Au cœur de la campagne présidentielle de 2017, j’ai rappelé, comme beaucoup de juristes, un point technique qui signait sans aucune ambiguïté possible, une instrumentalisation giganteque et flagrante de l’affaire Fillon, qui a mené au torpillage en règle de l’élection présidentielle. Aucun avocat, aucune autre partie n’était en mesure de violer le secret de l’enquête préliminaire déclenchée à la hâte par le Parquet National Financier. Seuls les membres de ce parquet, les officiers et agents de police judiciaire qui les secondent et le pouvoir en place via les notes du Parquet, avaient alors accès au dossier. Partant de là, il était donc évident que les multiples violations du secret de l’enquête, ne pouvaient être que le fait du pouvoir. Car sauf à imaginer qu’un magistrat ou un policier prenne seul, sans garantie, d’initiative le risque de commettre contre un potentiel président de la République, le délit prévu et réprimé par l’article 226-13 du Code pénal, et donc mette instantanément fin à sa carrière, on ne fuite pas un dossier aussi sensible et lourd de conséquences, sans être couvert au plus haut niveau. Deux possibilités restaient donc en lisse : une fuite par le pouvoir lui-même, ou une fuite sur ordre du pouvoir. C’était évident. On se rappelle alors des cris d’orfraies des macronistes et des hyènes de compétition hurlant en coeur avec la quasi totalité des médias au 《 complotisme》.
Eliane Houlette confirme aujourdhui ce que nous savions et son propos déshonore l’institution de la Justice. Il y a non seulement eu des violations en bande organisée de la Loi, mais aussi des pressions pour temporaliser, au bon plaisir des adversaires politiques de François Fillon, une enquête qui n’appartient qu’au Peuple et à la République.
Il sagit d’une véritable privatisation de la Justice, qui passe par le détournement d’une enquête au profit des intérêts bien compris de quelques-uns. Et cette privatisation de la Justice par des pressions exercées à l’endroit du Parquet, doublées de fuites grossières et augmentées par une enquête rocambolesque dont personne, sauf les plus avertis d’entre nous, n’a encore idée, a conduit à confisquer aux Français une élection capitale qui a accouché depuis 3 ans d’un monstre politique qu’on appelle pompeusement le 《macronisme》.
Tout ce que nous vivons depuis 3 ans, nous le devons à ce dévoiement total et multiple de politiques, de médias et de magistrats. Quelles que soient au reste notre conviction sur la culpabilité de François Fillon et nos convictions politiques en général. Pas un seul des lamentables moments que nous endurons n’est étranger à l’opération anti- démocratique et illégale qui a tué politiquement celui qui avait toutes les chances de devenir président et surtout, de permettre à l’ensemble des formations politiques, y compris (et surtout, ai-je envie de dire ) de gauche, d’échapper à la prise en otage permanente du débat démocratique que nous subissons.
Cette affaire est sale. Mais en quelque sorte il y a pire : elle continue. L’incroyable impunité avec laquelle politiques, journalistes, magistrats, ont participé à ce torpillage en règle d’une élection présidentielle se poursuit. Dans une Démocratie digne de ce nom, une commission nationale et indépendante aurait depuis longtemps traqué et puni l’ensemble des protagonistes des délits commis à l’occasion de cette affaire. Quel que soit le sort ultérieur de François Fillon.
On peut ne pas aimer Fillon, ne pas être de droite et même, penser qu’il ne méritait pas d’être élu président. En revanche, on ne peut pas, d’un autre côté, tolérer qu’on porte de la sorte atteinte aux Lois de la Republque dans l’unique dessein de noyer le débat et le suffrage souverain des Français. On ne peut pas, dans le même temps, trouver parfaitement normal que Richard Ferrand se maintienne au sommet de l’État. Que le même PNF refuse d’ouvrir une enquête avant qu’un autre Parquet, sans doute plus indépendant, y consente. On ne peut pas tolérer que l’enquête sur le financement de la campagne de Macron piétine. On ne peut pas davantage accepter la quasi impunité d’un nervis de Macron et des protections dignes d’une République bananière. Jamais l’exercice du pouvoir n’aura été aussi catastrophique et raté, enfant mort-né d’une élection tout aussi catastrophique et ratée. Le deni de Démocratie et le mensonge permanent d’un pouvoir qui ne repose plus que sur la complaisance de quelques médias était prévisible. Nous en sommes là aujourdhui.
Charles Meyer, rien n’a ete rate dans cette election. Il fallait éliminer Fillon pour faire la place a Macron. Opération parfaitement réussie. Immorale et même illégale, oui. Mais réussie. Macron élu par des moyens cyniques, a poursuivi dans le même registre. Et sauf miracle il sera réélu en 2022, a moins qu’il ne laisse le poste a une femme de paille, genre Christine Lagarde. Bien sûr les rêveurs comme moi, fantasment sur MLP se retirant de la course pour laisser la place à quelqu’un susceptible de gagner. Il/elle etant a trouver, dans le marécage de médiocrité actuel.
Attention à la langue française : en lice (et non en lisse); temporiser (et non temporaliser).
Encore une fois merci à TJ de rétablir la vérité et le ressenti de quelques uns, fort peu nombreux et inaudibles il y a 3 ans dans l’euphorie généralisée et surtout irrationnelle, qui avait envahi la quasi-totalité des media, des syndicats, des partis politiques de tout bord (sauf un, bien évidemment), de l’opinion, des vieux et des jeunes, des homos et des hétéros, des blonds et des bruns, des végétariens et des carnivores, j’en passe et des meilleures … Pensez donc : un président jeune, beau et intelligent (disait-on), aux yeux bleus, qui était « en même temps » d’accord avec tout le monde, dont l’égérie était une femme-mère, un président en devenir qui pouvait vociférer pendant de longues minutes des propos incompréhensibles (c’est pour cela qu’on le disait intelligent), un président, dis-je, qu’on n’avait plus eu depuis bien longtemps (depuis Giscard en ce qui concerne l’âge), un président en devenir que le monde entier nous envierait … Trois ans plus tard, voilà où nous en sommes … Et ça pourrait bien durer encore un peu … Cela me rappelle, puisque l’époque s’y prête, le processus intellectuel qui a conduit aux heures sombres de la collaboration il y a 80 ans, comme l’a fort brillamment démontré une récente émission (très tardive) de la 5 dimanche dernier.