lorsque les lois raciales sont promulguées, elle ne se fait pas recensée et n’a pas porté l’étoile jaune, tout comme sa mère Elda et sa sœur Djénane, rappelle Laure Adler dans sa biographie, « Françoise », parue chez Grasset, en 2011.
Alix de Saint-André dans « Garde tes larmes pour plus tard » (Gallimard, 2012) apportera de nouveaux éléments à propos d’un vrai-faux acte de baptême, délivré le 23 avril 1942, avec une fausse date, grâce à un curé de l’Allier.
Le chanoine Bardet, à Montcombroux-les-Mines, réalise en effet des certificats antidatés en 1917, pour la fille et sa mère, rajoutant même pour cette dernière « après avoir renoncé à sa foi musulmane ».
Ce curé accommodant aurait été contacté car les Gourdji ont vécu à Nice et des connaissances niçoises travaillaient dans la mine du village.
Avec ses origines falsifiées, Françoise Giroud entreprend en mars 1942 des démarches administratives auprès du Comité d’organisation de l’industrie cinématographique, pour continuer de travailler dans le cinéma.
Utilisant son pseudo de Giroud, elle sera reconnue comme « scénariste d’origine catholique », et déclare sous la foi du serment être de race aryenne.
Le 15 juin 1942 elle obtient son autorisation de travailler de l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC).
En 1943, elle écrit dans « Le Pont », périodique allemand édité en français, créé par la Propagandastaffel en 1940 et destiné aux travailleurs français en Allemagne. Elle écrit aussi dans « Paris-Soir », dont la rédaction s’est repliée à Lyon.
Françoise Giroud, qui a été agent de liaison dans la Résistance, sera arrêtée par la Gestapo sur dénonciation. On lui reprochera d’avoir hébergé un chef de l’Armée secrète.
Incarcérée à Fresnes de mars à juin 1944, elle sera libérée grâce à l’intervention du collaborateur Joseph Joinovici.
Françoise Giroud a toujours voulu cacher sa judéité, jusqu’à ce que son petit-fils Nicolas (fils de Caroline Eliacheff et de Robert Hossein), décide d’enquêter sur ses origines familiales en 1982.
Dans une lettre, il demande à sa grand-mère si elle est juive. Françoise Giroud niera mais, poursuivant ses recherches, il tombe sur des papiers d’état-civil qui ne laissent aucun doute.
En 1988, Françoise Giroud lui révèle la vérité dans une lettre : « Ta grand-mère est née juive. Pour te dire cela, je dois rompre un serment fait à ma mère sur son lit de mort ».
Nicolas Hossein-Eliacheff pourra alors renouer avec ses origines.
Devenu rabbin, il a pris le nom hébraïque d’Aaron Eliacheff, et exerce son ministère à Strasbourg.
Source : La face cachée de l’ Étoile jaune-Thierry Noël Guitelman
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