Michel Rosenzweig. La tyrannie comme horizon politique contemporain

Platon  et Aristote dans L’Ecole d’Athènes, fresque de Raphaël  ( 1509-1510 )

La France, quoique certains en pensent, est bien gouvernée par la république des juges avec à sa tête un tyran sociopathe dépourvu d’empathie, chef et gourou d’un mouvement dégagiste sorti de nulle part, une république qui ressemble à un régime tyrannique soutenu et alimenté par la fabrique médiatique de l’opinion et du consentement.

Ce qui est en question n’est pas la responsabilité ou la culpabilité de François Fillon que personne ici n’est habilité à juger, mais bien la célérité de la procédure, son timing et la sévérité des sanctions qui démontre une fois de plus qu’il existe une justice à plusieurs vitesses en France, les exemples de délits et même de crimes laissés impunis ou trop légèrement sanctionnés ne pourraient pas remplir l’espace qui m’est réservé dans cette tribune.

L’affaire Sarah Halimi à elle seule en fournit une formidable illustration: un criminel assassine sauvagement une vieille personne au seul motif qu’elle est juive et le coupable n’est pas renvoyé en Cour d’Assises après expertises psychiatriques concluant à l’abolition du jugement due à la consommation de cannabis.

Il n’est par conséquent pas exagéré du tout d’évoquer la figure du tyran contemporain pour décrire la figure du Président actuel de cette cinquième république.

En effet, le tyran, terme issu du grec ancien τύραννος / túrannos, signifiant maître, roi, désigne dans l’Antiquité un individu disposant d’un pouvoir absolu, après s’en être emparé de façon illégitime, comme dans cette affaire Fillon, candidat éliminé par la force judiciaire, le seul qui était en capacité de faire face au candidat Macron et qui avait des chances de l’emporter. Entre les deux adversaires, Fillon et MLP, c’est le meilleur qui fut éliminé afin de susciter un vote contre et non un vote pour.

Or, le tyran, ne l’oublions jamais, sans abolir les lois, se place au-dessus d’elles, c’est le désormais fameux « l’émotion prime sur la loi » de Castaner.

Le Tyran est légal mais illégitime, il s’appuie sur les lois pour abuser de son pouvoir.

Chez Platon (La République) comme chez Aristote (La Politique), la tyrannie est décrite comme un régime qui cumule les vices de la démocratie et ceux de l’oligarchie, en raison de l’amour du tyran pour les richesses et de son hostilité à l’égard du peuple qu’il désarme et asservit. Nous y sommes.

Ce régime se caractérise par son arbitraire, le tyran étant « celui qui, dans la cité, exerce son autorité selon ses propres vues » (Platon)

Mais un tyran n’est pas un despote pour autant.

Le tyran oeuvre pour ses seuls intérêts et non pour le bien commun, la Res Publicae en se servant de ses sujets tandis que le despote agit comme le père de la patrie, se comportant en père de famille pour le bien de ses sujets.

Entre la tyrannie et le despotisme (éclairé ou non), la frontière est celle définie par la nature de la légitimité de l’exercice de l’autorité par un seul homme.

Alors que le tyran s’emploie à respecter la loi et à l’utiliser pour accroître ses pouvoirs (démarche perverse), le despote exerce son autorité et son pouvoir sans le concours de la loi en régnant avec un pouvoir politique absolu et arbitraire fondé sur le religieux et la crainte.

Deux formes de légitimité de l’autorité, l’une fondée sur le respect de la loi civile et de la constitution, la tyrannie, et l’autre fondée sur une légitimité de droits divins absolus. L’un se sert de la loi pour ses propres intérêts, l’autre entend l’incarner seul pour servir les intérêts de ses sujets.

La démocratie telle que nous l’avons connue est morte, diluée dans une forme de tyrannie contemporaine, une république médiatico-juridique, celle des minorités et de l’état profond agrégés autour de leur maître, leur túrannos, dans un mélange d’oligarchie et de démocratie crépusculaire où le peuple, le « démos » est désormais contraint de se soumettre ou de se démettre. © Michel Rosenzweig

Photo: Tableau de Raphaël: Platon à gauche, main et index levés désignant le ciel des idées, l’esprit,comme réalité première (idéalisme) à droite Aristote main tendue vers le bas désignant le monde matériel comme réalité première (matérialisme)

Michel Rosenzweig

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