Pierre-Henri Teitgen, 1908- 1997 à Paris, juriste, professeur, grand résistant, était de ces hommes politiques français dont on se demande, à écouter les archives et à lire sa vie, pourquoi diable et comment nous en sommes arrivés à ce désastre où, in fine résignés, nous eûmes droit aux épisodes Carlita et Leonarda pour finir, épuisés, à ne plus vouloir regarder et commenter les photos présidentielles échappées au Service de Presse de l’Elysée et qui égayèrent la toile, en faisant pleurer de dépit beaucoup d’autres.
Le 16 juillet 2020 où Tribune juive s’attacha à publier des témoignages poignants et dignes sur la Rafle du Vel d’Hiv, LCP diffusa un débat auquel participait en 1976 Pierre-Henri Teitgen.
C’est à l’écouter, lui, à regarder la tenue de l’échange, que l’on est pris de ce sentiment indéfinissable qui vous étreint le cœur : Où sont-ils passés, les êtres de cette trempe-là.
Pierre-Henri Teitgen, qui fut le plus jeune agrégé de France en 1934, est à ce jour considéré comme l’une des plus importantes figures de la démocratie-chrétienne française de l’après-guerre.
Professeur de droit à la Faculté de droit de Nancy avant la Seconde Guerre mondiale, il est révoqué de ce poste en 1943 par le gouvernement de Vichy.
Fait prisonnier de guerre en 1940, il s’évade et se replie en zone libre. Avec deux personnalités historiques de la démocratie chrétienne, il crée le réseau Liberté, qui deviendra Combat.
Pierre-Henri Teitgen joue un rôle de taille dans la Résistance : le voilà, en 1942, Secrétaire général du groupe d’experts chargé, au nom du général de Gaulle, de préparer les mesures immédiates à prendre dès la libération du territoire.
À partir de 1944, alors qu’il est adjoint du délégué général du Comité français de libération nationale, il est arrêté par la Gestapo, torturé et envoyé en Allemagne par convoi ferroviaire : il s’évade.
Il sera, à la libération, de nombreuses fois ministre dans les gouvernements de la IVe République : Ministre de l’Information, Ministre de la Justice, notamment sous le gouvernement de Charles de Gaulle. Il aura pour mission l’organisation des procès des partisans de Vichy et des collaborateurs avec l’occupant allemand.
En 1976, il sera nommé juge à la Cour européenne des droits de l’homme.
Il est le frère de Paul Teitgen, résistant déporté lui aussi, Préfet d’Alger, qui fut l’honneur de cette période, ne lâchant rien sur les disparitions, tortures et assassinats de la période et allant jusqu’à démissionner pour en témoigner publiquement.
De Pierre-Henri Teitgen, lire Faites entrer le témoin suivant 1940-1958, de la Résistance à la Ve république. Ouest-France. 1988.
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