Ces jours-ci, plusieurs mois après le déclenchement de la pandémie suivi d’un déconfinement partiel et prématuré, voilà qu’une deuxième vague du coronavirus se propage rapidement, plongeant la majorité des Israéliens dans la psychose de l’incertitude, dans la confusion, la frustration et la colère.
Sur tous les plans, Israël demeure plus que jamais vulnérable. Comme tous les pays de la planète notre pays n’est pas à l’abri du virus ni non plus à l’écart des défaillances en cours.
Le président de l’Etat, Reuven Rivlin, a bien raison de vouloir appliquer une « doctrine claire et cohérente », former un organisme central pour combattre la pandémie. Devant les rumeurs et les fausses nouvelles, il est impératif de coordonner tous les messages gouvernementaux et nommer un responsable professionnel à la communication, ainsi qu’un général de l’état-major chargé des stratégies de confinement.
Le Premier ministre Nétanyahou tire aussi sur la sonnette d’alarme en affirmant maintenant : « Israël est à un pas d’un confinement complet ».
Il vient de lancer un nouveau plan économique en mettant en place un filet de sécurité pour les chômeurs, les indépendants et les entreprises. Pourtant une gigantesque manifestation s’est déroulée place Rabin à Tel-Aviv.
Certes, les mesures prises par le gouvernement sont encourageantes mais sont-elles suffisantes et efficaces ? Toutes les promesses seront-elles tenues ? Les précautions prises seront-elles vraiment appliquées ? Allons-nous refermer le pays ? Comment faire pour maitriser la pandémie et éviter à la fois une crise socio-économique avec plus d’un million de chômeurs ? Quelle est la bonne stratégie ?
Toutes ces questions et tant d’autres sont à l’ordre du jour des leaders de la planète mais personne ne sait réellement comment s’y prendre et ne connait pas vraiment les bonnes réponses. Cela est d’autant plus grave car la majorité écrasante des dirigeants du monde fut au départ indifférente à la pandémie. Chaque pays a agi tardivement et différemment en plongeant les populations dans la panique et le désespoir.
Soucieux de sauvegarder le pouvoir, les leaders réagissaient en politiciens et non comme de véritables chefs d’Etats. Les intérêts économiques, les revendications sectorielles et les sondages d’opinion furent toujours plus urgents et mis en priorité avant toute décision.
Diriger, gouverner, c’est prévoir, réfléchir avant et agir après, sans aucune hésitation. Avoir le courage politique de dire à ses citoyens toute la vérité sur la réalité du terrain y compris les erreurs et les négligences. Prendre toutes les responsabilités ministérielles sur les carences des pouvoirs publics. Prononcer des discours limpides avec des faits et des chiffres crédibles.
La discipline exige que le subordonné respecte le chef et accepte ses instructions et directives, mais avant tout, le chef doit donner l’exemple aux citoyens et inspirer confiance.
Vivre modestement et jamais ne se déconnecter de la vie sociale quotidienne.
Les autorités doivent informer le public d’une manière transparente et digne.
La police a le devoir d’établir l’ordre public mais sans obtenir des messages clairs et cohérents, sans la confiance totale dans les directives du pouvoir législatif, elle demeure perplexe et impuissante. Il ne peut donc y avoir de progrès sans une autorité forte. En revanche, la mise en œuvre des décisions gouvernementales devrait être aussi limpide et compréhensible.
Les défaillances ont été déjà dévoilées en raison de la mauvaise gestion des affaires et du manque de coordination entre les différents ministères.
Les divergences au sein de la coalition gouvernementale sur la marche à suivre sont dans tous les domaines, elles demeurent toujours profondes. Le public devient plus méfiant et indifférent et a ras le bol des promesses.
Si cette situation anormale et malsaine perdure, il n’est pas exclu que de violentes manifestations déferleront dans les rues et l’anarchie gagnera les esprits.
Bien entendu, durant une guerre non conventionnelle contre un ennemi implacable et invisible, il est toujours plus facile de créer la polémique, semer la panique, et la crainte au sein de la population que de calmer les esprits et maitriser la situation.
Il est vrai aussi que la société israélienne est atypique, plus libre et beaucoup moins disciplinée qu’en Europe ou en Asie.
Toutefois, Nétanyahou et Gantz ont aussi une grande part de responsabilité. N’ont-ils pas formé un gouvernement d’union nationale d’une cinquantaine de ministres et secrétaires d’Etat justement pour combattre la pandémie, relever les défis et résoudre les problèmes en cours ? N’est-il pas temps de mettre toutes les querelles politiques et tous les caprices personnels aux vestiaires ?
Comment pourront-ils rattraper tout ce temps perdu ? Pourquoi ce manque de sensibilité à la détresse de nombreux compatriotes ?
Pour combattre le virus il faut stopper immédiatement l’hémorragie par des opérations rapides et ponctuelles. Nous devrions donc employer tous les moyens notamment militaires, comme si nous étions en guerre. C’est un combat de longue haleine, une véritable guerre d’usure. Dans ce cas précis, il n’y a point de raccourci.
Rien ne sert non plus de plonger dans l’angoisse et la déprime.
On a tort de s’affoler car en appliquant les consignes, en pratiquant la prudence et la vigilance, nous pourrions maîtriser notre destin. Le devoir du citoyen est de respecter les lois mais dans un pays démocratique comme le nôtre, chacun est aussi libre de protester, de critiquer et de manifester sa colère. Dans ces moments de crise sanitaire et socio-économique, les autorités devraient exprimer tolérance et compréhension.
Le devoir du gouvernement est de trouver des solutions rapides, crédibles et efficaces pour sauver des vies et épargner les faillites et la paralysie du pays. Une indemnisation généreuse à tous les nécessiteux, sans aucune discrimination, devient urgente, obligatoire.
Un premier geste généreux a été déjà fait dans le cadre de la relance économique mais il doit être suivi sans hésitation et sans bureaucratie. L’Etat est assez riche pour pouvoir absorber le coût des indemnités.
C’est ainsi que l’on pourra sortir de la crise et revenir graduellement à une vie apparemment normale.
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