«L’antisémitisme est un virus contagieux». Félix Klein n’avait pas mâché ses mots lorsqu’en avril dernier il alertait sur la montée de l’antisémitisme en Allemagne. «Il y a des liens directs entre l’actuelle propagation du coronavirus et celle de l’antisémitisme», avait alors déclaré le commissaire du gouvernement allemand chargé de l’antisémitisme.
Fin juillet, Josef Shuster, le président du Conseil central des Juifs en Allemagne, a pris le relais en exprimant son inquiétude quant à la profusion de théories du complot sur les réseaux sociaux rendant les juifs responsables de la propagation du virus.
Ce phénomène s’inscrit dans une tendance à la hausse de l’antisémitisme. Les délits contre les juifs ont, en effet, connu une forte augmentation ces dernières années en Allemagne, bondissant de près de 20% en 2018. «Nous avons deux indicateurs pour mesurer l’antisémitisme : d’une part, le nombre de crimes commis contre les juifs, d’autre part, des études pour déterminer ce que les gens pensent des différents groupes ethniques, précise le professeur Uffa Jensen, membre du Centre de recherche sur l’antisémitisme à Berlin. Les deux indicateurs ont augmenté même avant même la pandémie. Nous n’avons pas les chiffres pour 2020, mais je pense qu’ils vont augmenter, le coronavirus n’a vraiment pas aidé».
Résurgence d’un vieil antisémitisme
L’Allemagne n’est pas le seul pays à connaître une hausse de l’antisémitisme. Dans son rapport annuel, publié en avril, le Centre Kantor de l’Université de Tel-Aviv a recensé 456 actes violents antisémites dans le monde en 2019, soit une hausse de 18%. Si les auteurs de l’étude n’ont pas encore inclus les statistiques de 2020, ils ont toutefois noté que l’épidémie de Covid-19 avait déclenché une vague conséquente d’antisémitisme.
Messages antisémites diffusés sur les réseaux sociaux, caricatures de personnes supposées juives, vidéos sur YouTube, cyberattaques… Depuis le début de la pandémie, les réseaux sociaux regorgent de théories du complot plaçant les juifs au cœur d’une machinerie mondiale. En France, l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, ainsi que son mari Yves Lévy, professeur immunologiste, ont été particulièrement visés. Critiqués pour leur gestion de la crise, ils sont également rendus responsables de la propagation de l’épidémie, notamment par des partisans du professeur Raoult, agacés par le manque de soutien du gouvernement à l’hydroxychloroquine.
Comment s’étonner de cette paranoïa qui resurgit de la nuit des temps et des cerveaux reptiliens? Visitons par exemple la France lambda et comptabilisons le concept du “youpin”. Stop à la naïveté entretenue par la soft idéologie.