Sarah Cattan. Israël participe au Tour de France

Le Tour de France, dans la mémoire collective française, ( Mais si ! Elle existe encore ! ),   c’est l’été. Et très précisément juillet. Ça ne fait pas partie des questions qui se posent, ça : Tu l’regardes, toi, le Tour ?

La réponse n’a en effet aucune importance. Tous on sait qu’il est là, sorte de petite musique bien à nous, rituel auquel nous sommes tous étrangement attachés depuis tout petits. Fond sonore très particulier, un brin monocorde, qui revient chaque après-midi. Autre chose que la régularité du son des balles de Rolland Garros ,  le transistor distille les étapes, , une chaîne télé a acquis les droits, des noms reviennent, des équipes se font jour, le sprint final, mais encore les histoires de dopage, les spectateurs imprudents et addicts, la caravane publicitaire, une Arrivée chaque soir, des hôtesses qui embrasseront le trio vainqueur et champagne festif à celui qui revêtira « le » maillot, en sueur ou sous la pluie.

On ne regarde pas le Tour de France. On regarde les Tours de France, écrit à raison Philippe Delerm, tant dans chaque image du peloton lancé sur les routes d’Auvergne ou de Bigorre s’inscrivent en filigrane tous les pelotons du passé. Sous les maillots fluo, phosphores­cents, on voit tous les anciens maillots de laine — le jaune d’Anquetil, tout juste para­phé d’une broderie Helyett ; le bleu-blanc­rouge de Roger Rivière, avec ses manches si courtes ; le violine et jaune de Raymond Pou­lidor, Mercier-BP-Hutchinson.

Et puis Le Tour de France, d’où qu’il partît, il traversera cette France aimée, pour finir en apothéose … sur Les Champs Elysées.

Sur l’écran du téléviseur, les étés se ressemblent, et les attaques les plus vives ont goût de menthe à l’eau finit le poète, ajoutant cette année : Le Tour est un rite inscrit dans les gènes des Français, une façon de vivre et d’organiser ses journées ; c’est le droit de s’avachir sur le canapé alors qu’il fait beau dehors sans craindre les reproches, c’est entendre sa grand-mère dire que ce qu’elle aime ce sont les paysages, ce sont mes oncles paysans qui quittent les champs pour s’installer devant le poste de télévision, c’est camper sur la route du Tour en espérant distinguer les coureurs qui passent à toute vitesse… Tous ces événements constituent une mythologie de l’été et chacune de leur absence est une petite mort qu’il nous faut accepter[1].

Notre madeleine de Proust

              Sauf que cette année, il aura, comme tout le reste, une couleur particulière, le Tour 2020, Covid oblige.

Covid et Tour

Balayant tout sur son passage. L’Euro est annulé. Le Tour a été reporté.  La 107éme édition démarre aujourd’hui 29 août. Vous en aurez jusqu’au 20 septembre.

Inédit il sera. 2 joueurs contrôlés positifs dans une équipe, du coureur au soigneur ou au mécanicien, et l’équipe sera éliminée.

Féminisme, disent-ils…

Inédit parce que les féministes ont eu … gain de cause : Le Tour de France dégrade l’image de la femme,ont décrété Nathalie Appéré, la maire socialiste, aidée de sa majorité verte, Rennes ayant été sollicitée pour être le top départ du Tour 2021 : Trop onéreux. Trop de déchets générés par … la caravane publicitaire.  Et puis, et puis, ces hôtesses qui dégradent « l’image de la femme ». Certes. Certes. Pudeurs étonnantes émanant d’une élue qui, en juin 2019, avait inauguré … les locaux du centre culturel et cultuel islamique At Taqwa, s’affichant avec tout ce qui compte, et, aussi, des fillettes portant hijab. Rennes. Qui autorisa en 2019 le burqini dans les piscines publiques. Et qui se mêle aujourd’hui de nous parler féminisme.

Israël et Tour!

Mais inédit, le Tour le sera surtout parce que cette année il faudra compter avec Israël. Allez y voir sur twitter : le Compte Twitter officiel de l’équipe UCI WT «Israel Start-Up Nation» et de l’équipe Conti «Israel Cycling Academy» annonce son objectif : Développer la prochaine génération de cyclistes d’Israël.

Eh oui : Israël-Start-Up-Nation s’est invitée. Tout ça à cause de lui, Sylvan Adams, ce milliardaire qui décide d’acheter une équipe de cyclistes. Qui se paie les meilleurs. Et vous savez quoi ? Dans une vidéo sur France TV sport, il dit clairement Ma marque c’est Israël. Est-ce que je fais de la diplomatie ? OUI ! OUI !

Il se fiche, Sylvan Adams, que les palestiniens soient condamnés à regarder Israël faire sa promo en Europe alors qu’eux sont empêchés de pratiquer leur sport.

BDS pas contents. BDS jamais contents

Israël dans le Tour de France ! What ! La haine se mit elle aussi au rendez-vous, et même elle s’organisa, parlant déjà d’une édition qui se distinguait non seulement par le Covid-19 mais également par le virus Israël qui vient entacher, par sa présence macabre, l’incontournable compétition sportive de l’été.

Et comme de bien entendu est repris à l’encan, par un gars qui se prétend journaliste[2],  le discours sur l’Etat sioniste, colonial et raciste qui représente un danger pour la paix dans la région et dans le monde : Sa présence dans le tour de France, à coup de millions d’euros fournis gracieusement par un milliardaire canadien, n’a rien de sportif. C’est une insulte à l’humanité et un affront aux droits de l’homme.

Le seul but des instigateurs est de blanchir les crimes d’Israël et de maintenir le mythe de la sacro sainteté de « l’élément » juif.

Chose faite. Les organisateurs du tour de France ont fait le jeu de la propagande sioniste.

Pour une poignée d’euros, ils participent et encouragent l’extension de l’apartheid Israëlien qui opprime et domine le peuple palestinien.

L’image de marque du Tour de France n’avait pas besoin de cette tâche indélébile.

Vive le sport, à bas l’apartheid Israëlien !

Tout ça, ajoute un Communiqué de BDS France, la faute au programme « Brand Israël », financé depuis 2005 à coup de millions d’euros, véritable instrument de propagande puissant pour redorer l’image d’Israël à travers la culture, le sport, le tourisme ou même les échanges universitaire. La campagne BDS vise à contrer ces opérations de propagande, rappeler la situation des palestiniens, et éveiller une conscience citoyenne

Israël Apartheid Nation ne doit pas participer au Tour de France !

Le Tour de France ne doit pas pédaler pour l’apartheid ! #israelapartheidnation

Ça s’organise dans tous les sens chez BDS and C°.

Ils ont dû distribuer des … bonbons lorsque l’irlandais Dan Martin a chûté lors de la deuxième étape du Critérium du Dauphiné, et ils prieront tout leur saoul pour que son claquage le fasse déclarer forfait.

Ne désespérons pas. Regardez-moi un peu ça : ce Saeid Mollaei, judoka iranien de son état, réfugié en Allemagne après avoir dénoncé les pressions de Téhéran pour l’empêcher … d’affronter un Israélien lors des Mondiaux de judo, et qui vient se féliciter sur les réseaux sociaux de … l’accord entre les Emirats arabes unis et Israël !

Menaces, colère, commentaires haineux foisonnent et foisonneront sur les réseaux sociaux. Suivis de Plaintes. Signalements. Comme d’hab, quoi.


[1] Écrivain, passionné de sport, Philippe Delerm est notamment l’auteur de La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules aux Éditions de L’Arpenteur.

[2] Selimane Saydi.

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