Ils s’appellent Joseph, Mauricio, Nadine, Stanislas, Stéphane, Olivier, Michel et semblent, en nous racontant le travail à l’abattoir, témoigner d’une sorte de front de guerre insensé et irréel, d’un monde aussi indescriptible qu’innommable, et pourtant, bien qu’« invisible » aux yeux de ceux qui n’y pénètrent jamais, bel et bien réel puisqu’installé à la porte de nos villes et villages. Ils décrivent ce qui les a conduits à devoir s’y rendre et à n’avoir comme seul choix que de ne plus pouvoir en partir. Disent combien ce travail à nul autre comparable est source de tourments. Il est question de blessures psychiques, de détresse et failles émotionnelles, de distorsions psychologiques, de cauchemars récurrents, de traumatismes, et en creux de tous les non-dits.
En plus des récits des ouvriers viennent s’ajouter la parole de Martial, un ancien agent vétérinaire en abattoir, et celle de Sandro de Gasparo, ergonome de l’activité, spécialiste en santé et travail, qui a participé il y a quelques années à une étude sur les souffrances psychiques des ouvriers en abattoir.
Les images du film ont été réalisées en forêt, qui tient symboliquement lieu de « monde à part » en marge du réel, à l’instar de ce qu’est l’abattoir quand on en décrit l’activité concrète et au vu de la place qu’il occupe au sein de notre société.
A voir en replay? L’Emission « Infrarouge » sur France 2 a diffusé le 30 juin 2020 Les damnés, des ouvriers en abattoir, de Anne-Sophie Reinhardt. Ce replay est disponible jusqu’au 30 août 2020.
Société – 66 min – Tous publics
Anne-Sophie Reinhardt, auteur-réalisateur, a réalisé en 2018 le documentaire « Un monde à part », où Mauricio raconte le monde à part d’une chaîne d’abattage où il fut salarié six années durant pour échapper au chômage : mission quotidienne impossible à effectuer sans dommages psychiques.© Anne-Sophie 1/1
J’ai connu un ouvrier en abattoir, tombé en dépression à cause de son métier. Mais surtout il y a chez ce gouvernement un mépris absolu de la condition animale. Gouvernement dur avec les faibles (les chômeurs, les pauvres, les personnes âgées, les handicapés, et bien sûr les animaux) et doux avec les durs et les haineux.