Un maître de l’enseignement secondaire me disait tantôt :
Il ne faut pas être injuste : ce que les pédagogistes et les scientologues de l’éducation m’ont aidé à comprendre, c’est que la Syntaxe peut être considérée comme une marâtre d’extrême-droite, ennemie du Peuple.
C’est un point essentiel.
Je savais depuis longtemps que la littérature ne lui voulait pas du bien mais je n’avais pas pris la mesure du carcan tyrannique que constituait la seule Syntaxe.
Non contente d’articuler distinctement et d’établir des relations hiérarchiques entre constituants, elle contribue à brider l’expression libre et spontanée de la pensée.
Elle cloisonne ce qui devrait demeurer à l’état continu et fluctuant, elle empêche ce qui surgit de neuf : la Révolution.
La Syntaxe, j’en ai conscience, est une construction arbitraire, une mauvaise institution qui reconduit sournoisement toutes les formes de domination.
Faut-il rappeler aussi l’analyse prétendument logique (il faudrait dire sexiste et suprémaciste) qui fait apparaître dans les phrases complexes (il faudrait dire bourgeoises, car la complexité est d’essence bourgeoise) des …subordonné.e.s.
Ainsi donc il y aurait des phrases dites Principales qui soumettraient et subjugueraient des…subordonnées ? N’y a-t-il pas là clairement un éloge déguisé de la tutelle, du protectorat paternaliste et patriarcal et finalement de l’esprit colonial. Pourquoi donc une proposition devrait-elle se régler sur une autre et consentir à ce joug ?
Il convient de ne plus enseigner un système qui se complaît à faire perdurer une institution qui discrimine et hiérarchise.
Nous voilà tous de nouveau libres et égaux.
Professeur de Littérature Antoine Desjardins est co-auteur de “Sauver les lettres – Des professeurs accusent” (Editions Textuel). Membre du Comité Les Orwelliens, il écrit dans le Figaro Vox, Marianne, Causeur.
© Antoine Desjardins
Otez-moi d’un affreux doute.
J’aimerais bien avoir la certitude que cet article est en deuxième (énième…) degré.
Et que son auteur, en vérité, s’offusque des tentatives obstinées, bien que récentes, de modifier les règles de la langue française pour, entre autres, se conformer à une idéologie « inclusive ».
Tentatives dont la destruction (« déboulonnage ») de la syntaxe française actuellement en vigueur pourrait faire partie.
Le tout sous la poussée mortifère de la « cancel culture » importée ici par les vents d’ouest.
MAIS rien dans cet article n’exclue l’hypothèse inverse : à savoir que l’auteur est favorable à la destruction de la syntaxe… Et que tout est en premier degré…
Qui pourra m’éclairer ?
Gérald. Certainement Vous n’avez jamais lu Antoine Desjardins. Contributeur régulier ici mais encore dans quelques publications respectables. Auteur de « »Les science de l’éducassion m’a tueR ! » ( 10 juin 2015 ), Membre du Comité Orwell…
Pourquoi pensez-vous que je n’avais jamais lu Desjardins ? Si. Dans Causeur.
Pas très assidument, il est vrai : pas que ça à faire.
Et après ?
Faut-il, pour le comprendre, avoir lu ses œuvres complètes au préalable ?
Car, si tel est le cas, nous sommes sans doute quelques-uns à avoir d’autres priorités.
Bref, vous ne répondez pas à ma question : son article est-il en second ou premier degré ?
Milite-il pour ou contre à ce que la syntaxe ainsi que d’autres pierres angulaires de la langue française soient jetés par-dessus bord histoire d’éviscérer la francité de l’intérieur ?
Oh! Je ne parlais que de ses contributions ici… Et ailleurs en effet.
Moi non plus, je ne maîtrise pas mon Desjardins.