Enfin.
Car ce qui s’est passé de proprement monstrueux, de totalement inhumain, d’absolument insupportable, d’indigne, d’inadmissible dans une société comme la nôtre: le tranquille et délibéré abandon à leur sort des personnes âgées et fragiles, le refus froidement décidé sans jamais oser le dire officiellement, l’encouragement à laisser mourir dans leur coin si ce n’est à achever les personnes âgées, le refus de soin, le refus de laisser les malades recevoir des visites, l’enfermement, l’isolement, la mise à l’isolement des personnes abandonnées sans soin, cette sorte d’incarcération dans le silence, l’abandon, le secret, la maltraitance, dans l’écrasement de toute liberté, dans la négation de l’humanité – et cette sélection dite et non dite à la fois à laquelle on procéda entre ceux qui seraient soignés avec le maximum de moyens et le plus effectif dévouement, ceux qui seraient soignés mais avec un traitement de seconde zone, ceux qui seraient pris en compte et pour le mieux auxquels on administrerait, quel privilège, on ne sait quels sédatifs pour les aider à passer ad patres sans trop de souffrance, et ceux qu’on laisserait délibérément crever dans l’horreur la plus totale, la plus cruelle, la plus inhumaine, la plus solitaire – et ceci décidé, encouragé, chiffré, évalué, calculé sans le sous-entendu et le non dit, tout cela dans une nation riche, évoluée, développée, une société de surabondance, de gadgets, de raffinement technologique jusqu’au futile, une société où par exemple on peut disposer d’une application sur son smartphone disant combien de pas on fait dans sa cuisine – et bien on peut dire que c’est du jamais vu, on peut dire que nous avons assisté là à la mort totalitaire d’une partie de l’humanité, délibérément sélectionnée et ceci au coeur de la société la plus évoluée, la plus attachée aux droits de l’homme parfois jusqu’à l’absurde, la plus attachée au liberté, cette même société capable de se remuer, se mobiliser, s’indigner, se bloquer, à propos des conditions de la mort peut-être douteuse d’un repris de justice pas très intéressant moralement, c’est cette même société qui, tranquillement, a délibérément décidé d’abandonner à la plus épouvantable mort, en plein coeur des villes, des milliers et des milliers de ses anciens: telle silencieuse sélection des humains, telle mort administrée par l’enfermement et l’abandon, au coeur même d’une société active et civilisée, il n’avait pas été donné à voir depuis la mise en oeuvre des ghettos, instaurés par le système nazi, par exemple à Varsovie ou à Cracovie…
Il est temps, largement temps, il est urgent, que tout ceci soit mis à plat, que le processus de cette cruelle infamie soit mis en lumière, et que les responsabilités soient dites.
Merci Jacques, il fallait que ce soit dit. Je partages dans “Nouvelles du Mardi qui font bondir” sur Résistance Républicaine et à 350 adresses mail que j’ai. Merci! Il fallait que ce soit dit!!!
Notre société es traversée par l’idéologie du jeunisme, de la performance et de la monstration de soi, qui ne laisse pas aux plus fragiles, aux aînés, aux différents, une place et un temps pour exister et être reconnus comme “humains”.
Il faut néanmoins reconnaître que le personnel soignant s’est dévoué pour beaucoup, mais faute de moyens (masques, blouses etc.)et d’une politique de gestion des hôpitaux basée sur le profit, il n’a pas pu faire plus…
c’est tout cela qu’il faudra changer, et vite, y compris le regard social sur les “vieux”.