L’organisation de lutte contre l’antisémitisme Anti Defamation League (ADL) a donné plusieurs exemples de groupes Facebook au sein desquels des usagers mettaient ouvertement en doute l’existence de l’Holocauste ou son étendue.
Des survivants de l’Holocauste demandent à Mark Zuckerberg, fondateur et PDG de Facebook, de retirer du réseau social les contenus négationnistes, dans un message vidéo publié mercredi 29 juillet.
Neuf rescapés témoignent dans la vidéo mise en ligne sur le plus grand réseau social du monde, dont Eva Schloss, demi-sœur d’Anne Frank, aujourd’hui âgée de 91 ans. Elle a été réalisée en partenariat avec la Claims Conference, organisation créée en 1951 notamment pour œuvrer à la récupération de biens spoliés.
« Quand des gens disent en ligne que l’Holocauste n’a jamais eu lieu, ils disent que mon père, ma sœur et soixante membres de ma famille n’ont pas été assassinés par les nazis », explique Lea Evron, aujourd’hui âgée de 85 ans.
D’origine polonaise, elle a échappé aux camps d’extermination de même que sa mère lorsque son père et sa sœur ont été déportés, en 1943. « Ceux qui disent que l’Holocauste n’a pas existé me traitent de menteur », résume Sidney Zoltak, également d’origine polonaise, qui a échappé aux camps en se cachant dans des villages en Pologne.
Protégés par le 1er amendement
Dans un document publié début juillet, l’organisation de lutte contre l’antisémitisme Anti Defamation League (ADL) a donné plusieurs exemples de groupes Facebook au sein desquels des usagers mettaient ouvertement en doute l’existence de l’Holocauste ou son étendue. Parmi eux, le groupe CODOH ou « comité pour un débat ouvert sur l’Holocauste », où étaient encore visibles mercredi des messages niant que le génocide des juifs d’Europe a bien eu lieu durant la seconde guerre mondiale.
Aux Etats-Unis, révisionnisme et négationnisme ne sont pas interdits par la loi et la jurisprudence tend à les placer sous la protection du premier amendement de la Constitution, qui garantit la liberté d’expression. Dans de nombreux Etats européens, en revanche, des propos révisionnistes ou négationnistes sont passibles de poursuites pénales.
En juillet 2018, Mark Zuckerberg, qui est lui-même juif, avait expliqué qu’il ne voulait pas supprimer les messages négationnistes de Facebook. Sollicité par l’Agence France-Presse, Facebook a indiqué qu’il supprimait tout contenu qui « défendait » l’Holocauste, « essayait de le justifier », « accusait les victimes de mentir » ou incitait à la haine ou la violence contre les juifs. Mais la plate-forme ne retire pas du contenu « uniquement parce qu’il est faux », a précisé un porte-parole, et ne supprime donc pas les contenus négationnistes, même si elle cherche à en limiter la propagation sur la plate-forme.
« Discours de haine »
La Claims Conference prévoit de mettre en ligne une vidéo d’un rescapé chaque jour « jusqu’à ce que Facebook agisse », a indiqué une porte-parole, expliquant que plus de 70 messages étaient déjà prêts. L’organisation indique avoir demandé à Mark Zuckerberg de rencontrer des rescapés pour écouter leur histoire « et comprendre pourquoi le négationnisme est un discours de haine », a expliqué la porte-parole.
En juin, le réseau social s’est retrouvé sous le feu des critiques quand plusieurs associations de défense des droits des minorités ont appelé au boycott de la plate-forme pour obtenir qu’elle contrôle mieux les contenus incitant à la haine, au racisme ou à la violence.
Après le retrait de plusieurs grands annonceurs, le PDG s’est engagé à ce que le site retire les publicités présentant certaines minorités comme une menace pour la sécurité ou la santé du plus grand nombre. Il a aussi promis que le réseau social avertirait les utilisateurs lorsque certains messages ou contenus postés sur Facebook enfreindront ses règles.
Source : Le Monde
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