Pierre Saba – Incapacités au sommet de l’Etat

Chacun l’aura saisi, les manifestations en France autour du décès de Traoré constituent un subterfuge parfaitement orchestré.

Les mouvements de foules surviennent quatre ans après les faits. Ils suivent en revanche immédiatement les manifestations aux Etats-Unis condamnant l’assassinat raciste de Georges Floyd.

Les visages de George Floyd et Adama Traoré peints sur une fresque à Stains. • © F3IDF

Le calque de Traoré sur celui de Floyd consiste à démontrer un prétendu caractère raciste du décès de Traoré à l’instar de celui réel de Floyd. La similitude est factice. Le caractère raciste du décès de Traoré ne parvient toujours pas à être démontré. D’autant que deux des trois agents interpellants de Traoré étaient noirs. La remorque Traoré sur le moteur Floyd tend à pallier l’absence de preuve raciste. Le mode opératoire consiste en deux pans. D’une part, manipuler l’Opinion française. D’autre part, assembler frauduleusement, par idéologie, des éléments épars et contraires aux faits entre Traoré et Floyd.

Les Traoré sont connus des services de Police. Ils participent aux mouvements identitaires et racialistes noirs qui visent à la réactualisation de la société française et l’abolition de la démocratie républicaine. Les déclarations-Traoré de 2018 en manifestation sont à cet effet percutantes et consultables ad libitum.

En rappelant à l’ordre ses propres troupes et en prosant sur la supériorité de l’émotion sur la Loi, le ministre de l’Intérieur s’est montré impertinent, ignorant des faits, de la Constitution et de ses responsabilités.

En invitant à son ministère les Traoré, la garde des Sceaux a créé un précédent fondé sur l’injustice et l’appui au désordre antirépublicain et anti-démocratique.

Par ses tentatives de rectifications tardives, et par le maintien des deux ministres incapables aux yeux des lois organique et parlementaire, le chef de l’Etat a manqué à tous ses devoirs. Il a ainsi consacré les thèses des Traoré et les impérities de ses deux ministres.

La peur, celle du peuple notamment, est mauvaise conseillère pour un ministre, un gouvernement, un chef d’Etat. C’est au contraire la concorde qui doit gouverner et présider au dessein d’une nation.

Ce nouvel épisode de violences et de manipulations contre la société démocratique a été incroyablement appuyé par l’autorité publique au nom des faits et au mépris de la Loi. Il consacre définitivement la stupéfaction du peuple face à ces pratiques et ces usages non conformes.

Nul ne peut imaginer, précisément, les sentiments d’injustice et de colère ressentie par les citoyens français juifs et républicains face à ces manigances. Ultraminoritaires dans le pays, ils subissent depuis des années des crimes et délits ciblés parmi les plus importants de France. En dépit des preuves apportées, ils éprouvent les difficultés les plus rudes à faire admettre le caractère antisémite.

Nul doute que les conséquences antiparlementaires, anti-démocratiques, anti-égalitaires ne tarderont pas à se manifester de façon profonde et néfaste dans le paysage public et politique du pays.

Déjà, quelques heures après ce piteux épisode, la ville de Dijon a été le cadre d’affrontements qu’il faut bien désormais s’habituer à qualifier d’inter-ethniques.

Trop tard, trop peu, trop mal, trop injuste, trop couard, tel est le bilan de la réaction publique à la manipulation nationale autour des Traoré. Ni l’indigénisme (supériorité d’un peuple sur un autre en divisant la communauté nationale), ni le racialisme (problématique raciale des questions nationales) ne sauraient constituer une optique pour la France ni pour les libertés publiques. Le comportement de l’Exécutif dans ce dossier aide hélas les intérêts particuliers et séparatistes au détriment de l’intérêt général.

L’élection aux charges de l’Etat est fondé sur les choix politiques. Il conviendrait désormais d’y adjoindre la capacité des élus d’assumer leurs responsabilités.

Pierre Saba

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3 Comments

  1. Au regard des lois républicaines, l’existence même de l’extrême droite indigéniste est illégale. Ses agissements (incitation à la haine raciale, apologie du crime raciste, du terrorisme voire du génocide etc…) constituent des délits très graves mais jamais sanctionnés. La France n’est donc plus un Etat de droit depuis 2005. Le fait que des crimes racistes, antisémites ou pas, soient médiatiquement et judiciairement étouffés complète le tableau. Vichy nouvelle tendance.

  2. La ficelle est vraiment très très grosse. C’est bien de le démontrer, c’est bien de le dénoncer. C’est bien aussi de démontrer et dénoncer les incompétences -ou le désir de démolition, on est en droit de se poser la question – jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Mais au-delà de cela, notre démocratie n’a-t-elle pas les moyens d’empêcher l’arrivée aux responsabilités de personnes incompétentes ou malveillantes ? Et dans le cas présent notre démocratie n’a-t-elle pas les moyens de mettre ces personnes hors d’état de nuire ?

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