Quand j’arrivai à Paris en 1972 pour intégrer le CNSM de Paris, l’école française de violoncelle était emmenée par des maîtres comme André Navarra, Maurice Gendron ou Paul Tortelier. Des sons et des figures radicalement différents se confrontaient là, mais peu de successeurs apparaissaient.
Autant les années de guerre avaient formé de véritables combattants de la musique, autant l’excellence se diluait dans une offre de travail conséquente et généralement correctement rémunérée. Le Conservatoire se dota d’un cycle de perfectionnement qui permit à quelques brillants sujets de poursuivre leurs études au delà des challenges qualifiants de l’instrument, bénéficiant de l’enseignement des grands solistes de passage à Paris, Starker, Szigety, Gingold, etc.
Après l’obtention du « Premier Prix de Paris », la voie professionnelle s’imposait, sauf pour quelques élèves issus de bonnes familles.
C’est ainsi que l’on put voir apparaître, enfin, en Frédéric Lodéon, un artiste brillant, sympathique et aventureux.
Arrivé à Paris dans ces années là, j’ai connu un jeune adulte fêtard , de ceux qui dévorent la vie, mais sont en challenge permanent.
J’ai eu la chance de faire partie de cette joyeuse bande de fêtards, qui se rejoignait à la fin des cours d’escrime de Maître Lacaze, avec Renaud Gagneux, et d’autres et ne se quittait qu’au petit matin.
Au fait y a-t-il encore des cours d’escrime au conservatoire? Ces cours initialement étaient destinés aux élèves de chant lyrique devant un jour ou l’autre tenir une arme pour un rôle.
Frédéric rejoignait à l’aube sa cave de travail rue Portalis en expliquant qu’il avait 15 jours pour monter le 2ème concerto de Jolivet.
Puis ce furent les concours internationaux Maréchal et Rostropovitch dont il ravit les premiers prix.
On le vit ensuite régulièrement en télévision avec ses comparses, Collard et Dumay.
Soutenu par Mstislav Rostropovitch, il enchaînait les concerts en soliste sur tout le globe, US compris, et, donnait quelques cours au conservatoire de Bourg la Reine pour pouvoir bénéficier de la sécurité sociale.
Les grands violoncellistes solistes français étaient de plus en plus défaillants, le coeur de l’un, un accident de voiture pour l’autre, une année sabbatique pour un troisième; il dut donc en plus de sa carrière, assumer des suppléances éreintantes .
Le jour où il décida de passer à autre chose, c’est à dire de ne plus jouer de violoncelle, et de glorifier la musique par d’autres voix, j’étais abasourdi.
Tous ceux qui ont entendu ses enregistrements savent que sa voix, au violoncelle, était unique et sincère. Son interprétation de « Tout un monde lointain » est longtemps restée ma référence.
C’est cette même voix qui a séduit le public radiophonique pendant 28 années.
Je l’ai sollicité il y a quelques années pour témoigner son amour de la musique au Violon sur le Sable , sur la plage de Royan. Son émission de rentrée commença par une évocation des émotions qui l’y ont assailli et une invitation à saisir toutes les occasions de s’y rendre. Répétant son invitation au début de nombreux étés, il a créé un lien durable entre un public de radio et la réalité du concert.
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Pour info, Frédéric Lodéon va présenter aujourd’hui dimanche 28 juin son dernier “Carrefour de Lodéon“.
Violoncelliste français, Premier Prix au Conservatoire de Paris, Jean-Philippe Audin a collaboré avec Sir J.E. Gardiner, Johnny Hallyday, Didiber Lockwood, William Sheller ou Pierre Boulez.
En quatuor ou en soliste, Jean-Philippe Audin poursuit dans les plus prestigieux des festivals une carrière, et va de salles de concert aux studios pour la publicité, le cinéma et la chanson.
“Dès le premier effleurement, fasciné par son chant, je sus que je ferais ma vie avec le violoncelle”.
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