Lino. Lino Ventura. Né un … 14 juillet

Lino Ventura, né le 14 juillet 1919, à Parme…:

« Je suis issu d’une famille très modeste. Mon père a quitté l’Italie pour des raisons à la fois politiques et financières. En 1926, ma mère et moi sommes partis pour le rejoindre en France. Mais, à notre arrivée, il avait disparu. J’avais sept ans. Si vous me demandez si j’ai ressenti la condition d’immigré, le racisme, je vous répondrai : fichtre oui ! Je me souviens des queues qu’il fallait faire rue de Vaugirard, où j’accompagnais ma mère parce qu’elle ne parlait pas français, pour l’obtention de cette fameuse carte de travail… Les commerçants à qui il fallait tout expliquer parce qu’ils ne la comprenaient pas… Enfin, ce genre de brimades qui, accumulées les unes aux autres, fait qu’un jour ça déborde. »

« Un jour, j’ai assisté à la distribution de la Croix d’honneur. Alors, je suis allé proposer au jeune garçon récompensé de me prêter la sienne contre je ne sais plus quoi… des billes peut-être. Évidemment, il n’a pas voulu et j’ai fini par la lui prendre. Je suis rentré chez moi et j’ai expliqué à ma mère que c’était ce qu’on donnait au premier de la classe. Là, elle a eu des doutes affreux et tout en lui parlant, j’ai vu un môme qui arrivait hurlant au bras d’une dame, il me désignait : “c’est lui !” Et tout ça s’est terminé à coup de manche à balai ! »

« Quand j’ai dû commencer à travailler pour manger, j’étais très jeune. J’ai vendu des journaux, j’ai été groom, mécanicien, livreur, représentant, j’ai fait mille choses… Sans aucun succès d’ailleurs, parce que chaque fois que j’abordais un travail, je foutais une pagaille épouvantable. Je suis un enfant de la rue et c’est une très belle école… C’est peut-être ce qui m’a donné ce caractère indépendant. Je dois beaucoup au sport. Parce que, d’abord, je pense que ça vous fait aborder la vie d’une autre façon, ça vous donne une mentalité un peu différente. J’ai fait de la lutte gréco-romaine qui est une grande école d’humilité, une antichambre rêvée pour un futur acteur. »

« Je n’avais aucune vue sur le métier d’acteur. Mon arrivée s’est passée autour d’un malentendu… J’avais un ami, à l’époque, qui était coproducteur de « Touchez pas au grisbi ». Il cherchait un Italien pour un rôle… Le premier jour où je suis allé au studio pour tourner, je n’avais jamais mis les pieds sur un plateau. (…) Je suis arrivé avec ma valise à la main et j’ai exigé de voir Monsieur Gabin. Personne n’osait m’amener à sa loge. Et puis je suis tombé sur un inconscient qui ne se rendait pas compte de ce qu’il allait faire : Jean Gabin m’a dit “Ça va ?”. Je lui ai dit “Ça va très bien !” Il m’a dit “Bon. À tout à l’heure !” et je lui ai répondu : “Ben c’est ça, à tout à l’heure.” Voilà ! Et je sais que si Jean Gabin ne m’avait pas reçu je serais reparti et je n’aurais jamais fait de cinéma. Voilà à quoi ça tient ! »

« Le plus beau geste d’amour que j’ai vu au cinéma et qui vaut, pour moi, 50 000 kilomètres de pellicules de baisers, c’est dans un film russe qui s’appelle « La ballade du soldat » (de Grigori Tchoukhraï). Il y avait, à un moment donné, un soldat et une jeune femme debout dans le couloir, dans un wagon bondé. D’une façon muette, ce soldat a levé la main, l’a posée sur le front de sa fiancée et tout doucement, il lui a dessiné son profil avec l’index. Moi, je trouve ça admirable. La pudeur, vous savez, je crois que c’est quelque chose de très beau. »

« Passer pour un ours, à certains moments, ce n’est pas si mal car, comme ça, on vous fout la paix. Et puis, il faut bien dire la vérité, j’en remets un peu quand ça m’arrange… Star, vedette… Pour moi, ce sont des mots qui ne veulent rien dire. Je ne me suis jamais totalement intégré au monde du spectacle. Je vous avoue que je suis toujours aussi étonné quand je vois ce qui m’est arrivé. Ça me panique presque ! Je trouve que c’est une des plus belles choses quand les hommes font de grandes choses, et quand ils le font discrètement. »

« Je suis né italien, je mourrai italien ! Je suis resté italien non pas par patriotisme exacerbé, mais parce que suivant mes sacro-saints principes, j’ai toujours considéré que le fait de renier, avec une signature sur un bout de papier, la terre où j’étais né me paraissait quelque chose d’assez moche. »

« J’ai très peur pour l’homme et son avenir, parce que tout le monde s’évertue à parler de liberté, de liberté, de liberté… ce mot qu’on emploie à tort et à travers et moi, j’ai l’impression que la liberté de l’homme est de plus en plus menacée. On vit dans un monde où les hommes ont peur. Peur de dire ce qu’ils pensent, peur de ne pas être des intellectuels, peur de ne pas être dans le coup, peur de perdre leur place, peur de tout. C’est affreux, j’ai l’impression qu’on vit à plat ventre ! »

« Je suis comme Brassens, je ne pourrai jamais de ma vie appeler un serveur “garçon”. J’ai toujours appelé un serveur “monsieur”. En revanche, je n’ai jamais appelé un ministre “Monsieur le ministre”, je l’ai toujours appelé “monsieur”. Pour moi, il n’y a aucune différence. »

Source: nouvelle-vie-magazine. fr

Source: Clelia Ventura

Merci à Maryse Palante de nous avoir signalé cette compilation d’extraits d’entretiens écrits, radiophoniques et télévisuels

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