Sarah Cattan. La Barbarie appelée lâchement « Incivilité »

Lundi matin, à l’heure où la maison dort encore, celle où le premier café se prépare et que sur les ondes passent les flash infos écoutés d’une oreille distraite, j’apprenais qu’en ce 20 juillet, se dérouleraient les obsèques du … Chauffeur de bus de Bayonne.

Le flash météo suivit, avant que soit rappelée l’obligation de tous porter désormais … le masque, et que soient ressassées des spéculations couleur menace sur la manière dont nous allions être reconfinés.

Lundi matin, la journée s’annonçait des plus belles. Et peut-être la promesse de ce jour estival que ne verrait pas le chauffeur du bus de Bayonne l’emporta-t-elle et me décida-t-elle, tant hurlait l’hypocrisie ambiante, à écrire noir sur blanc son Nom à lui, Philippe Monguillot, mais encore, en forme de devoir de mémoire, celui des 4 ordures qui l’avaient massacré 15 jours auparavant, parce qu’Il avait commis l’interdit : demander que fût présenté un titre de transport, mais encore que nos voyous, comme la loi venait de le rappeler, portassent le masque de mise dans les transports en commun.

La suite, certains la savent. Philippe Monguillot mourut le 10 juillet de ce que notre Président devait nommer une incivilité, et arriva, en ce 20 juillet, la mise en terre d’un innocent, mieux, celle d’un homme qui fit … son devoir.

Les noms, Nous les avons tous

Les noms des 4 malfrats, je les avais depuis le 5 juillet, et tous les journalistes du pays les avaient reçus sans même les demander, comme nous avons toujours aussitôt les infos à ne pas divulguer : le nom des canailles, les détails des … incivilités, les passages en comparution immédiate, les peines, lorsque les coupables n’étaient pas désignés dans la foulée déséquilibrés.

Pourquoi lundi.

Pourquoi cette fois-ci.

Pourquoi ai-je donné ces noms, sans avoir l’espace d’un instant le sentiment de les livrer à quelque vindicte.

Parce qu’il suffisait.

Parce que je ne voulais pas faire partie des complices de l’ignominie. Du déni.

Parce qu’il devenait, de jour en jour, impossible de continuer hypocritement.

Parce que les media s’obstinaient à parler d’incidents

Parce que tout cela n’avait plus rien à voir avec la rubrique Faits divers

Parce que, à chaque barbarie, tous, vous et moi, attendions désormais les noms et qualités des auteurs. Les uns persuadés de leur consonnance et origine, les autres, français du Maghreb, musulmans ou apostats, espérant sans trop y croire que ça ne serait pas encore un des leurs et qui viendrait jeter le discrédit sur tous : un maghrébin, de culture musulmane, un futur Grand Frère, un Hostile à l’Ecole et puis tant qu’à faire à la France et puis à son hymne et puis à son drapeau. Un qui pensera très fort, s’il ne le dit pas, que Merah ou Les Frères Kouachi C’est lui. Qui pensera aussi que Ceux de Charlie l’avaient bien cherché. Mais Un qui vous rétorquera … qu’il est français. Ecoutez Boualem Sansal, Driss hali, et tant d’autres, Regardez le monde qui observe la France et vous verrez comment eux regardent, atterrés, notre naïveté, notre candeur, notre laxisme, notre perte

Qui, demain?

Nous pourrions lister les noms des dernières victimes sur les dix ans passés. Et ceux de leurs meurtriers ou assassins. Chacun sait combien à chaque fois, la victime aura le visage de cet ami, ce frère, cet enfant, qu’elle passait sa route et eut la méchante idée de croiser celle de celui qui allait la défoncer, et que celui-là, invariablement, serait de ceux qu’un Chevènement nomma Sauvageon et qu’un Sarkozy appela racaille qu’il menaça sur la dalle d’Argenteuil de passer au … karcher.

Lexique qui en son temps choqua plus que de raison les bienpensants

Lexique à hautes démagogie et stérilité puisque en rien suivi de politiques adaptées : depuis combien de temps l’Inspection académique avait-elle proscrit la punition, la notation en rouge, et puis aussi la remontrance, laquelle risquait de traumatiser ces pauvres anges.

Depuis combien de temps les tribunaux s’étaient-ils adonnés au laxisme le plus consternant, considérant qu’il fallait redonner éternellement la fameuse seconde chance.

Depuis combien de temps nous avait-on parlé de ces Chances pour la France que nous, infâmes fachos, ne savions pas reconnaître à leur juste valeur. Depuis combien de temps Les Inrocks, Télérama et autres media, les Pascale Clark, Christiane Taubira, n’encensaient-ils pas sur les ondes les p’tits gars de la Cité. Ces poètes en herbe. Auxquels on avait donné à l’école en guise de surveillants des pions qui avaient fait avec eux amis-amis au lieu que de les éduquer, avaient acheté la paix sociale, et une fois rentrés au bercail, des Grands Frères en guise de modèle qui leur apprirent combien Les autres, Les autres, étaient malveillants, racistes, haineux et j’en passe.

Montages photos empruntés à mon ami P.E.T

Les Mohamed et autres Adama régnèrent dès lors sur ces cités où tout ado non hostile et qui se serait en outre mêlé d’être un lycéen lambda était taxé de traitrise et collaboration. C’est qu’il fallait, dans la Cité, avoir la carte : Le langage. L’accent. La casquette. La capuche. Les pompes. La bagnole. Les poings. Et très vite le couteau.

Starmania et son Quand on arrive en ville, Orange mécanique était de la roupie de sansonnet : face à ceux-là, il fallait, et chacun le savait et le vérifie chaque jour, baisser les yeux. Passer son chemin. Et vite. Ne surtout pas croiser le regard. Ne surtout pas, Ô Professeur suicidaire, se tromper de vocable et menacer de convoquer une mère, en conséquence de quoi jaillissait chez ces barbares sans cervelle le légendaire … « Vous traitez pas ma mère »

Le grand tort d’oser rétorquer

Mamoudou Barri, professeur d’université, eut le grand tort de sortir de son véhicule où il laissa épouse et enfant pour demander des comptes à celui qui l’insulta sans raison. Mal lui en prit puisqu’il s’en suivit une bagarre de laquelle il mourut, crâne fracassé.

Philippe Monguillot eut l’abracabrantesque idée d’oser que fût présenté un titre de transport, affront s’il en est, que cet impudent doubla d’une demande … de masque : lui aussi fut lynché et mourut après 5 jours de coma.

Axelle Dorier, d’abord, n’aurait jamais au grand jamais dû avoir l’inconscience suprême de sortir son chien dans la nuit. Pire : l’imprudente osa, lorsque la bête fut écrasée par des brutes qui ne firent pas davantage de cas de la chose que s’il se fût agi d’un mégot, se poster devant la voiture et appeler les secours. Ma belle Axelle, Comme il fut grand, ton courage alors. Mais eux, comme ils le firent pour un chien, ils passèrent outre ce qui n’était qu’un corps. Celui d’une jeune fille.

Il paraît qu’il faudrait presque les excuser et demain les louer puisque ceux-là allèrent se rendre à la police, sur les conseils de Grands Frères avisés.

Il paraît surtout que leur avocate, qui se dit outrée, s’en prend ce matin au Ministre de l’intérieur qui osa évoquer un meurtre au lieu que de suivre les éléments de langage que devra vite abandonner le PR qui osa, lui, parler d’incivilités. Rappelons que les chefs d’accusation sont exactement Violences volontaires ayant entraîné la mort et délit de fuite.

Le sermon qui me fut fait

Je me suis fait moi-même de façon surréaliste sermonner et traiter de raciste colportant la haine pour avoir livré, de guerre lasse mais en toute conscience, les noms des protagonistes de l’incivilité de Bayonne : l’auteur de ces propos se livra à un commentaire dans la rubrique de Tribune juive où il se piqua de donner à la facho que j’étais une leçon, assortie d’un copié-collé de la définition du mot racisme tirée du … Petit Larousse.

La chose serait banale et presque cocasse si l’auteur du commentaire ne se trouvait être … l’avocat du meurtrier de Sarah Halimi. L’avocat du meurtrier de Sarah Halimi himself venu me chercher une mauvaise querelle et, procédant comme il est désormais d’usage par inversion des rôles, se livrant, lui à son tour, à une accusation de racisme. La haine était de mon fait : Ne m’étais-je pas livrée, accusait-il, à une attitude d’hostilité systématique à l’égard d’une catégorie déterminée de personne.

Un commentaire me dispensa de lui répondre plus avant, disant tout en peu de mots et flinguant, qu’ils soient activistes ou avocats, ces militants de l’antiracisme contemporain qui vous sortent l’invective suprême : Raciste ! et qui l’assimila à ces nouveaux Fouquier-Tinville desquels l’accusation suffisait à vous envoyer à la guillotine.

Depuis, le hashtag OnVeutDesNoms envahit la toile, suivi, une fois les noms communiqués, par le hashtag OnVeutDesPhotos, tant aujourd’hui chacun a pris conscience qu’une sauvagerie particulière sévit en France, faute à un Etat qui a renoncé et qui excuse, lorsqu’il ne les encense pas, ceux qui massacrent. Ceux devant lesquels la France a peur désormais du moindre rappel au respect.

Quand on arrive en ville, disait la chanson…

Ceux-là veulent que la Ville se plie à leur bon-vouloir.

Ceux-là sévissent en bandes au comportement fascisant Mais pourtant sera qualifié de facho celui qui aura l’outrecuidance de dénoncer ledit comportement hostile à tout rappel à la règle et à une civilité de mise.

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18 Comments

  1. Que peut-on attendre d’un pays où les fascistes du PIR et de la LDNA jouissent d’une totale impunité ? Chirac avait eu le courage de dissoudre Tribu Ka. Aujourd’hui Tribu Ka serait félicité par les médias.

  2. Philippe Monguillot, lui, avait un métier, digne, et une Patrie, belle : il était le Chauffeur de bus de Bayonne. Ses assassins, eux, n’ont rien : ni métier, car tenir le mur n’en est pas un, ni patrie, car personne n’en veut ni de ce coté ni de l’autre de la Méditerranée. Et ils ne sont riens : à écrire minuscule et pluriel comme on fait pour toutes les bêtes dégoûtantes et dangereuses, hyènes, serpents, requins…

  3. L’indifférence, chantait Gilbert Bécaud…
    Étonnante absence de réactions d’un peuple dont le »hymne national proclame
    « Aux armes citoyens », après la phrase « ils viennent jusque dans nos bras égorger.. »
    Indifférence ?
    Inconséquence ?
    Lâcheté…

  4. Chapeau bas, Saralè! Je suis fier de toi!!! Je me bats aussi, chaque semaine avec « Nouvelles du Mardi qui font bondir » ou « Brèves et bonnes nouvelles du Vendredi ». Je partagerais ton texte et celui de Jacques Nurnberger dans Résistance Républicaine ainsi qu’à 350 adresses mail. Juste une question: J’ai relu ton article 2 fois sans trouver les noms de ces criminels. Dommage! In ne répètera jamais assez leur nom. Amitiés Edmond the Tiger

  5. Bel article qui reflète la réalité. Triste de constater qu’une partie de la Communauté s’est si longtemps égarée (ou laissée égarée) par la gauche et les média (pléonasme) en se focalisant sur les pseudo-chemises brunes du FN. Le danger ne venait pas, ne vient pas et ne viendra pas de là… il est (enfin) temps d’ouvrir les yeux.

  6. « A une époque de supercherie universelle,dire la vérité est un acte révolutionnaire. »écrivait George Orwell. Les articles de Sarah Cattan sont des actes révolutionnaires.

  7. Un article parfait,une analyse d’une justesse exceptionnelle,il ne manque rien à son intelligence et courage… admiratif et heureux de lire autant de sagesse.

  8. S
    Je ces gens aillent de faire foutre ailleurs famille de bandits
    Lire la déclaration de la 1ère ministre australienne
    Si vous n’aimez pas notre pays partez si vous n’aimez. Pàs
    Notre langue partez sivous voulez imposer votre religion
    Mudulmzne partez nous surveillons tout Et continuerons de
    Le faire pas
    D’accord ,partez nous n’avons pas besoin de
    Vous

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