Antoine Desjardins. *Par derrière*

Le Monde a fait sa une avec Assa Traoré « la combattante », soyez certain qu’il ne le fera pas avec Augustin, qui a défendu des jeunes filles harcelées par des racailles.

Il n’a pas la bonne couleur de peau. Tant pis pour lui.

Ni la bonne allure. Le vêtement ne sied pas. Il se pourrait qu’on fût en présence d’un Français qui parlât français avec plus de mots que nécessaire et peut-être une syntaxe élaborée, un peu suspecte.

Ce serait intéressant d’imaginer toutes ces Unes et tous ces dossiers spéciaux que Le Monde aurait pu faire avec une photo-icône héroïque, emblématique, didactique, et dont il a laissé passer l’opportunité !

La pression sur l’opinion publique passe désormais par l’image, chacun le sait. Nous sommes gouvernés (c’est à dire contrôlés) par des images. Des images-événements.

Mais les valeurs n’eussent pas été les bonnes : honnêteté, dévouement, sens de l’honneur, justice, amour de son pays, compassion, douceur.

Vous n’y songez pas !

Il eût fallu, au contraire, promouvoir le Vice : la destruction, la délinquance, la revanche, la vengeance, la victimisation de soi, la haine indigéniste, le racialisme, l’intolérance, la détestation de la France. Il eût fallu être financé et promu par des minorités militantes étasuniennes et des milliardaires gauchistes ennemis de nos principes laïques et républicains et adversaires de notre souveraineté.

Il eût fallu du ressentiment.

Augustin n’a pas les bons réseaux. Pas le bon nom. Pas la bonne couleur politique non plus.

Certes il est seul mais il ne se veut pas hors-la-loi.

Encore une fois, il eût fallu n’avoir pas la peau si claire, n’être pas présumé (à tort ou à raison) de culture ou de foi chrétienne, il eût fallu n’avoir ni foi ni loi, montrer patte sombre, dévider les codes laborieux et ostentatoires du refus du code républicain et des valeurs du pays d’accueil.

Il eût fallu être un opprimé subventionné, un opprimé de naissance, avec tous les émoluments et avantages et passe-droit, avec toute la bienveillance attachée à cette fonction.

Il eût fallu avoir troublé l’ordre social avec constance, avoir un peu racketté, avoir pratiqué quelques chantages, avoir incendié quelques bus et quelques écoles avec zèle.

Il eût fallu avoir crié comme un putois que la France est raciste, moisie, rance.

Il eût fallu être un rebellocrâte appointé susceptible de connaître l’apothéose dans Libération, par la plume d’un écrivain décadent, obscène ou pornographe, installé bourgeoisement dans la promotion de la corruption et très studieusement enclin à chanter la grandeur de la trahison, la beauté de la mauvaiseté, la noblesse de l’ignominie, dès lors qu’elles procèdent de ceux qui aspirent à désintégrer la France et à pousser le bouchon indigéno-islamiste le plus loin possible, tout en vivant à ses crochets.

Non Augustin et ses semblables (comme Marin !) n’auront jamais la gloire du Monde, journal impartial et objectif.

Ils n’ont pas les moyens humains, matériels, idéologiques de faire événements. Ils ne sont pas de bons clients, ils ne désignent pas les bons coupables, ils n’entrent pas dans le Récit conforme qu’on veut matraquer, que l’oligarchie du moment veut faire passer en force.

Il n’ y a qu’un seul péril et c’est l' »extrême droite », bien française.

A les entendre il semblerait donc que la vertu (et je pense par exemple aux vertus remises à l’honneur à juste titre, naguère, par l’excellent André Comte-Sponville) fût d’extrême-droite…

La mâchoire fracassée, Augustin ne peut s’en prendre qu’à lui-même : il n’est pas un migrant, il n’est pas clandestin, il a obéi à une morale désuète et conservatrice.

Il a été frappé par derrière : un grand classique.

Il étaient plusieurs contre un seul : un grand classique.

Des Augustin, des Marin (coma, chaise-roulante, séquelles à vie) il y en a des centaines mais si on parle de ces jeunes-gens, voyez-vous, on fait le jeu de l’extrême-droite. Si on s’interroge sur le processus par lequel la racaille prospère, se développe, s’enhardit, se trouve encouragée, s’installe dans la toute-puissance par impunité, grâce au blanc-seing délivré par des édiles, des élus, des journaux, des grands bourgeois véreux (cf Mignard), des islamistes pernicieux, des capitalistes immigrationnistes, des intellectuels faisandés, on fait le jeu de l’extrême-droite.

Quand Zineb El Rhazoui , journaliste et militante, rescapée de la tuerie qui avait visé Charlie Hebdo, dit haut et fort que la seule et véritable menace fasciste ou totalitaire en France, c’est celle que fait peser la montée de l’islamo-fascisme (le grand écrivain algérien Boualem Sansal, lui aussi, fait, depuis longtemps, ce rapprochement éclairant) personne ne l’écoute.
Comme la policière Linda Kebbab, par exemple, insultée et traitée d’Arabe de service, elle ne correspond pas aux standards gauchistes, puisqu’elle défend la France et la République. Jamais Zineb n’aura les honneurs du Monde pour sa lutte justifiée, hautement courageuse et même héroïque.

A chacun de se faire désormais son idée sur la valeur de la presse « française » et en particulier du journal Le Monde.

#JeSuisAugustin

Professeur de Littérature Antoine Desjardins est co-auteur de “Sauver les lettres – Des professeurs accusent” (Editions Textuel). Membre du Comité Les Orwelliens, il écrit dans le Figaro Vox, Marianne, Causeur.

© Antoine Desjardins