Sarah Cattan. Gaza: Le rap trop amical d’Abdel Rahman al-Shantti, 11 ans

Hey Nicolas, Toi dont la blagounette très moyenne ne m’a guère blessée, Connais-tu Abdel Rahman al-Shantti.

Star du rap palestinien via une vidéo devenue virale. Un million de vues quand même, jusque sur les ondes saoudiennes, et les éloges de rappeurs célèbres vantant le charisme, le savoir-faire fort et inspirant et l’espoir innocent du garçon.

La chose s’est gâtée lorsque le jeune intrépide, interrogé par Russia Today sur son message, s’est piqué de préconiser l’amour entre Gaza et Israël : Je voudrais répandre l’amour entre nous et Israël.  Il n’y a aucune raison de se battre et de faire des guerres. Nous devons permettre à cette relation de s’améliorer de plus en plus.

Faut-il relayer les réactions critiques, voire assassines, de Gaza : même le père du jeune homme en prit pour son grade, lui qui n’avait pas enseigné à l’enfant la cause palestinienne : ( sic ) Lorsqu’un jeune garçon n’étudie pas suffisamment l’histoire de sa patrie, il est très facile de planter ces idées dans sa tête, put-on lire sur les réseaux sociaux. Malheureux père assigné à se justifier et à expliquer que le fils, jeune, fatigué, prônait la paix avec le monde, et non avec l’Etat hébreu spécifiquement.

Heureusement, d’aucuns, sur les mêmes réseaux sociaux, se demandèrent pourquoi il était inacceptable de vouloir vivre en paix avec Israël : Où est le problème lorsque nous recherchons la paix avec les voisins, écrivit une militante politique de Deir al-Balah, Gaza : Les paroles du garçon étaient magnifiques. La paix ne signifie pas abandonner la Palestine.

Les envoyés spéciaux du NYT Adam Rasgon et Iyad Abuheweila ont rappelé à raison que les appels à la coexistence avec Israël étaient tabous dans de nombreux cercles à Gaza où il était fort mal vu de traiter Israël comme un État normal ( sic ) avec lequel on pourrait avoir des relations normales.: Certains actes de normalisation, y compris les activités ou la communication avec les Israéliens, pouvaient être considérés comme des crimes à Gaza : des militants pacifistes palestiniens n’avaient-ils pas dû rendre des comptes après avoir tenu une conversation vidéo avec des Israéliens et Rami Aman, le principal organisateur de l’appel vidéo, n’était-il pas toujours en prison, le temps que le procureur militaire du Hamas décide … de l’inculper ou non. ( sic )

Ouf : aucune autorité n’est allée suggérer que les commentaires d’Abdel Rahman avaient franchi  la ligne. Le jeune homme, il est vrai, a très vite nuancé ses propos : sa musique visait à transmettre la souffrance des Palestiniens à Gaza, dont l’économie était dévastée par le blocus israélien et égyptien, et Lui voulait aussi partager un message de paix et d’égalité : Vous devez traiter les autres comme vous voulez être traité. Je souhaite que nous puissions arrêter la violence et la discrimination de différents endroits et de différentes races.

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