Hier j’ai dû consoler 4 merveilleuses, brillantes et adorables élèves de 3em en pleurs qui n’ont pas obtenu le lycée avec l’option artistique qu’elles voulaient.
Hier mes collègues ont dû consoler leur professeure principale, moi, en pleurs également.
Voilà comment on traite les enfants dans l’éducation nationale. On leur a dit qu’elles pouvaient demander cette option sélective ( dans un lycée à 5min de notre collège). Mais qu’une commission de profs du lycée sélectionnait les meilleurs dossiers.
Elles ont été sélectionnées. A 17 de moyenne générale. Des lettres de recommandation. Des bulletins depuis la 6em dithyrambiques. Ce n’était que justice.
Mais l’inspection académique s’en est mêlée. Elles ont été retirées de la liste au profit d’autres élèves tirés au sort, sans mérite particulier autre que d’être du secteur… il y a plus d’élèves inscrits en seconde. Le rectorat ne veut pas rouvrir les classes qu’il a fermées il y a deux ans. Les classes à 38, c’est top. Alors ils ont exigé qu’on libère des places. Et donc qu’on défasse la classe faites en excluant tous les jeunes pris qui n’étaient pas du secteur. Et qui ne voulaient pas de cette option.
Un jeu truqué , dont les règles changent en cours de route. Voilà ce qu’est l’affectation en fin de troisième avec la réforme du lycée. On m’a menti, moi qui étais professeure principale de 3em pour la première fois. Et j’ai donc menti sans le savoir aux élèves. Leur voyage scolaire a été annulé. Leurs projets, annulés. Le brevet et l’oral, annulés. Puis le confinement. Elles ont bossé dur quand même. Pourquoi?
Chers parents, trichez. Faites des domiciliations chez des proches. Le mérite et l’envie ne comptent plus pour rien dans ce pays. Et cela commence à l’école.
École bienveillante, mon cul.
Enseignante, féministe universaliste, Fatiha Boudjalhat est essayiste.
Ce pays est devenu une ruine.