Les faits
Mardi 4 août 2020, au Liban, une double explosion s’est produite dans le port de Beyrouth. Les causes de la double explosion sont déterminées par l’autorité libanaise : la nature et la quantité de l’explosif (2750 tonnes de nitrate d’amonium), sa présence dans un dépôt de feu d’artifices et à proximité immédiate de dépôt d’armes. L’impact de l’explosion s’est étendue dans un rayon de quatre kms.
Le bilan humain : des milliers de blessés, des morts constatées et à venir. Le bilan matériel : la dévastation de quartiers et de la banlieue de la capitale libanaise : plus de 300.000 personnes sans logement .
Le président de la république libanaise, Michel Aoun, a convoqué en urgence le conseil supérieur de défense. Le président du conseil a menacé les responsables de sanctions.
Il convient, à ce stade, d’examiner le statut et la stratégie du Liban.
1- Le Liban est en Droit un état souverain, il est en fait un Etat suzerain
Le Liban vit de fait la situation d’un Etat suzerain. Il est inféodé à la « république islamique » d’Iran, via plusieurs agents que sont le Hezbollah, le président de la république libanaise, le président du conseil, le président du parlement, l’ambassade d’Iran à Beyrouth.
Le Hezbollah est officiellement un parti politique libanais représentant les intérêts des chiites libanais.
En réalité, le Hezbollah est le premier parti libanais par le financement, sa composition civile et militaire. Sa milice est une armée plus puissante et plus structurée que l’armée libanaise. Le parti et son armée sont financés par l’Iran.
Le Hezbollah se caractérise par une série de violations de la réglementation internationale et libanaise.
Il est la seule milice à avoir défié et violé la Loi libanaise d’interdiction des mouvements armés.
Il viole les accords de cessez-le feu entre le Liban et Israël, contrôle la frontière libano – israélienne, lance des roquettes quasi-quotidiennes contre le territoire israélien. Les agressions du Hezbollah contre Israël se déroulent avec la complicité passive de l’armée libanaise et de la FINUL (soldats de l’ONU chargés du respect du cessez-le feu entre le Liban et Israël). Les preuves de la complicité du Liban et de la FINUL sont régulièrement établies par les experts dépêchés par l’ONU sur place…avant de subir des enterrements de première classe.
Outre le port de Beyrouth, le Hezbollah contrôle au Liban de nombreuses zones dont les quartiers reliant la ville à l’aéroport international de Beyrouth.
Le Hezbollah est ainsi la première puissance sociale, civile et militaire du Liban. Son influence opératoire atteint l’ensemble des rouages de l’économie et des instituions libanaises. l’effondrement de l’un et de l’autre sont consécutives à l’effondrement-source de l’Iran.
Les nominations des présidents de la république (chrétien maronite), du conseil (musulman sunnite), du parlement (musulman chiite) ne peuvent plus s’effectuer sans l’assentiment ou la proposition du Hezbollah.
Le Hezbollah tabasse régulièrement, devant les caméras de la presse internationale et nationale, dans les rues de Beyrouth et de Tripoli (seconde ville du Liban), les manifestants qui réclament le départ de la classe politique qu’ils estiment corrompues.
Enfin, et à l’image des mouvements fascistes de l’entre deux guerre, le Hezbollah pallie les carences sanitaires, économiques, financières de l’Etat à l’égard des plus pauvres des citoyens libanais, chiites ou non. Ses largesses lui permettent une solide armée de militaires mais aussi de civils reconnaissants et redevables de la solidarité humaine et stratégique du Hezbollah.
Le président de la république libanaise, le général Michel Aoun, fut sauvé par l’armée israélienne lors de la guerre civile libanaise de 1975. Il appartient à la nomenclature institutionnelle libanaise détestée par les populations qui manifestent dans le pays contre la corruption politique et la ruine du pays. Chrétien maronite, il est l’allié électoral et politique du Hezbollah chiite et pro-iranien dont il défend régulièrement les intérêts au nom de ce qu’il proclame la liberté du Liban. Il estime nécessaire la présence et la combativité du Hezbollah dans l’éviction d’Israël des fermes de Sheba, revendiquées par le Liban et la Syrie, et dont l’ONU ne parvient toujours pas à saisir la position libanaise.
Le président du conseil
Quant ils ne sont pas assassinés (Rafic Hariri), les présidents du conseils libanais sont aux ordres du Hezbollah auquel ils doivent désormais leurs postes.
L’assassinat de Hariri en plein Beyrouth, voici quelques années, n’a pas déstabilisé le Hezbollah mais l’a au contraire renforcé. Les fortes présomptions de culpabilité du Hezbollah l’on fait réagir en menaçant les magistrats libanais qui ont délégué le dossier à un tribunal spécial pour le Liban (TSL) qui siège temporairement aux Pays Bas! C’est le vendredi 7 août 2020 (trois jours après la double explosion) que le TSL devait rendre public son jugement. Il vient de préciser que compte tenu de l’explosion, il en retardera la publication…
Le chef du gouvernement actuel, universitaire de renom, n’échappe pas à la règle de l’obéissance tacite au Hezbollah. Sur l’ensemble des sujets, la présidence du conseil applique les recommandations nationales et internationales du Hezbollah avec des silences qui n’ont d’égaux que la promptitude à s’exécuter.
Le président du parlement
Expression manifeste des récriminations des publics libanais contre les « aparatchiks » politiques, le président du parlement tient son poste depuis 1992. Chiite, membre du parti chiite Amal, Nabi Berri est l’allié objectif et subjectif du Hezbollah. Ils partagent les mêmes aspirations religieuses dans le cadre du parlementarisme confessionnel en vigueur au Liban.
L’ambassade d’Iran à Beyrouth gère publiquement, directement et indirectement les finances, la politique, l’armement, l’équipement du Hezbollah. L’Iran affiche sa qualité de défenseur de l’Islam chiite contre les mécréants en général et le pourfendeur d’Israël en particulier. Comme l’Iran, le Hezbollah viole à peu près tous les domaines de la « légalité libanaise » et des réglementations internationales. Il décide de la politique intérieure et extérieure du Liban, devenu un protectorat iranien. Il a infiltré le cabinet , le parlement, la magistrature, l’économie, la police et l’armée.
Quels que soient les résultats des enquêtes (in)dépendantes du Hezbollah, sa responsabilité dans le stockage des éléments explosifs et la proximité des armes est d’ores et déjà établie, compte tenu de son contrôle civil et militaire du port de Beyrouth.
En toutes hypothèses, la double explosion du port de Beyrouth est un symptôme éclatant de la situation créée au Liban par des autorités coupées des populations qu’elles sont pourtant chargées de protéger et de représenter.
2- Stratégies erronées du Liban depuis 1948
Les choix stratégiques du Liban lui sont tous néfastes (invasion d’Israël, appel au secours de la Syrie, accueil puis occupation du Hezbollah).
L’invasion d’Israël le jour de son indépendance en 1948 par les fantassins libanais s’est perpétrée jusqu’à Acco. Elle a constitué la percée la plus profonde d’une armée arabe en Israël. Repoussée par les soldats israéliens, cette agression a violé la résolution 181 de l’ONU créant Israël. Elle a permis à Israël le statut de légitime défense qu’Israël utilise légitimement et légalement en dépit de la propagande libanaise qui présente le Liban comme la victime.
Appel au secours des chrétiens à la Syrie
La guerre civile libanaise de 1975 a failli éliminer les chrétiens qui ont appelé au secours la Syrie…qui ne reconnaissait pas le Liban et qui a occupé le pays de nombreuses années en y semant la terreur civile et militaire.
Présence du Hezbollah au Liban
Les accords de Taëf ont mis fin à la guerre civile libanaise en 1989. L’un des principaux accords était l’élimination des milices. Elles ont toutes obéi sauf le Hezbollah qui s’est installé pour longtemps en administrant le territoire, la population chiite (directement) et non chiite (indirectement)du Liban pour l’Iran islamique…tout en influençant la présidence de la république, celle du parlement monocaréral, l’armée et les pouvoirs civils.
3- Impact des choix stratégiques libanais sur le destin de leur pays
Démocratie confessionnelle alors à majorité chrétienne, le Liban aurait été mieux inspiré en 1948, de tourner le dos aux diktats des dictateurs arabes dont le seul but était, à travers la destruction d’Israël, le maintien à leurs propres postes nationaux. Nul doute que les alliances proposées et garanties par les USA auraient associé les démocraties minoritaires israéliennes pour le bien de leurs peuples et au détriment des dictatures voisines.
Au lieu de cela, le Liban s’est solidarisé des dictatures arabes, a vainement combattu Israël, obligé ce dernier à se défendre sur tous les fronts, provoqué les immigrations arabes palestiniennes sur son sol, vécu la guerre civile, perdu sa souveraineté au profit de la Syrie puis de l’Iran…jusqu’à la crise économique et politique qui fini de ravager le pays des cèdres.
C’est injustement et sans expertise que le Liban est régulièrement présenté comme une victime des conflits et des influences contraires du Moyen-Orient.
C’est le Liban qui a contribué par les agressions ratées d’Israël à la déstabilisation de la région et de celle du pays.
C’est le Liban qui a abandonné une partie de son territoire à une armée étrangère (Hezbollah) dont les intérêts divergent de ceux de la population et de l’Etat libanais.
C’est le Liban qui protège les agressions du Hezbollah contre Israël.
Contrairement à la propagande hostile à Israël, et à l’argumentaire officiel libanais, le Liban porte la responsabilité du conflit avec Israël et les catastrophes de ce conflit sur le sol libanais.
Le Liban est incapable d’assumer sa politique belliciste. C’est en raison de son incompétence civile et militaire que le sud Liban était occupé par Israël qui devait se protéger contre les agressions libanaises. C’est la volonté seule d’Israël qui permit au Liban de récupérer le Liban Sud.
Depuis 1948, les peuples libanais et israéliens sont montés les uns contre les autres par les choix erronés et belliqueux du monde politique libanais.
Les explosions du port de Beyrouth, accidentelles ou volontaires, sont le résultat piteux et coupable de la classe politique libanaise depuis des décennies. Les manifestations quotidiennes des publics libanais contre leur classe politique bravent la terreur du Hezbollah. Le désastre économique du Liban est la conséquence du désastre politique. Le désastre politique est lié au désastre stratégique et diplomatique des choix de la nomenclature libanaise. Celle ci préfère tenir les postes acquis et cooptés plutôt qu’assurer le paix à leur peuple et à ceux qui l’entourent.
L’incompétence et la vénalité du personnel libanais ont conduit le pays à la faillite, à la guerre extérieure et intérieure, au protectorat de soumission au régime djihadiste de Teheran, et au mépris de toutes les règles des Nations-Unies prohibant la résolution armée des différents entre Etats.
Inverser la réalité, présenter le Liban comme une victime alors qu’il est l’un des facteurs de culpabilité dans le Proche-Orient en général et face à Israël en particulier, ne sert pas les officiels libanais.
Ce sont les peuples libanais et israéliens qui en pâtissent depuis 1948.
Pierre Saba
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