“L’affaire Gabrielle Russier, l’amour hors la loi” (3|6). Les 2 journalistes du Monde retracent le destin de cette enseignante dont l’histoire d’amour avec l’un de ses élèves fit scandale. Les parents de ce dernier, un couple d’universitaires, tentent de mettre un terme à cette relation en décembre 1968.
Le juge d’instruction Bernard Palanque feuillette le mince dossier qui vient de lui être confié. Une plainte pour « enlèvement et détournement de mineur », des procès-verbaux d’interrogatoire, des comptes rendus de filature, une rapide enquête de voisinage.
La plainte est signée de Mario et Marguerite Rossi, professeurs à l’université d’Aix-en-Provence. Le mineur est leur fils Christian, lycéen âgé de 16 ans et demi, qui n’a pas donné signe de vie depuis quinze jours. La personne visée, Gabrielle Nogues, née Russier, est une professeure de français et de latin au lycée Nord de Marseille qui entretient depuis quelques mois une liaison amoureuse avec son élève. Elle a été placée en garde à vue la veille et se trouve toujours dans les geôles du palais de justice. Bernard Palanque comprend mieux pourquoi le procureur l’a appelé alors qu’il n’était pas de service ce jeudi 5 décembre 1968. « L’affaire est délicate », lui a t-il soufflé.
« Je ne sais pas où il est »
Fils d’un recteur d’université, père de sept enfants, Bernard Palanque est aussi l’un des premiers adhérents du Syndicat de la magistrature, créé quelques mois plus tôt dans la foulée de Mai 68. Depuis sa nomination à Marseille, ce juge de 44 ans s’est occupé de plusieurs gros dossiers. Il vient de signer le renvoi devant la cour d’assises de la figure du milieu marseillais Mémé Guérini, impliqué dans l’assassinat d’un garçon de café tué de neuf balles dans la tête avant d’être précipité du haut d’une falaise.
La professeure qui lui fait face décline avec calme son identité.
« Où sont vos enfants ? s’enquiert-il en réalisant que cette femme trentenaire est mère de jumeaux de 9 ans, un garçon et une fille.
– La femme de ménage s’en occupe. Elle les prend souvent chez elle.
– Où est Christian Rossi ?
– Je ne sais pas. »
Bernard Palanque insiste.
« Je dois le retrouver.
– Je vous répète que je ne sais pas où il est. »
Le juge sait que la veille, lors de son interpellation gare Saint-Charles, Gabrielle Nogues a menti aux policiers. Elle a affirmé être venue consulter, pour son père, les horaires des trains en provenance de Paris alors que, selon le témoignage du guichetier, elle se renseignait sur les départs à destination de Turin. Mais elle refuse d’en dire plus. A lui de se débrouiller puisqu’il est « payé pour ça », lui lance-t-elle, bravache.
Bernard Palanque tente de la mettre en confiance. Le magistrat, fils d’universitaire, ne doute pas qu’il saura apaiser la professeure agrégée, fille d’avocat. Il la fait parler de son métier, du lien qu’elle a créé avec ses élèves, de leurs sorties en montagne ou à la mer. « Moi aussi, lui dit-il, j’ai eu un professeur de français-latin-grec qui nous emmenait en excursion. Parfois, il nous invitait chez lui. Son épouse nous offrait des goûters somptueux. Je m’en souviens bien, c’était pendant les restrictions en 1942 ! » A cette évocation, Gabrielle Nogues semble se détendre. Elle consent à lui donner le nom des plus proches camarades de Christian. Parmi eux, Luc Dubois.
« Dubois ? Le fils de René et de Colette ?
– Oui, répond-elle tout étonnée. Vous les connaissez ?
– Depuis plus de vingt ans ! »
Gabrielle est reconduite en cellule pendant que Bernard Palanque compose le numéro de téléphone des Dubois. Les deux couples fréquentent le même cercle de réflexion catholique. Colette décroche le combiné. En entendant le juge Palanque lui expliquer qu’il est à la recherche de Christian Rossi et qu’il aimerait parler à son fils Luc, elle sent sa gorge se nouer. Colette Dubois aime beaucoup Gabrielle et ne comprend pas les poursuites dont elle fait l’objet. Elle a permis plusieurs fois aux amants de se retrouver discrètement dans sa belle propriété familiale. Depuis quelques jours, c’est chez eux que Christian a trouvé refuge.
« Il a appelé Luc. Il est à Nice », ment-elle tout à trac.
Elle ajoute aussitôt qu’ils feront tout pour le convaincre de se présenter devant le juge. Son mari ira lui-même le chercher pour l’accompagner, promet-elle. Bernard Palanque est soulagé. Il a toute confiance en Colette et René Dubois.
Tout cela est la faute de cette femme qui a « ensorcelé » leur fils et lui a fait perdre la raison, elle est capable de s’enfuir avec lui, assurent les parents de Christian, dans le bureau du juge
La soirée est déjà bien avancée quand un fourgon de police se présente au domicile des Rossi. Le juge a eu des nouvelles de leur fils et souhaite les rencontrer, leur dit l’agent sans autre précision. Bernard Palanque voit entrer dans son bureau un père dévoré d’inquiétude. « Christian va bien, il est à Nice ! », le rassure le juge. Mario Rossi s’effondre en larmes, il avait envisagé le pire. Quand son épouse le rejoint, la peur laisse place à la colère. Tout cela est la faute de cette femme qui a « ensorcelé » leur fils et lui a fait perdre la raison, elle est capable de s’enfuir avec lui, assurent-ils. Quelques minutes plus tard, le juge signe la mise sous écrou de la professeure. Elle est incarcérée aux Baumettes, sous le numéro 57185.
Le lendemain, conduite sous surveillance policière à la résidence Nord, elle assiste à la perquisition de son domicile. Un inspecteur y découvre le cartable de Christian avec toutes les lettres de Gabrielle, ainsi que la perruque qu’elle utilise pour déjouer les filatures.
Pendant que les policiers ouvrent les placards, inspectent le contenu des boîtes de médicaments, un distributeur de mouchoirs en papier attire l’attention du juge. A l’intérieur sont dissimulées les lettres qu’elle a reçues de Christian.
La perquisition se poursuit. Bernard Palanque fait saisir un courrier à en-tête de René Russier, avocat au barreau de Paris, retrouvé dans un secrétaire. Gabrielle a fini par avouer à son père que c’était elle, et non pas une amie, qui entretenait une liaison avec l’un de ses élèves et avait besoin de conseils juridiques. René Russier ne cache pas ses inquiétudes à sa fille. Elle risque d’aller en prison, lui écrit-il, compromet sa carrière et son divorce, dont la procédure est toujours en cours. Dans une autre pièce, les policiers tombent sur des bobines de film. « Immontrable », indique l’étiquette manuscrite apposée sur l’une d’elles. Gabrielle retourne aux Baumettes.
La bobine « immontrable »
Le matin du dimanche 8 décembre, René et Luc Dubois accompagnent comme promis Christian dans le bureau du juge Palanque. Le jeune homme refuse de rentrer chez ses parents et René Dubois suggère à son ami Palanque de le lui confier en attendant la décision d’un juge des enfants. Pour Bernard Palanque, l’affaire est réglée : l’adolescent est sain et sauf, il est en de bonnes mains. Quant à la bobine « immontrable », elle ne révèle qu’un pudique moment d’intimité : Christian couché nu dans un grand lit, le corps à moitié dissimulé sous les draps, adressant un sourire heureux à la prof amoureuse qui le filme.
La détention ne se justifie plus, estime le juge, qui remet Gabrielle Nogues en liberté. Quand elle revient chez elle, mardi 10 décembre, Colette Dubois est là pour l’accueillir. Ses anciens élèves l’entourent de leur amitié et de leur sollicitude. Mais à l’approche des fêtes, le cercle se disperse. Sans nouvelles de Christian, Gabrielle confie sa mélancolie à son petit carnet à spirales. « Je regarde encore une fois les lumières de la ville, mais tous, vous êtes loin. Chris, j’aurais voulu me faire belle pour toi, rire avec toi », note-t-elle le soir de Noël.
A la demande du juge des enfants, Georges Besnard, l’adolescent a été placé provisoirement dans le centre d’observation pour mineurs des Chutes-Lavie. Il ne veut toujours pas entendre parler d’un retour au domicile familial. Face à sa détermination, le juge Besnard propose une solution de compromis : un logement autonome à la rentrée de janvier dans un foyer, en échange de la reprise de ses études en première, au lycée Thiers à Marseille, et du suivi par un éducateur. Les parents donnent leur accord mais Mario Rossi se méfie. Chaque jour, à 19 heures, il appelle le foyer pour s’assurer que son fils est rentré.
La passion l’emporte sur la peur
Au début, Christian donne le change, il est assidu aux cours, respecte les plages de liberté qui lui sont accordées. Les amants se revoient, vont ensemble au cinéma, au café, s’enlacent dans la Dyane. La voiture est suivie, les policiers consignent scrupuleusement la durée de leur étreinte sur procès-verbal.
Tant de contraintes ne tarde pas à les étouffer. Ils veulent plus de temps, plus d’espace, plus de liberté, plus de tout. Les amis de Gabrielle s’irritent de son insouciance. Ni Christiane Beulaygues, sa collègue du lycée Nord, ni René et Colette Dubois ne comprennent l’obstination avec laquelle elle se met en danger, et Christian avec elle, alors que l’instruction de la plainte est toujours en cours. Ils le lui disent, elle ne les écoute pas.
La réaction des parents Rossi ne se fait pas attendre. Pour eux, ce n’est pas d’autonomie dont leur fils a besoin, mais de soins. Ils décident de le faire hospitaliser d’office à la clinique psychiatrique de l’Emeraude. A peine arrivé, Christian s’enfuit en escaladant un mur, hèle un taxi, donne l’adresse de Gabrielle et débarque chez elle en pleine nuit. La passion l’emporte sur la peur, elle lui ouvre sa porte.
La justice les rappelle à l’ordre. Christian est convoqué chez le juge Besnard, Gabrielle est entendue par le juge Palanque. Pendant qu’il l’interroge, elle ignore que, sur les marches du palais, Mario Rossi désigne son fils à deux infirmiers, qui l’interceptent et le ramènent de force à l’Emeraude. Quatre murs, une lucarne, un lit rivé au sol pour seul mobilier, une porte verrouillée. Matin, midi et soir, les infirmiers veillent à ce qu’il ne recrache pas les doses de tranquillisant, de neuroleptique et de somnifère qui lui ont été prescrites. La cure de sommeil va durer trois semaines. Christian parvient à griffonner un mot pour Gabrielle qu’un jeune infirmier accepte de poster : « Souviens-toi de notre accord : il ne faut pas s’inquiéter et ne pas vieillir. Je ne sais pas ce qu’ils veulent au juste mais si c’est me faire oublier, ils peuvent attendre. Ti amo per sempre. »
La tentation d’en finir
Au onzième étage de la résidence Nord, deux de ses anciennes élèves, Françoise et Claudette, et surtout Gilberte Thouvenot, sa voisine et collègue du lycée, se relaient au chevet de Gabrielle. Son congé maladie a été prolongé, l’internement de Christian la consume, la tentation d’en finir la guette. Elle est secouée de tremblements, ne se nourrit plus, avale plusieurs fois des médicaments. Valérie et Joël, ses jumeaux, s’habituent à n’avoir que des corn-flakes pour tout dîner. « Maman est malade », dit tristement le garçon à ceux qui prennent des nouvelles.
Le cercle des amis s’est réduit. La rumeur répandue par Marguerite Rossi selon laquelle Gabrielle ferait « consommer de la drogue » à ceux qui lui rendent visite est parvenue aux oreilles des familles. Le juge Palanque est destinataire de courriers de parents indignés par l’« immoralité » de cette professeure qui détourne leurs enfants du droit chemin, les incite à la révolte et à la débauche. Geneviève, l’une des fidèles de la seconde C, a été chassée de la maison familiale. « Puisque tu es bien ailleurs, va donc vivre avec ceux que tu aimes ! », lui a lancé son père. Anne, sa chère élève, a été retirée du lycée Nord et envoyée à Lyon, où sa grand-mère est chargée de veiller sur elle et sur sa correspondance.
« Tout ce qui m’est arrivé tient de San-Antonio et de Racine, cela se terminera peut-être par un fait divers »
Gabrielle Russier (correspondance)
Dans les lettres qu’elle lui adresse, Gabrielle la vouvoie, use d’un mot codé – « les loups » –, pour désigner les parents de Christian, et signe d’un prénom d’emprunt. « Anne je vous en prie, n’écrivez plus à personne ou le moins possible, et faites très attention. Ils voient dans tous les mots des choses extraordinaires. Et aussi, je vous demande de jeter dans le Rhône tout ce que je vous ai envoyé, sauf L’Eau sauvage. Si nous sommes malheureux un jour, nous essaierons d’être élégants. Je te le promets. »
Aux autres élèves de la bande, elle crie son désarroi : « Vous m’avez tant appris, tant donné, que désormais je sais, et pour toujours, qu’il y a des choses qui méritent qu’on meure pour elles. J’ai voulu vous prouver qu’on pouvait lutter contre la sottise et la laideur. Je me suis cassé la gueule. S’il m’arrivait quelque chose, je ne veux pas que vous considériez cela comme un échec. Mais seulement comme la dernière, ou avant-dernière phase d’un combat que vous poursuivrez sans moi. Mais non pas seuls. »
A Fanchon, son amie d’enfance parisienne, elle confie le 18 février : « Tout ce qui m’est arrivé tient de San-Antonio et de Racine, cela se terminera peut-être par un fait divers. »
Epuisé, hébété par le traitement qu’il a subi pendant trois semaines, Christian se rend. Il accepte la nouvelle proposition de ses parents de partir s’installer à Montpellier chez sa grand-mère et de retourner au lycée.
Pour lui, Gabrielle veut reprendre des forces. Au volant de sa Dyane rouge, elle fait un aller-retour à Lyon pour rendre visite à Anne et récupérer ses cours de philo qu’elle espère pouvoir transmettre à Christian. Elle se rend aussi à Aix pour assister à un cours sur Baudelaire. « Je me suis retrouvée comme il y a deux ans, tellement heureuse d’être élève à nouveau, de prendre des notes », écrit-elle. Devant son ancien professeur Raymond Jean, venu partager un café avec elle dans un bistrot de la ville, elle sort de son sac une photo de Christian qu’elle lui montre, tout attendrie. Elle lit Sophocle, écoute en boucle la Misa Criolla, d’Ariel Ramirez, va voir Z, de Costa-Gavras, au cinéma avec Gilberte Thouvenot, s’enthousiasme pour Théorème, de Pasolini. Elle dépose une nouvelle candidature au poste d’assistante à la faculté de lettres d’Aix et une autre dans un lycée agricole. Mais elle se sent toujours épiée par ses voisins. « En ce moment, on lave beaucoup les carreaux le matin », raille-t-elle.
Amoureuse écorchée
Mi-avril, Gabrielle accepte l’invitation d’un couple d’amis à venir se reposer quelques jours dans le chalet qu’ils possèdent dans la station de ski de Pra-Loup (Alpes-de-Haute-Provence). Le séjour se passe mal. L’amoureuse écorchée ne supporte pas l’atmosphère de futilité qui règne autour d’elle et dans laquelle on cherche à l’entraîner. Elle a des mots cruels contre ses hôtes, « des gens qui rient pour rien et pour se cacher le désespoir de leur vie ratée ».
Surtout, la montagne et le ski lui rappellent douloureusement « les neiges de mars 1968 » avec Christian et les autres élèves. « Tant de splendeur. La neige et le soleil, un ciel si bleu. Jamais, et pourtant il m’est familier, je n’ai eu à ce point le sentiment d’exil », écrit-elle à Anne.
Pendant ce temps, le juge Palanque achève son instruction. Des dizaines de dossiers autrement plus lourds que cette petite affaire sentimentale l’attendent sur son bureau. Il a hâte de passer à autre chose. Aux journalistes du Provençal, du Méridional et de La Marseillaise qui ont eu vent de l’histoire de cette professeure et l’interrogent, il recommande la discrétion. « Si vous dévoilez cette affaire, elle risque de perdre sa situation », leurdit-il. D’autant que les choses semblent enfin s’arranger.
Christian Grisoli, l’avocat de Mario et Marguerite Rossi, est venu annoncer au juge que les relations entre Christian et ses parents se sont apaisées et qu’ils n’entendent plus donner de suite judiciaire à cette affaire. Elle leur pèse. Si au lycée Nord la très grande majorité des profs partage leur indignation et blâme la relation amoureuse entre Gabrielle et son élève, qui, disent-ils, entache la réputation de leur établissement, il n’en va pas de même à la faculté d’Aix, où enseignent Mario et Marguerite Rossi. Plusieurs de leurs collègues se sont détournés d’eux, jugeant incompréhensible leur attitude alors que, quelques mois plus tôt, Mario Rossi soutenait publiquement la révolte des étudiants et leurs revendications de liberté.
La défiance s’installe
Le juge songe à rendre un non-lieu et en informe le procureur. Impossible, lui répond-on. Les faits de détournement de mineur sont constitués, le parquet général fera forcément appel. Bernard Palanque plie face à l’intransigeance du procureur.
A son retour de Pra-Loup, Gabrielle apprend par un courrier de son avocat, Me Raymond Guy, qu’elle sera renvoyée devant le tribunal correctionnel. « Toutefois, j’ai bon espoir sur l’issue du procès », lui écrit-il. Raymond Guy a de bonnes raisons d’être confiant. Pour l’instant, la presse est mutique, ce conflit de vie privée entre une professeure et les parents universitaires de son jeune amant n’intéresse guère, la notoriété locale des plaignants incite de surcroît les journaux à la discrétion. L’audience se tiendra forcément à huis clos du fait de la minorité de Christian, tout devrait s’arranger entre gens de bonne volonté. Gabrielle a toute confiance en cet avocat qui lui a été recommandé par le célèbre pénaliste parisien Albert Naud, auquel son père avait demandé conseil. L’essentiel, lui rappelle-t-il, est de ne pas faire de vagues.
Tout bascule le 19 avril. A Montpellier, Christian trompe la surveillance de sa grand-mère, à laquelle il a fait croire qu’il partait faire du sport avec des copains, monte dans un train et rejoint Marseille. Le fidèle Luc est une fois de plus appelé à la rescousse pour prévenir Gabrielle et le cacher. Ses parents rechignent. « Retire-toi de cette histoire », lui intime son père. Christiane Beulaygues se fâche elle aussi, convaincue que Gabrielle a organisé la fuite de Christian. Cette femme se perd, pense-t-elle.
Gabrielle sent bien que la défiance s’installe autour d’elle. « Ça fait mal, mais ça passe », écrit-elle. Elle a revu Christian quelques heures. Il est prêt à tout, il fera des petits boulots, s’engagera dans la marine s’il le faut pour être affranchi à 18 ans et vivre avec elle. Après quatre ans de procédure, son divorce vient d’être définitivement prononcé, elle a repris son nom de jeune fille, Russier, elle est libre. Mais en fuguant, Christian a signé la perte de son amante. Gabrielle le sait.
Quand les policiers se présentent à son domicile, le 24 avril, avec un mandat d’amener signé du juge Palanque, elle a tout préparé. Dans la crainte d’une nouvelle perquisition, elle a trié ses papiers, ses photos, ses lettres, et les a confiés à des amis. A Michel, son ex-mari, elle a demandé de s’occuper de Valérie, elle ne veut pas que sa fille apprenne son arrestation. Elle a en revanche tout expliqué à Joël, dont Josephina, sa femme de ménage, a promis de s’occuper. Sa valise est prête.
L’interrogatoire dans le bureau du juge Palanque est bref. Il l’informe de sa nouvelle inculpation pour détournement de mineur, lui demande où se trouve Christian, elle assure l’ignorer, il ne la croit pas. Gabrielle Russier est conduite jusqu’à la cellule numéro 13 au rez-de-chaussée du quartier des femmes de la prison des Baumettes.
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