C’est un paradoxe : grâce à l’hypocrisie incommensurable et aux mensonges d’une institution et d’une administration qui nous prennent pour des clowns alors que ce sont leurs représentants qui le sont, je retrouve un peu de l’énergie qui me fait défaut, traitement contre la dépression oblige.
4 heures de langues anciennes… 4 heures pour apprendre 2 langues…
J’ai appris hier, par une collègue de confiance et qui prenait des nouvelles de ma santé encore chancelante, que ce n’est pas neuf heures ( horaire légal ), ce n’est pas six heures de langues anciennes que les élèves de Seconde, Première et Terminale devront se partager en 2020-2021, mais quatre heures.
Quatre heures pour apprendre deux langues, découvrir deux cultures, deux histoires et des dizaines d’auteurs dans un programme déjà délirant quand on a trois heures par niveau.
Quatre heures pour dépasser le petit, tout petit niveau intellectuel et culturel que peuvent avoir les jeunes gens d’aujourd’hui, maltraités par une institution qui prône la bienveillance et décourage ceux qui veulent apprendre.
Quatre heures sur les neuf qui sont prévues dans les Instructions officielles pour accomplir le programme, quatre heures alors que le chef d’établissement jure de défendre et de protéger les élèves qui choisissent l’étude du grec et du latin, qui choisissent de se cultiver et qui ont des projets sérieux pour de longues études ou une orientation particulière.
Quatre heures alors qu’on m’a assuré que j’aurais six heures, ce qui était déjà une catastrophe après dix ans de combat pour récupérer les neuf heures dues aux élèves…
Quatre heures pour trois niveaux différents et trois programmes différents.
Je me suis d’abord mise en colère mais devant tant de mépris et de lâcheté, devant cet abandon de toute idée de vrai progrès humain ( parce que ce n’est pas la seule option qui va disparaître, mais je parle de ce qui me concerne parce que personne d’autre ne le fera ), ce n’est plus la colère qui domine mais une grande lassitude, un dégoût immense et un mépris sans fin pour une Institution et des « personnels de direction » qui, non contents de nous maltraiter et de nous harceler, jouent sans vergogne avec l’avenir d’enfants qui ne sont pas les leurs.
Depuis quelque temps, sans doute à cause du harcèlement professionnel que je supporte, à cause de l’usure de la lutte aussi, mais surtout devant l’incapacité du Ministère à gérer la crise dite du ou de la covid (?), devant l’irrésolution, les erreurs et errements, les ratages et les mensonges innombrables d’un ministère qui communique plus sur BFMTV, Konbini ou Gala que sur le Bulletin officiel de l’Éducation nationale, je me sens de moins en moins concernée par tout ce qui se passe et ce qui peut m’arriver dans une profession qui n’a plus rien à voir avec celle que j’ai choisie il y a quarante ans.
Évidemment, la grande lâcheté d’un grand nombre de mes collègues n’est pas pour rien dans ce dégoût et ce mépris rampant, mais je continue, un peu malgré moi, à leur trouver des raisons d’être apeurés par la condition qui leur est faite dans les établissements, à défaut de justifications.
Bien sûr, l’âge et la difficile adaptation à un monde qui n’a plus rien à voir avec celui dont je rêvais et celui que j’ai connu sont aussi des raisons de cette indifférence commençante.
Mais ce sont surtout l’impéritie, le manque de réflexion et l’inhumanité qui règnent partout depuis un moment, en résumé la nullité de tous ceux qui se croient de grands décideurs et de grands spécialistes, qui m’aident à ce détachement indispensable.
Je vieillis.
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