La saison 3 de cette série choc sur le conflit israélo-palestinien débarque sur Netflix. Toujours aussi efficace et addictive.
Fauda (chaos en arabe) résume l’histoire d’une série israélienne à succès qui, en cinq ans, a cumulé prix et récompenses, décrochant une huitième place dans le classement des trente meilleures séries du New York Times. Tourné pour moitié en arabe, ce programme « chaotique » a fait couler beaucoup d’encre, a provoqué une campagne de boycott pour « propagande raciste qui sert l’armée d’occupation israélienne et montre l’agression contre le peuple palestinien », mais a reçu le soutien des caciques de Hollywood, qui y voient « une représentation nuancée des problèmes liés au conflit israélo-palestinien (… ), permettant d’expérimenter des points de vue différents ».
En développant l’histoire d’agents israéliens infiltrés parmi les djihadistes des environs de Ramallah, les créateurs de Fauda, Lior Raz (qui s’est donné le rôle principal de l’agent Doron Kavillio), le journaliste Avi Issacharoff, spécialiste du conflit israélo-palestinien, et le scénariste Noah Stollman (auteur de la minisérie israélienne Our Boys), n’ont pas esquivé ce sujet brûlant ni les dégâts, les fractures qu’il engendre au sein des familles, israélienne et palestinienne. Bien au contraire. Seul parti pris : coller au plus près non pas à l’actualité mais à la réalité, jouer habilement entre les deux camps qui s’opposent, inventer des personnages entiers, écartelés entre leur devoir et leurs sentiments. On assiste à un mélange bien dosé d’action pure et de drame psychologique dans lequel se débattent juifs et Arabes, flics et terroristes impliqués dans une guerre sans merci où les retournements de situation sont nombreux des deux côtés des check-points.
Après deux saisons chocs, la troisième débarque ce mois-ci sur Netflix, toujours aussi violente et addictive. Dans la saison 1, Doron et ses agents traquaient, en Cisjordanie, un combattant du Hamas, « la Panthère ». Dans la deuxième, l’adversaire était Daech à travers un militant de l’État islamique venu en Palestine venger la mort de son père, le cheikh Awadalla. Cette fois, l’ennemi et le danger se concentrent sur un point névralgique : Gaza. Où, selon un personnage, « tout peut très vite très mal tourner. ». Doron y est infiltré sous la couverture d’un entraîneur de boxe arabe israélien qui s’occupe de Bashar (Ala Dakka), un jeune athlète palestinien prometteur dont le père, djihad ( Khalifa Natour), doit sortir de prison après une peine de vingt ans de réclusion. La complicité virile entre les deux hommes est réelle. Combien de temps pourra-t-elle durer et à quel prix lorsqu’on apprend que le cousin de Bashar est un chef du Hamas activement recherché par le Shin Bet ? D’où la tension extrême et le suspense qui vont se développer au fil des douze épisodes lorsque Doron va devoir faire des choix humains difficiles en risquant sa peau et celle de ses hommes. Ce n’est pas un super-héros, juste un agent infiltré qui accomplit sa mission, rebelle comme il se doit avec sa hiérarchie. À ses côtés, une bande d’agents soudés, rompus au combat et prêts à tout sous le commandant d’Hila Bashan (Marina Maximilian Blumin), la nouvelle cheffe du bureau de Gaza au sein du service de sécurité.
Sans manichéisme ni morale
Carrure de molosse, regard déterminé et caractère ombrageux, Doron/Lior Raz est une force qui fonce, toujours dans le ton juste, le bon registre dans ce rôle d’agent confronté à tous les dangers du terrain, pris dans l’engrenage d’une violence impossible à maîtriser, empêtré dans des sentiments contradictoires, le doute, la détermination, la culpabilité, et cette poisse qui parfois lui colle à la peau. C’est lui qui donne sa dimension dramatique et son rythme soutenu à cette série qui a de faux airs de 24 heures chrono ou de Heat, le thriller de Michael Mann, même si l’acteur et scénariste avoue s’être surtout inspiré de son expérience personnelle. Celle de son service militaire, au début des années 1990, lorsqu’il a intégré Duvdevan, cette unité d’élite destinée à se fondre dans la nébuleuse terroriste palestinienne.
Autant dire que le juif arabe Lior Raz – fils de réfugiés juifs irakien et algérien – connaît son sujet et ses adversaires, certes des terroristes à ses yeux, mais présentés avec un visage, en famille ou en action, et dont on peut comprendre « les motivations et les sentiments », dit-il. Une position qualifiée d’ambiguë par certains, mais qui évite les pièges du manichéisme, de la haine, de la morale. Il s’agit de montrer une communauté de destins entre deux camps qui partagent souvent la même culture mais se déchirent, condamnés à la violence et à la peur, sans solution de paix.
Pour accentuer la tension dramatique de la série et l’atmosphère particulière et anxiogène de Gaza, le tournage de Fauda s’est déroulé dans une base militaire sur laquelle techniciens et acteurs ont travaillé. Une manière pour les scénaristes de coller au terrain, de développer leur regard sur la société palestinienne prise en étau entre le poids de la religion et les forces israéliennes – et forcément révoltée.
Succès en Israël et dans les pays arabes
Série d’action par excellence, Fauda ne lâche pas une seconde le spectateur, impliqué non seulement dans ce conflit désespérant mais aussi dans la vie quotidienne des personnages, dont on partage les sentiments et les traumatismes, les rires et les cauchemars, les espoirs et les échecs, parfois le deuil. Cette façon de mixer le spectaculaire et l’intime, de mêler le bien et le mal, de dévoiler l’humanité des meilleurs ennemis, de secouer et d’explorer la haine qui les anime donne toute sa force à cette série grand public qui n’exclut pas une approche nuancée des deux camps. Le jeu – parfois un peu balisé – des acteurs et la réalisation efficace de Rotem Shamir font le reste. Cette volonté d’unir le fond et la forme explique aussi son succès inattendu, non seulement en Israël mais dans les pays arabes, et qu’elle soit, paraît-il, appréciée par Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne. Elle témoigne aussi de la vitalité de la production israélienne (environ 250 heures de programmes originaux par an), gros fournisseur de séries du marché américain, à l’instar de Hatufim devenue Homeland aux États-Unis. Et, avec Fauda, on ne change pas une formule qui marche. La fin de la saison 3 laisse déjà entrevoir une quatrième tout aussi captivante et dramatique.
« Fauda », disponible sur Netflix.
Source : lepoint.fr, Jean-Luc Wachthausen
c’est une série vraiment exceptionnelle ; j’ai tremblé pour les israeliens le Shin bet qui combat le terrorisme palestinien ces hommes et femmes qui mettent leur vie en jeu et qui meurent pour la Terre Sacrée d’ Israel, j’ai même été tellement terrifiée que je me suis dit que je n’y arriverai pas. A aller jusqu’au bout je veux dire ;Fauda,il faut voir cette série .