Le Mémorial et Yahad – In Unum, la fondation du père Desbois, sont partenaires depuis plus de 10 ans. Au début de l’été, de nouveaux objets, issus de fouilles à proximité des charniers de la Shoah par balles, ont été confiés au musée de Caen.
Un casque de soldat de la Wermacht parfaitement conservé, trois livres en hébreu, quatre toupies métalliques avec des inscriptions en hébreu ; une bague en forme d’étoile de David… Les objets sont délicatement posés sur le canapé, dans le bureau de Stéphane Grimaldi, directeur général du Mémorial de Caen. Ils vont rapidement rejoindre les réserves du musée.
Depuis le début de la relation entre le Mémorial de Caen et Yahad – In Unum, c’est le quatrième dépôt d’objets et d’archives réalisé par la fondation du père Desbois. « Nous devons aujourd’hui atteindre les 400 objets,»
compte Stéphane Grimaldi. « Certains sont exposés dans nos parcours consacrés à la Shoah par balles. Les autres sont conservés dans nos réserves, à la disposition des chercheurs. Ils peuvent être prêtés pour des expositions, toujours avec l’accord de la fondation. »
« Des preuves des massacres »
Le père Desbois se consacre à la mémoire de victimes de la Shoah par balles, qui faisait partie de la Solution finale pensée par les Nazis pendant la Seconde guerre mondiale. « Le premier combat du père Desbois a été de donner des sépultures à ces dizaines de milliers de victimes. Il a poursuivi son œuvre en organisant des fouilles pour retrouver les charniers et les objets, ainsi que des témoignages des habitants qui ont assisté aux massacres »,
explique le directeur du Mémorial.
Les objets collectés ont deux origines principales : les fouilles réalisées dans l’environnement des charniers, mais aussi les voisins des personnes assassinées. Certains objets ont été volés dans les maisons des morts, d’autres ont été conservés en mémoire d’un voisin ami.
« Les objets collectés lors des fouilles sont des objets terribles. Ils ont souvent été abandonnés à la va-vite par les Juifs, au moment où ils se rendent compte qu’ils vont être tués. On retrouve des bijoux, des bagues, des toupies d’enfants, mais aussi des milliers de douilles, parfois des armes chauffées à blanc et abandonnés par les Allemands, parce qu’inutilisables. »
Pour le prêtre, cette collecte macabre est essentielle. Les objets, les témoignages des habitants constituent des preuves
des massacres.
La Shoah par balles : plus de 3 millions de morts
La Shoah par balles « a fait près de 3,3 millions de morts, sur les 6 millions de l’Holocauste »,
poursuit le directeur du Mémorial.
Cet épisode concerne les pays de l’est de l’Europe comme la Pologne, la Biélorussie, la Lituanie ou l’URSS. Il correspond à l’offensive allemande vers l’Union Soviétique. Dans le sillage de l’armée, quatre einsatzgruppen, des groupes d’intervention chargés d’exterminer les populations juives des territoires conquis. Cette opération a été pilotée par Heydrich et Himmler. Leur objectif : « passer l’Europe au peigne fin »
.
Ces massacres ont pu être perpétrés grâce à des collaborations locales. Ils se sont déroulés « au vu et au su de tous »
, insiste Stéphane Grimaldi.
La Shoah par balles commence en septembre 1941, avec le massacre de Babi Yar, près de Kiev (Ukraine). 33 771 juifs sont massacrés en trois jours. Une extermination qui débute donc avant la conférence de Wannsee de 1942 à Berlin, souvent présentée comme la réunion marquant le lancement du génocide.
Yahad – In Unum, la fondation du père Desbois créée en 2004, travaille sur ces questions. Elle a noué une relation forte avec le Mémorial de Caen depuis 2010. Ce partenariat a trois expressions : un espace consacré à la Shoah par balles dans les parcours du musée, le dépôt au Mémorial de tous les objets issus des fouilles ou remis au père Desbois par des habitants, et l’organisation d’un séminaire annuel sur l’enseignement de la Shoah. Il est ouvert aux professeurs de toute l’Europe.
Poster un Commentaire