Les dernières frappes en Syrie contre de nombreuses bases militaires iraniennes prouvent que l’Iran a étendu son rayon d’action et les milices chiites sont bien omniprésentes dans le pays de Bachar el Assad. Ces raids sont les plus vastes et les plus destructifs depuis la décision stratégique israélienne d’éviter, par tous les moyens, une présence iranienne en Syrie et un acheminement d’armes sophistiquées au Hezbollah libanais.
Cette politique approuvée fortement par Washington n’est pas non plus désavouée par Moscou. La Russie contrôle l’espace aérien syrien mais « laisse faire » grâce à une entente tacite entre les états-majors.
Nous constatons que les centaines de frappes et l’élimination du général Kassem Soleimani n’ont pas provoqué à ce jour des affrontements le long de la frontière Israélo-libanaise, ni sur le plateau du Golan. L’Iran et la Syrie n’ont pas non plus lancé des représailles, mais Tsahal a préféré redoubler la vigilance et de prendre toutes les mesures préventives.
Sur le terrain, la place vacante de Soleimani est prise par Nasrallah. Devant le risque d’une nouvelle guerre civile au Liban provoquée par une crise socio-économique et gouvernementale sans précédent, le chef du Hezbollah dirige actuellement une politique de retenue. Cependant, dans son bunker à Beyrouth, sans voir un rayon de soleil, le chef de la milice chiite ronge nerveusement son frein. L’imam qui fait la pluie et le beau temps dans le pays du Cèdre est aussi capable avec le soutien et le feu vert de Téhéran de provoquer une nouvelle guerre contre Israël. Ces récentes menaces ne sont pas nouvelles et prouvent une situation périlleuse, mais également un désir ardent de prendre une éclatante revanche sur les grands coups encaissés lors de la guerre déclenchée en été 2006.
Toutefois, les dernières tentatives de l’Iran d’attaquer des infrastructures stratégiques et vitales comme l’eau sont bien inquiétantes. Le numérique est devenu une arme incontournable et le nerf de la guerre se situe désormais également sur Internet. Depuis 2010, Américains et Israéliens mènent des attaques informatiques ponctuelles très efficaces mais les Iraniens sont aussi capables de nous surprendre.
Voilà déjà six mois que les Ayatollahs pleurent l’élimination de Kassem Soleimani. La mort spectaculaire du grand stratège de la brigade el Qods a certes freiné l’hégémonie iranienne et la « conquête de Jérusalem », mais n’a pas stoppé les ambitions des Gardiens de la révolution de s’installer en Syrie et en Irak, de poursuivre le combat contre Israël, les Etats-Unis et l’Arabie saoudite et surtout de se doter de l’arme nucléaire.
L’Iran traverse plusieurs crises et les Ayatollahs sont à la recherche d’un second souffle. En raison des sanctions paralysantes et la pandémie du coronavirus l’économie est au bord du gouffre. Cette situation catastrophique ronge tous les domaines de la société. L’affreux marasme socio-économique risque d’alimenter la hargne et la grogne et de relancer les manifestations contre le régime islamiste et par conséquent de violents affrontements. Plongé dans le désespoir, le peuple iranien a ras le bol de toutes les interventions hors du pays et du lourd tribut qu’il paye depuis plusieurs années pour satisfaire des ambitions hégémoniques et le projet nucléaire.
Pour l’heure, le régime islamiste demeure inébranlable car les pasdarans détiennent le trousseau des clefs du pouvoir. Au mois d’octobre prochain, l’embargo sur les armes expirera. Les Américains exigent une nouvelle longue prolongation pour empêcher l’Iran de se doter d’un nouvel armement, mais ils se trouvent seuls face à la Russie et la Chine et devant la valse-hésitation des Européens.
Les Iraniens poursuivent leur politique en détournant les sanctions par la ruse, en fournissant clandestinement du pétrole, et en dissimulant des sites nucléaires tout en refusant une vraie inspection de la Commission internationale de l’Energie atomique. L’AIEA vient d’ailleurs de tirer sur la sonnette d’alarme et les services occidentaux préviennent que l’Iran s’achemine impunément vers la fabrication d’une première bombe atomique.
Les Ayatollahs suivent de très près la campagne des élections présidentielles américaines en souhaitant vivement une défaite de Donald Trump. Un retour de Joe Biden à la Maison Blanche en janvier prochain sera pour les Iraniens un vif soulagement.
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