Dominique Itzkovitch. Le Pas arrêté du danseur et la Mascarade

Après cette drôle de période, vécue de partout et d ailleurs, dans le monde et dans notre intime…
En dire quelques mots…

Est-ce un entre-deux entre le Normal, l’Habituel, et l’Inconnu, l’Invisible…?Entre le vivant et la menace, voire la réalité de la mort?
Alors parler de ce mot …

Confinement…

Devenu terme nouveau d un langage universel… Etait-ce la façon de désigner l adversaire, l’ennemi public Numéro 1, et de le réduire à une idée d’enfermement, en opposition à son action, à lui, d’action tout terrain, à sa force d’ubiquité?
Peut être…

Et cela expliquait-il l’angoisse?
Sûrement pas…

Envie de parler du Pas arrêté du Danseur, pour fixer les choses, car cette image est parlante.
C’est l’envol dans sa pulsion, cloué au sol… à un sol où le pas risque de s’enfoncer, tant il semble devenir incertain,… et la terre en voie d’écroulement.

Et ce fut cela, le point dramatique… de cette page, … apparue imprévue, et pourtant prévisible…
Les scientifiques le savent… Il y a des cycles… où les virus apparaissent… et ils sont encore impuissants à dominer ce phénomène.

Alors, se mettre à l’abri, certes, mais l’angoisse était là…
Difficile à maîtriser… Elle était alimentée par les médias… Répétant, chaque jour, les chiffres des morts.
La loi du Nombre a toujours été l obsession… Gagner le plus d’argent, le nombre de voix: C’est cela, la mesure de la réussite.
Qui a eu le plus de morts dans cette période… Comme une valorisation, là encore, du meilleur organisateur de cette crise sanitaire.
Et la tristesse de ceux qui, ayant perdu des vies chères, n’ont pu les voir, les enterrer.
Alors, parler de confinement comme d’une plaie éprouvante, m’a laissée en questionnement.
Comment s’en plaindre, et ne pas y voir une coupure non seulement nécessaire mais utile.
Réfléchir, un temps, sur sa vie, sur ce lent ronflement du quotidien, peut- être faire un point, un bilan, et repartir autrement, en accordant plus d’attention à certaines valeurs…

Je pense à un texte de Lacan faisant une lecture de Hamlet… et expliquant la culpabilité devenue obsessionnelle d’Hamlet n’ayant pu enterrer son père.
Ne pas pouvoir offrir des rites funéraires à un être cher est une partie aussi importante, pour l’endeuillé, que la mort-même.
Cette période n’a pas permis de funérailles, ces ultimes rencontres: C’est aussi ça, Le Pas Arrêté… L’émotion sans possibilité d’être exprimée… d’être dite, en son for intérieur…

Alors, il y eut l’après.

Comme un défoulement.

Masques ou non…

On recompte les morts… Çà a baissé… Comme une température… On est soulagé.
Et le soulagement devient MASCARADE. Masqués ou sans.

Comme si le Temps suspendu devait se Détendre, s’étirer plus largement, toutes voiles dehors: On veut oublier ce temps MORT

Les terrasses se montrent, empiétant sur les rues… Les bruits renaissent avec plus de force…
La vie doit exploser, comme pour se venger d avoir été spoliée de deux mois
Comme s’il fallait faire des COMPTES, toujours en termes de CHIFFRES…

Et l’INCONSCIENT, lui aussi, fait ses comptes, mais pas en termes de CHIFFRES…
Si on l écoutait un peu plus… Peut-être qu’ on comprendrait le sens de la MASCARADE

Dominique Itzkovitch

Psychanalyste, Politologue, Dominique Itzkovitch a créé le THINK TANK DEVENIR, qui se veut un centre de réflexions interdisciplinaires sur les grands problèmes de société et de démocratie face à un monde en perte de valeurs démocratiques et en butte à des questions majeures de société.

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