
Bon
Dimanche
Le désespoir s’accroche à mes cheveux comme une chauve- souris à sa branche…
Vous avez vu la date?
Dimanche 28 juin
Ça vous rappelle quelque chose?
Eh oui!
Élections municipales.
Abstention record annoncée.
Les maires réélus sont installés.
Les autres , bof…
Ben et nous?
Nous, les Parisiens ?
Paris défigurée, Paris, pleine de saleté, Paris, massacrée, et Paris enchaînée…
C’est l’été, il fait beau, les mecs sont en short, la ville a sorti sa palette estivale, le déconfinement a soulagé les cœurs et les corps, les vélos ont fleuri comme des coquelicots dans un champ léché de soleil.
Alors les vélocipédistes ont dit waouh, Elle a étendu les pistes cyclables, elle va faire pousser du gazon sur les Champs Elysées, installer des Charolaises sur le périphérique et des bouquetins joyeux sur les extérieurs, va construire des moulins à la place des prisons, ouvrira les voies de bus aux tracteurs, et la Rue de Rivoli aux tondeuses, Elle va faire pousser du blé sous la Tour Eiffel et du basilic boulevard St Germain, des patates rue de Varenne et des laitues dans l’île st Louis, va rouvrir Notre Dame aux SDF, autoriser la croissance des terrasses sauvages, interdire la circulation les jours pairs ET les jours impairs, fermer les stations d’essence et les remplacer par des marchandes de quatre saisons bio, peindre les bus en vert Véronèse, et remonter en triomphatrice les Champs Elysées dans une voiture découverte comme un empereur africain plébiscité par une foule en liesse qui ignore jusqu’à à son nom, terminant à pied sa marche orgasmique pour recevoir les bouquets des petites filles débitant un compliment en bégayant d’émotion.
Ah !!
Un grand jour, ce 28 juin!!
Bien sûr, par les soins de cette magicienne investie d’un pouvoir céleste, Paris échappera aux frimas, à la neige, fleurera la lavande et les vélos continueront de rouler à contresens tandis qu’on observera avec attendrissement la course des ratons slalomant au milieu des immondices propres à rendre à la ville son aspect campagnard qui plaît tant aux aux fermiers en herbe de l’est parisien.
Les poussettes, les chaises roulantes, les banlieusards venus offrir leurs forces vives aux entreprises parisiennes, les zagés, les fatigués, les malades, les porteurs de valises, de gros sacs, les infirmières, les soignants , les médecins: tout le monde à bicyclette, les culs jatte sont les seuls dispensés, les manchots possèdent un bras suffisant , les sourds muets et les crétins peuvent pédaler…
Griveaux a perdu la main, enfin on sait bien où, Dati ne truffe ses discours que de voyelles car les consonnes endommagent son lifting tout frais, et Buzyn soigne son arrière-train endolori par l’empreinte de l’élégant mocassin de Macron.
Alors oui ce ne sont que vétilles parisiennes qui laissent de glace une France exsangue, mais tout de même, amis de France et de Navarre, un peu d’empathie pour vos con-citoyens soumis à la dure loi du suffrage universel , enfin le protocole des grands électeurs en l’occurrence nous réchaufferait un peu le cœur en ce jour de défaite de la raison et du bon sens.
Je vais arrêter là mes giries dominicales, vous m’aimez gaie et pleine d’entrain, après tout ce ne sont que six ans d’une traversée à la rame sous le bâton d’un argousin multipotent .
Qu’est-ce que six ans?
Que cette journée signe les joies des pique-niques arrosés dans les parcs et les forêts fleurant l’herbe et le humus.
Je vous embrasse