Elle est consacrée aux communautés juives rurales du sud du Maroc. Autrement dit un monde qui n’est plus. « Juifs du Maroc, 1934-1937 » propose donc au visiteur du musée sis dans l’ancien hôtel Saint-Aignan, de nombreuses photos réalisées par Jean Besancenot qui avait été fasciné par les vêtements et les parures dans ces régions alors reculées, d’accès difficile, et peu occidentalisées. Y vivaient près des populations berbères, des communautés juives présentes parfois là depuis l’Antiquité. Ou d’autres, des Séfarades expulsés d’Espagne et réfugiés dans ces contrées éloignées de tout. La richesse des vêtements et des bijoux contraste singulièrement avec la pauvreté du lieu. Les mariées richement parées sont très jeunes, une dizaine d’années bien souvent.
Leur auteur est le photographe, peintre, dessinateur Jean Besancenot, né Jean Girard dans l’Oise le 24 septembre 1902 et mort le 27 juillet 1992 près de Paris. Après des études à l’École des Arts décoratifs de 1917 à 1922, il s’intéresse d’abord aux costumes régionaux français. En 1934, il effectue un voyage d’études sur le costume au Maroc, qui est alors un protectorat français depuis 1912. C’est le coup de foudre. Il y séjourne deux ans et photographie les vêtements traditionnels des communautés arabes, berbères et juives. Il suivit aussi l’enseignement de l’ethnologue Marcel Mauss et collabora avec le musée de l’Homme récemment fondé. Son ouvrage « Costumes du Maroc », publié en 1942 et réédité en 1988, fait toujours référence.
« La photographie devient un art quand elle est entre les mains de gens qui savent s’en servir » disait Besancenot et on ne peut que l’approuver en visitant cette exposition qui donne un bel aperçu de son travail. Ceci grâce à des photographies, quelques gouaches et un film documentaire, tous issus de plusieurs fonds, des collections personnelles comme celles de la photographe Hannah Assouline et de l’éditeur Dominique Carré, commissaires de l’exposition, ainsi que des clichés des collections de l’Institut du Monde arabe à qui Jean Besancenot a donné ses archives en 1984 et du MahJ lui-même.
Par ailleurs, une courte vidéo de quelque huit minutes relate une histoire bien émouvante “Comment j’ai retrouvé mon père”. Lorsque Hannah Assouline rencontre Jean Besancenot en 1984, elle tombe par hasard sur un portrait de son père, le rabbin Messaoud Assouline qui avait été photographié par Besancenot lorsqu’il était adolescent dans l’oasis d’Erfoud. Elle raconte l’histoire de cette photo oubliée et de son père, Messaoud Assouline né à Tinghir en 1922 et mort à Jérusalem en 2007, élève du rabbin Baba Salé, et lui aussi devenu à son arrivée en France, rabbin de la synagogue, rue du Bourg-Tibourg dans le 4e arrondissement de Paris. C’est un tout jeune homme que l’on découvre pieds nus, en costume de marié, au côté d’une jeune fille. En réalité il remplaçait l’époux sur cette photo…
Exposition « Juifs du Maroc, 1934-1937. Photographies de Jean Besancenot », jusqu’au 2 mai 2021 au Musée d’Art et d’histoire du judaïsme.71, rue du Temple 75003 Paris.
Colette Dehalle Source : podcastjournal.net
Bonjour,
Est-ce que le patronyme Michel est un nom juif d’origine du Maroc ?